Larcher et Braun-Pivet à la manœuvre dans les Yvelines
Selon Le Parisien, « une expérience pilote et inédite est en cours, dans les Yvelines. Depuis la fin de l’année 2024, les élus des différentes composantes des partis de droite modérée et du centre multiplient les réunions en vue de trouver un accord dans les villes de plus de 3.000 habitants de ce département d’Île-de-France. » Voilà donc la nouvelle cause commune qui réunit nos deux présidents d'assemblée : après l'IVG dans la Constitution, la marche contre l'antisémitisme, l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, il s'agit de sauver la peau de LR et de la Macronie dans leur département bourgeois. Et ailleurs ? Certainement : c'est l'ADN de la Macronie, conquérante ou agonisante, que de se renflouer en parasitant LR. Édouard Philippe, l'ex-LR grand transfuge (ou traître) LR et théoricien de la poutre qui bouge encore, n'est-il pas le favori du grand centre pour 2027 ? Mais, toujours selon Le Parisien, « à ce stade, seul le département voisin des Hauts-de-Seine est en train de prendre le même chemin ». Ce qui n'est tout de même pas rien : deux gros départements d'Île-de-France, naguère acquis à la droite, et qu'un parti LR affaibli est en train de brader à une Macronie tout aussi affaiblie. L'expérience est donc bien « pilote », mais pas si « inédite » que cela. Souvenez-vous : il y a un an à peine, pour les législatives, dans ces deux départements franciliens, des accords avaient été conclus entre caciques LR et macronistes : Attal, Bergé et Barrot leur doivent leur siège. Et déjà, à la manœuvre, un certain Gérard Larcher et Pierre Bédier, président du département des Yvelines. Rien de nouveau, donc, sous le soleil des petits arrangements Macronie-LR.
Qu'en pensent Retailleau et Wauquiez ?
Mais évidemment, cela pose toujours l'énorme problème de la ligne politique LR et de la sincérité de ses leaders : soutiens de fait de la Macronie, au gouvernement, à l'Assemblée et dans ces accords plus que locaux, ils ne cessent de droitiser leur discours et de se démarquer d'elle avant chaque échéance électorale, nationale ou interne. Là encore, rien de nouveau, comme le montre la compétition Retailleau-Wauquiez pour la présidence LR (vote les 17 et 18 mai). Retailleau menace régulièrement de mettre sa démission dans la balance. Quant à Wauquiez, il ne cesse de rejeter une telle alliance. Cette semaine, il pourfendait un éventuel accord LR-Édouard Philippe. Et, dans le cas qui nous occupe, il vient également, sur X, de dénoncer « des accords entre chapeaux à plumes sans consultation des adhérents de notre famille politique ».
Marine Le Pen avait, de son côté, dénoncé, sur X, cette duplicité de Laurent Wauquiez sur cette question des alliances, il y a trois jours.
Larcher et LR se trompent d'époque... et d'alliance, même dans les Yvelines
En s'acharnant à se tourner vers le centre macroniste, la ligne LR de Larcher croit retrouver l'antique et rassurante union RPR-UDF et préserver sa respectabilité et son statut de « parti de gouvernement ». Surtout dans des départements franciliens bourgeois réputés réfractaires au vote RN qui fournissent un vivier électoral commun avec la Macronie. C'est là faire une lourde erreur d'analyse. D'abord, il y a ce péché d'insincérité et de double langage, qui a précisément laminé LR. Ensuite, il y a un contresens majeur à vouloir s'allier à une Macronie déclinante. Enfin, le plafond de verre anti-RN, que Larcher pense être un véritable abri antinucléaire dans le cas de ses chères Yvelines et des Hauts-de-Seine, est déjà nettement fissuré. Ciotti l'a compris, pas Larcher. Ces territoires que l'on pensait ingagnables pour le RN lui ont donné, en 2024, des progressions historiques : la liste de Jordan Bardella était arrivée en tête dans le département et, comme le notait alors Le Parisien, « Bardella dépasse Larcher… à Rambouillet » ! Et le responsable RN du département Laurent Morin notait : « À l’échelle d’un département qui a toujours été compliqué pour nous, ce résultat est exceptionnel. Lorsque l’on regarde la carte des résultats, nous progressons partout, même dans l’est ! On se rapproche tout doucement de Paris et de la petite couronne. » Certes, l'alliance LR-Macron leur avait sauvé la mise au second tour des législatives, mais la progression du RN demeurait spectaculaire. Gérard Larcher cherche à renouveler le coup, mais à rebours d'une tendance de fond portée par la droite et le RN.