par Philippe Rosenthal
Un tournant brusque s’opère actuellement contre l’Ukraine de la part des États-Unis et de l’UE, aussi. Traversant une crise historique en raison de sa politique hasardeuse et agressive contre la Russie, l’UE se prépare à trahir son engagement envers l’Ukraine avec des droits de douane.
L’UE va durement frapper sur les exports ukrainiens. «L’UE se prépare à appliquer des droits de douane beaucoup plus élevés sur les importations ukrainiennes dans les prochaines semaines, frappant l’économie de Kiev à un moment crucial de sa lutte contre l’agression russe», vient d’annoncer le Financial Times.
«La décision de mettre fin brusquement aux accords commerciaux spéciaux – qui permettaient à la plupart des produits ukrainiens d’entrer dans l’UE en franchise de droits – est intervenue après que la Pologne a mené une campagne pour protéger les agriculteurs du bloc, selon des diplomates», est-il expliqué.
L’UE a déjà conclu un accord de libre-échange avec l’Ukraine, mais elle est allée plus loin à la suite de l’invasion à grande échelle de Moscou en 2022 et a temporairement suspendu les droits de douane restants. Et, Observateur Continental, apprend, donc que «ces accords expirent le 6 juin et que l’UE prévoit de les remplacer par des mesures transitoires pendant que les deux parties mettent à jour leur accord commercial global».
«Mais les diplomates ont déclaré que cette proposition transitoire, récemment envoyée aux États membres de l’UE, réduirait considérablement les quotas de produits agricoles d’Ukraine exemptés de droits de douane», souligne le quotidien anglophone.
Le régime sans droits de douane, mis en place en 2022, s’appliquait à la volaille, au blé et au sucre bon marché d’Ukraine, dont une grande partie transitait par les pays de l’UE en route vers l’Afrique et l’Asie. Mais, cela a mis en colère les agriculteurs d’autres pays de l’UE comme la France et la Pologne. Ces agriculteurs et des politiciens de ces pays ont accusé les exportations ukrainiennes d’avoir fait baisser les prix intérieurs.
«Cette question a dominé la politique polonaise, les gouvernements successifs ayant imposé des interdictions unilatérales d’importation de céréales ukrainiennes, en violation des règles de l’UE. À l’approche de l’élection présidentielle de dimanche, Varsovie a demandé à la Commission de reporter les négociations commerciales très impopulaires avec Kiev afin de minimiser les chances du candidat de l’opposition nationaliste (PiS), Karol Nawrocki», poursuit le Financial Times.
«Le soutien aux Ukrainiens en Pologne continue de baisser», titre Focus ce mercredi cinq jours avant les élections présidentielles, signalant : «L’hostilité envers les réfugiés ukrainiens augmente en Pologne». L’UE, est, donc, obligée de donner des signes en faveur des électeurs polonais pour ne pas perdre un allié puissant dans sa politique antirusse et pro-européenne.
C’est que Karol Nawrocki a dénoncé le président ukrainien dans un entretien à Radio ZET : «Je pense que le président Zelensky se comporte de manière indécente envers ses alliés, y compris la Pologne». Karol Nawrocki a déclaré que «l’Ukraine avait été laissée seule au début de la guerre, ce qui signifie que Zelensky a sous-estimé les grands efforts des Polonais et du président polonais». Il a aussi affirmé que Volodymyr Zelensky s’est comporté «comme un idiot». «L’Ukraine doit nous traiter comme un partenaire, et non comme une filiale», a-t-il martelé.
Karol Nawrocki critique l’UE et il met en garde contre un accord commercial avec l’Ukraine assurant qu’«il ne permettrait pas une situation dans laquelle les agriculteurs polonais, les entrepreneurs de transport ou les propriétaires d’exploitations agricoles souffrent de la concurrence déloyale des entités ukrainiennes».
La situation est, ainsi, vraiment mauvaise pour l’Ukraine. «Le gouvernement ukrainien estime qu’un retour aux conditions commerciales d’avant-guerre réduirait ses revenus d’environ 3,5 milliards d’euros par an», conclut le Financial Times.
source : Observateur Continental