Fermeture administrative temporaire
Suite à la publication de ces images insoutenables, l’association de défense des animaux décide de porter plainte pour sévices graves, actes de cruauté et mauvais traitements auprès du tribunal judiciaire de Melun. A sa suite, la Ligue des Animaux se constitue partie civile dans cette affaire. L214 demande également aux autorités la fermeture de cet abattoir. « Dans ces conditions, l’établissement ne peut en aucun cas être autorisé à fonctionner lors de l’Aïd-el-Kebir du 6 juin prochain » note l’association qui milite notamment pour l’interdiction de l’abattage sans étourdissement, dit également abattage rituel.
Alertée, la préfecture ordonne rapidement la fermeture temporaire de l’établissement. Dans un arrêté de sept pages, le préfet de la Seine-et-Marne dénonce une « perte de maitrise » des conditions d’immobilisation des animaux qui engendre « des souffrances évitables ». Sur la base des images fournies par L214, la préfecture note en effet de nombreux signes de « douleur et détresse » chez les animaux, dus notamment à une « immobilisation insuffisante » ou à des équipements de mauvais gabarit. Autant d’éléments qui conduisent le préfet à suspendre l’agrément de l’abattoir.
Pour espérer reprendre son activité, la société Aminecov, en charge de cet abattoir, devra envoyer son personnel suivre une formation à la protection animale et mettre ses équipements en conformité avec la législation. « Je suis plus que satisfait par cette décision du préfet, note Gilles-William Goldnadel, avocat de la Ligue des animaux contacté par BV. La manière dont les pauvres animaux étaient traités, était scandaleuse. Ce n’est certes pas une fermeture, définitive mais une suspension d’activité qui permettra d’éviter de nouveaux sévices ». Sur la question de l’abattage sans étourdissement, l’avocat se montre moins catégorique que L214. « Je suis très réservé sur l’abattage rituel, mais je ne pense pas que j’irai jusqu’à demander son interdiction. En revanche, je suis favorable à ce qu’on mette en place des contrôles bien plus sévères », explique maitre Goldnadel.
Approche de l'Aïd
A l’approche de la fête de l’Aïd-el-Kebir, principale fête des musulmans qui devrait être célébrée le 6 juin prochain, les associations de défense des animaux ne sont pas les seules inquiètes. De nombreuses préfectures également se retrouvent contraintes d’attirer l’attention des fidèles sur l’importance de « la protection du bien-être animal, la sécurité sanitaire des consommateurs et la protection de l’environnement ». Bien qu’hypocrite - l’égorgement sans étourdissement n’étant pas recommandé pour préserver le bien-être animal - cette préconisation est réellement fondée. En effet, outre les abattoirs agréés qui ont obtenu une dérogation afin de pratiquer l’abattage rituel, chaque année, des abattoirs clandestins sont découverts par les autorités. Si, selon les données officielles, ces abattoirs clandestins tendent à diminuer, notamment grâce à la création d’abattoirs temporaires, autour de la date de l’Aïd, agréés par l’Etat, les forces de l’ordre continuent de découvrir des lieux d'abattage illégaux. En 2023, aux côtes de la police, la Fondation Brigitte Bardot annonçait avoir ainsi sauvé 300 moutons dans des sites d’abattages clandestins. On se souvient notamment des 40 moutons entassés dans un logement social de 12 m2 qui servait d’abattoir. L’année dernière, 374 moutons et chèvres ont été récupérés par l’association, preuve de l’existence toujours réelle de ces circuits d’abattages clandestins. Sur TikTok, quelques comptes proposent également des moutons à des prix défiant la concurrence, sans qu'il n'y ait de traçabilité possible. « Il n’y a plus aucune règle, s’insurge Gilles-William Goldnadel. Contre ces actes odieux, je suis pour la plus grande sévérité. »