A droite, l’opposition est vent debout. Marine Le Pen fustige le pouvoir en place et ses « sept années de gabegie catastrophique ». « Aucune économie sur le coût de l’immigration, des subventions aux énergies intermittentes hors-contrôle, sept milliards de hausse de notre contribution à l’Union européenne, rien sur la bureaucratie à l’hôpital ou dans l’enseignement. » a-t-elle déploré sur X. Pour la députée du Pas-de-Calais, cela ne fait aucun doute : « Si François Bayrou ne revoit pas sa copie, nous le censurerons. »
« Le RN proposera une autre voie »
Alors qu’Eric Woerth, ancien président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, actuel député macroniste de l’Oise, déclarait hier sur Europe 1 que « l’immigration a un coût zéro », Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme, constatait au contraire le poids considérable de l’immigration pour le contribuable français. « Quand vous avez 500.000 personnes qui rentrent par an, faire croire que ça n’a pas de coût voire faire croire que ça rapporte, est une absurdité », réagissait sur France Inter le Monsieur finances du Rassemblement national.
Dans un entretien au Parisien, la triple candidate à la présidentielle a averti : « L’effort fiscal est encore concentré sur deux catégories, les retraités et les classes moyennes, notamment les moins de 45 % des Français qui payent l’impôt sur le revenu. On ne peut pas faire peser les efforts toujours sur les mêmes. » Le Rassemblement national va profiter de l’été pour travailler à l’élaboration d’un contre budget qu’il présentera après la rentrée parlementaire. Les travaux seront dirigés par Jean-Philippe Tanguy.
« Le RN proposera une autre voie avec des pistes d’économies extrêmement claires » assure le député de l’Yonne Julien Odoul au micro de Sud Radio, notamment sur la « réduction du train de vie de l’Etat ». Thomas Ménagé, député RN du Loiret l’assure : des « mesures de justice sociale et fiscale », prenant en compte « la limitation des dépenses sur l’immigration » guideront les choix du RN.
La tronçonneuse de Sarah Knafo
A Reconquête, les chiffres tombent déjà. Sarah Knafo a communiqué une liste de coupes budgétaires qui pourraient faire économiser à l’Etat, donc aux Français, 63 milliards d’euros. Suppression de l’aide publique au développement : 14,827 milliards d’économie; privatisation de l’audiovisuel public : 4,029 milliards; suppression des soutiens publics aux énergies renouvelables : 7,983 milliards; suppression du soutien public à la politique de la ville : 7,971 milliards. Quelques agences mastodontes de l’Etat sont aussi dans son viseur, suppression des ARS (santé), de l’Ademe (transition écologique), de l’ANAH (habitat), du CESE et de l’Arcom : 7,920 milliards économisés « pour que les Français paient moins, tout de suite ».
« Nous revenons à la “corvée” de l’Ancien Régime, quand les paysans devaient travailler quelques jours par an, gratuitement, pour leur Seigneur. Nous, c’est déjà la moitié de l’année que nous travaillons gratuitement pour l’État ! explique l’active eurodéputée qui s’insurge dans une vidéo très relayée sur les réseaux sociaux, contre l’idée de faire travailler les Français le lundi de Pâques et le 8 Mai. Cela fera deux jours de servage de plus, à travailler la moitié de la journée pour l’Etat, pour qu’il puisse financer les humoristes de France Inter, les subventions aux associations d’extrême gauche et l’aide au développement au Sénégal. »
Un groupe de travail chez LR
Les Républicains se trouvent quant à eux dans une situation inconfortable. Son président, par ailleurs ministre de l’Intérieur, doit énoncer ses réserves sur le budget d’un gouvernement auquel il appartient. « Il serait paradoxal d’augmenter les efforts pour les français qui cotisent et de ne pas toucher aux avantages dont bénéficient les étrangers en situation irrégulière ». Sur une ligne plutôt offensive, Bruno Retailleau s’est exprimé par communiqué, puis auprès des journalistes. Il demande notamment « une réforme de l’Aide médicale d’Etat », souhaite étudier « d’autres pistes » que la suppression de deux jours fériés, dénonce le sort des retraités « mis à contribution deux fois à travers l’année blanche et la suppression des 10% d’abattement » et veut aller « beaucoup plus loin que la suppression de 3000 postes de fonctionnaires ». Marine Le Pen a immédiatement taclé celui à qui elle n’accorde pas la moindre crédibilité : « Bruno Retailleau nous ressort le même discours sur l’AME que l’année dernière. Il n’avait rien obtenu et avait, comme d’habitude, capitulé. » Un groupe de travail constitué de députés, de sénateurs et de membres de la direction LR, doit « voir prochainement le jour ».
La bataille budgétaire à droite augure les enjeux des échéances électorales à venir. Que ce soit pour les municipales en 2026, la présidentielle en 2027, sans compter une possible dissolution, synonyme de nouvelles élections législatives, le poids de la dette et la capacité des formations politiques à proposer une ligne budgétaire juste et réaliste, feront en grande partie l’élection. En attendant ces prochains scrutins et une censure qui se profile à grands pas, chacun fourbit ses armes.
Yves-Marie Sévillia
https://www.bvoltaire.fr/budget-2026-sarah-knafo-detaille-63-milliards-deuros-deconomies/