Échos Russes sur le Déclin Impérialiste Occidental
Dans mon précédent article, Guerre et Paix : le Destin de l’Impérialisme Occidental (publié sur Agoravox le 15 juillet 2025), j’ai esquissé les contours d’un empire occidental en déliquescence, miné par une crise économique structurelle, une perte de légitimité culturelle et une dépendance croissante à sa "dernière carte militaire" face à la montée inexorable des BRICS.
Cet impérialisme, porté par les États-Unis et leurs alliés européens, semble condamné à une "mort inéluctable", que ce soit dans la paix d’un effondrement lent ou dans le chaos d’une guerre qu’il provoque lui-même.
Les contradictions internes – dette américaine colossale (33 trillions de dollars, 120 % du PIB), inflation européenne galopante (+20 % sur l’énergie depuis 2022), dédollarisation accélérée (30 % des échanges sino-russes en yuans en 2024) – et la perte de confiance populaire (60 % des Français doutent des médias selon La Croix en 2024) annoncent un crépuscule comparable à celui des régimes fascistes du XXe siècle, bien que les démocraties libérales soient plus résilientes.
Aujourd’hui, trois jours après la publication de cet article, les événements mondiaux confirment cette analyse avec une urgence accrue. Les alliances militaires se resserrent en Occident, tandis que les BRICS, renforcés par l’adhésion de l’Indonésie en janvier 2025 et la candidature du Pakistan, représentent désormais 46 % de la population mondiale et 35-40 % du PIB global (FMI, 2025).
Mais c’est l’article récent du théoricien russe Dmitri Trenin, intitulé "World War III has already begun" (publié le 14 juillet 2025 sur le site du Russian International Affairs Council), qui offre un écho saisissant à mes arguments.
Trenin, ancien directeur du Carnegie Moscow Center et expert en géopolitique, décrit un conflit mondial déjà engagé, non pas sous la forme classique des guerres passées, mais comme une lutte hybride pour la survie de l’Occident face à l’ascension chinoise et à la résurgence russe.
En reliant ses perspectives à mon analyse, ce texte vise à approfondir le destin de l’impérialisme occidental, en soulignant comment sa quête désespérée de domination militaire accélère son propre déclin.
Les Parallèles entre le Déclin Occidental et la "Troisième Guerre Mondiale" de Trenin
Trenin argue que la Troisième Guerre mondiale a débuté de manière diffuse : pour la Russie en 2014 (annexion de la Crimée et conflit en Donbass), pour la Chine en 2017 (guerre commerciale avec les États-Unis), et pour l’Iran en 2023 (tensions avec Israël et sanctions occidentales).
Depuis 2022, l’escalade en Ukraine a intensifié ce conflit, avec des risques nucléaires croissants d’ici mi-2025. Ce n’est pas une guerre territoriale traditionnelle, mais une bataille de survie pour l’Occident, qui déploie des tactiques de déstabilisation économique (sanctions, sabotage), sociale (troubles internes fomentés) et psychologique (propagande) contre un axe Chine-Russie-Iran-Corée du Nord.
Les régions concernées s’étendent de l’Europe de l’Est au Moyen-Orient et potentiellement à l’Asie de l’Est (Taïwan).
Ces idées font écho direct à mon article précédent. J’y soulignais comment l’Occident, confronté à son érosion économique et culturelle, mise sur une alliance anglo-franco-allemande pour une confrontation conventionnelle, évitant l’apocalypse nucléaire mais risquant des pertes massives face aux technologies avancées des BRICS – missiles hypersoniques russes (Kinjal, Zircon) ou chinois (DF-17), imparables par les défenses occidentales actuelles.
Trenin va plus loin en qualifiant ce processus de "guerre mondiale larvée", où l’objectif occidental est d’exclure la Russie de la scène globale, détruire son économie et "résoudre la question russe" avant de s’attaquer à la Chine.
Cela confirme ma thèse d’un impérialisme en déclin jouant sa "dernière carte militaire" : les budgets de l’OTAN explosent (2,5 % du PIB en 2024, objectif 5 % d’ici 2035), alimentant les profits du complexe militaro-industriel (238 milliards de dollars d’exportations d’armes en 2023 pour les majors comme Lockheed Martin et Raytheon), tandis que les peuples européens paient l’addition (900 milliards pour le Pentagone, 75 milliards pour l’Ukraine).
Comme je l’évoquais, cette stratégie est vouée à l’échec face à la supériorité numérique et morale des BRICS. Trenin prédit des décennies de turbulence, comparant le conflit à l’Opération Barbarossa mais en version moderne et diffuse. Il appelle à une mobilisation russe interne (économie, technologie, société) et à un renforcement des alliances, tout en recommandant un engagement tactique avec les États-Unis sous Trump – qui pourrait revenir au pouvoir en novembre 2025 – et une préparation à des actions préventives, y compris nucléaires si nécessaire.
Cela rejoint ma critique des "militaristes de plateau" occidentaux, qui diabolisent l’ennemi (Russie comme "sous-être humain tueur cruel") pour désinhiber les futurs combattants, condamnés à finir "en bouillie" sous l’artillerie russe ou les frappes hypersoniques.
Les Chinois l’ont prévenu : avec 1,4 milliard d’habitants et des centaines de millions de volontaires potentiels, ils ne laisseront pas la Russie perdre (déclaration de Wang Yi à Kaja Kallas, 3 juillet 2025).
Les Événements Récents :
La Guerre à notre porte depuis la publication de mon premier article, les tensions s’intensifient. Le 17 juillet 2025, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont signé un traité de défense renforçant leur soutien à l’Ukraine, tandis que la France et le Royaume-Uni ont émis une déclaration nucléaire conjointe (Northwood Declaration) pour consolider la sécurité européenne.
L’Allemagne vise la plus grande armée de l’UE d’ici 2031, avec une présence permanente en Lituanie. Ces mouvements confirment l’alliance anglo-franco-allemande que j’évoquais, dans un climat de propagande russophobe amplifiée par les médias occidentaux.
Du côté des BRICS, le soutien chinois à la Russie s’affirme : Pékin a réitéré qu’il ne tolérera pas une défaite russe, craignant un pivot américain vers Taïwan. L’Iran, le Pakistan (candidat BRICS) et la Corée du Nord renforcent cet axe, avec des technologies partagées (missiles iraniens, hypersoniques nord-coréens).
Comme Trenin le note, cette guerre hybride expose les vulnérabilités occidentales : sabotages économiques (sanctions inefficaces) et risques d’escalade, où les "futurs Gamelins" – ces généraux et politiciens belliqueux – enverront-ils leurs enfants au front ?
Dans ce contexte, les peuples européens risquent d’oublier leurs revendications sociales (grèves, inégalités) au profit d’une unité factice , « une sainte alliance »contre l’"ennemi extérieur".
La destruction potentielle de l’Europe profiterait aux reconstructeurs, tandis que les CMI ( complexes militaro industriels et leurs actionnaires )se frottent les mains – rappelant la phrase d’Anatole France : "On croit se battre pour la patrie, on meurt pour des industriels."
Conclusion : Vers un Nouvel Ordre Mondial
En reliant mon analyse au cadre de Trenin, il apparaît clair que l’impérialisme occidental, en optant pour la confrontation, accélère son propre suicide.
Que ce soit dans la paix d’une dédollarisation progressive ou dans la guerre d’une escalade conventionnelle, son destin est scellé.
Les BRICS offrent une alternative multipolaire, où la Russie sécurise sa place en contrant les plans occidentaux, comme le préconise Trenin.
Espérons que la raison l’emportera avant que les "décennies de turbulence" ne deviennent une réalité apocalyptique.
Pour l’Occident, il est temps de reconnaître son déclin et de négocier une paix durable dans un monde multipolaire, plutôt que de poursuivre une chimère hégémonique
Références :
Mon article précédent : Guerre et Paix : le Destin de l’Impérialisme Occidental, Agoravox, 15 juillet 2025.
Dmitri Trenin, World War III has already begun, Russian International Affairs Council, 14 juillet 2025.
Données FMI, SIPRI et déclarations officielles citées.
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/guerre-et-paix-ii-la-troisieme-262162