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Le suicide de l’Europe

parabole de l'aspirine (c) Maître Du Monde

« L’Europe devait réguler les cornichons. Malheureusement, ils ont pris le pouvoir. »

L’Amérique de Trump et l’Europe de Von Der Leyen sont parvenus à un « accord » et, pour les Européens, c’est un véritable festival de larmes amères : choqués, ces derniers découvrent abasourdis que l’Union n’est plus qu’une subordonnée des États-Unis.

Les communiqués de presse à peine parus, toute la classe politique européenne, à commencer par la française, s’est bousculée dans les médias pour expliquer à quel point cet accord était finalement médiocre : l’Union européenne est toujours parée de mille vertus lorsqu’il s’agit, en campagne, de rallier les votes des indécis, mais elle se révèle pleine de faiblesse lorsqu’une fois élu, on se retrouve à devoir défendre l’indéfendable, comme l’expérimente à présent l’inénarrable Cunégonde Valérie Hayer dans un tweet qui ressemble à peu près au suivant et dans lequel elle pleurniche de façon cocasse (ou cocue, selon le point de vue) :

On ne pourra s’empêcher de noter la position actuelle de Hayer au sujet de Von der Leyen, particulièrement croustillante alors qu’elle était tout de miel vis-à-vis de la présidente de la Commission lorsqu’elle évoquait son nouveau mandat il y a quelques mois : l’inconstance de ces politiciens est finalement leur seule constance.

Et alors que Trump a, une nouvelle fois, démontré qu’il n’était en rien le dirigeant pataud et balourd que les médias et les politiciens du Vieux Continent aiment à brosser, l’accord présenté impose certainement quelques questions, à commencer par la suivante, essentielle : quels sont les points réellement contraignants, pour les deux parties ?

C’est assez compliqué à savoir, tant que le texte complet de l’accord, jolis paraphes inclus, n’est pas disponible. Pour le moment, on n’en a guère que les grandes lignes, qui transparaissent dans des communiqués de presse assez flous, tant du côté européen que du côté américain.

Autrement dit, tout peut arriver, le meilleur comme le pire et, le diable étant dans les détails, il est très raisonnable d’imaginer qu’il y aura un gros écart entre ce qui a été claironné sur les ondes lundi dernier et ce qui sera effectivement mis en place.

Par exemple, l’Europe achètera probablement de l’énergie à l’Oncle Sam, parce que cette tendance est déjà amorcée et qu’elle refuse de toute façon, par principe et par idéologie, de continuer à en acheter à la Russie. Cependant, les coûts de cette énergie américaine sont si élevés que l’Allemagne voit sa compétitivité s’éroder très vite ; combien de temps pourra-t-elle continuer cette intéressante auto flagellation ? Si, de surcroît, ses « partenaires » (au premier rang desquels on trouve la France, économiquement exsangue) commencent à flancher, il est peu probable que tout cet édifice tienne très longtemps.

Bref, une fois encore, tout indique qu’il s’agit surtout d’un morceau de théâtre pour les médias et les populations.

Pour Trump, c’est l’occasion de montrer à sa base qui est le patron et à quel point l’Union européenne dans sa forme actuelle est un échec cuisant. Du côté européen, il n’est même pas interdit d’imaginer que l’opération consistait justement à rendre Trump aussi détestable que possible, quitte à passer pour des serpillières pendant quelques jours : alimenter une telle antipathie pourrait s’avérer utile dans un futur pas trop éloigné si, d’aventure, l’administration Trump devait faire des révélations très incriminante pour la classe dirigeante.

En tout cas, que cette humiliation de Von Der Leyen soit calculée ou le simple résultat d’une incapacité chronique à aboutir à des marchés un minimum équilibré (après tout, certains vaccins ne furent pas mieux négociés), peu importe : elle a tout de même illustré – de façon flagrante et de concert avec les gémissements de Hayer et des autres égéries de l’extrême-centre – un problème européen fondamental : l’Union n’a servi a rien et n’est qu’un instrument balloté au gré des événements politiques et économiques du reste du monde.

Comme le dit Hayer dans le seul éclair de lucidité de sa pénible tirade, oui, l’Europe est un nain économique. Mais non pas parce qu’industriellement, technologiquement ou économiquement, on aurait perdu la main, on ne saurait plus faire, mais bien parce que ceux qui savent sont écrasés par les réglementations, les contraintes bureaucratiques de plus en plus débiles et les normes imposées en dépit de toute logique et de tout bon sens.

Si l’Europe est un nain, ce n’est pas parce que les Américains, ni même les Chinois nous ont écrasés, non. C’est parce que l’Europe s’est aplatie, consciencieusement, de son propre chef : c’est elle qui a choisi, au travers de ses institutions, de lâcher la bride aux idées les plus néfastes et farfelues, depuis un principe de précaution tous azimuts jusqu’à la transition écologique vers un néant froid et décarboné en passant par l’euthanasie du numérique sous la censure du DSA, MiCA ou l’identité obligatoire à venir et les tsunamis de pop-ups pro-cookies d’un RGPD impraticable.

Les Européens ont eux-mêmes saboté leurs entreprises du numérique, leurs constructeurs automobile, leurs ressources de gaz, d’électricité, leur savoir faire nucléaire, leur armement, la liste est longue et consternante. Pourtant, pas de doute, on sait faire, on sait innover : comme le montre un économiste dans un tweet récent, 46 licornes (des entreprises qui démarrent mais sont déjà valorisées plus d’un milliard de dollars) ont des fondateurs directement issus d’universités françaises… Mais sont installées aux États-Unis :

Autrement dit, l’Europe (ici la France) forme et innove, mais quand il s’agit de se développer, les entrepreneurs connaissent l’ampleur des contraintes qu’ils auront à subir s’ils restent sur le territoire européen et… préfèrent se vendre aux Américains ou s’implanter aux États-Unis. Tant et si bien que presque toutes les entreprises du CAC40 ont été fondées avant 1980, la période suivante de 45 ans semblant étonnamment aride.

Malgré ces constats, le choc qu’a constitué cet accord quasi-unilatéral n’a déclenché aucune prise de conscience des pleurnicheuses de l’extrême-centre social-démocrate : au contraire, selon elles, pour éviter l’effondrement européen, pas de doute, il faut « plus d’Europe » ou « mieux d’Europe ».

Mais non, décidément, il est impensable d’imaginer « moins d’Europe », moins de lois, de contraintes, moins de bureaucratie et de calibrage de cornichons.

Le suicide européen continuera, coûte que coûte.

https://h16free.com/2025/07/30/81570-le-suicide-de-leurope

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