En réalité, c’est plus compliqué que ça. On pourrait, par exemple, évoquer ce qu’il est convenu d’appeler « l’État profond » (frère siamois de « l’État de droit ») qui peine, pour ne pas dire autre chose, à se réformer et, donc, à réduire ses dépenses et, au final, dicte au politique, c’est-à-dire au pouvoir exécutif - d’ailleurs, quel pouvoir pour quelles exécutions ? -, ce qu’il doit faire et surtout ce qu’il doit dire lorsqu’il se retrouve face aux parlementaires.
Avant, les choses étaient d'une simplicité biblique
Lorsqu’il y avait encore une majorité à l’Assemblée nationale, les choses, pour le coup, étaient d’une simplicité biblique : la majorité votait comme un seul homme le budget. En général, depuis trente ans et plus : plus de dépenses et plus de recettes (qui, au final, ne rentraient pas toujours, car il s’agit d’un budget prévisionnel). Et l’on poussait devant la boule à facettes du déficit. Si la majorité était ric-rac et que ça ruait dans les brancards, un coup de 49.3 venait remettre tout ce petit monde à sa place. Et, au final, lorsque le citoyen recevait sa feuille d’impôt et voyait l’avalanche de taxes qui lui tombait sur le coin du nez, il ne voyait pas forcément le lien de cause à effet entre son vote à la dernière élection présidentielle ou aux dernières élections législatives et le bout de son petit nez meurtri. C’était la « faute à l’État », point barre. Pratique. Ça, c’était avant. Avant que le Français moyen, c’est-à-dire nous tous, n'apprenne qu’il y avait un PLF, un PLFSS et – petit détail de l’histoire – un déficit public de plus de 3.400 milliards…
Et l’on en vient à la discussion sur le PLF 2026
Après que, la semaine dernière, la partie recettes du PLF a été rejetée par la commission des finances, donnant ainsi un avant-goût de ce qui va suivre dans les prochains jours, le débat a donc débuté dans l’Hémicycle, vendredi 24 octobre, s’est prolongé jusqu’à tard dans la soirée de samedi et reprendra dès potron-minet, ce lundi 27 octobre. Le vote devrait avoir lieu le 4 novembre prochain.
Et l'on a droit, faute de majorité, à des débats épiques. En fonction de l’article du PLF discuté se constituent des alliances de circonstance qui peuvent parfois sembler contre-nature pour les tenants d’un manichéisme de stricte observance. Rappelons encore que les choses sont plus compliquées qu'on veut bien l'imaginer. LFI/RN contre Macronie-LR, Macronie/LR/RN contre gauche ou – top du top ! - LR/RN/LFI/une partie de la Macronie ! Cela a été le cas, samedi soir, pour balayer une mesure défendue par le gouvernement : le gel du barème de l'impôt - en clair, dans le texte, une augmentation de l’impôt sur le revenu pour tous les contribuables en 2026.
Cet amendement, défendu par Laurent Wauquiez et largement voté par les députés, a naturellement fait réagir Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, décidément bien seule dans la fosse aux lions, la Macronie parlementaire (du moins, ce qu'il en reste) faisant désormais comme il lui plaît. Mme de Montchalin a pointé du doigt la conséquence de cette mesure : deux milliards en moins de recettes pour l’État. C’est sans doute vrai. Mais c’est là que le génie de Bercy, dont Mme de Montchalin défend les positions - il faut dire, avec courage et aplomb - devant les députés, réside plus dans sa capacité à trouver des recettes supplémentaires que des dépenses en moins. On se demande pourquoi.
Quoi qu’il en soit, si vous voulez mon avis, que je partage avec moi-même : ce budget 2026, c’est pas gagné ! Pour qui, d'ailleurs ?