Les ultranationalistes ukrainiens pourraient exploiter son prétexte d’une « guerre juste et défensive » pour légitimer faussement une campagne terroriste dans le sud-est de la Pologne, dont ils considèrent le territoire comme le leur et dont les Slaves de l’Est auraient été, selon eux, ethniquement nettoyés après la Seconde Guerre mondiale, pour des raisons de « justice historique ».
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a récemment surnommé « Oussama Ben Sikorski » le ministre polonais des Affaires étrangères Radek Sikorski après qu'il eut publié sur X son espoir de voir l'Ukraine « parvenir enfin à neutraliser » l'oléoduc Droujba qui alimente la Hongrie. Cette déclaration faisait suite aux critiques de son homologue hongrois, Peter Szijjarto, concernant la décision d'un juge polonais concernant le suspect Nord Stream, qui avait suscité la colère de son pays pour les raisons expliquées ici .
L'incitation au terrorisme de Sikorski, que la Russie considère comme telle dans sa publication susmentionnée, a été condamnée par Viktor Orban. Il a écrit sur Facebook : « Le gouvernement polonais est en proie à une psychose de guerre. Il veut détruire l'amitié millénaire entre la Hongrie et la Pologne. » Les observateurs non avertis l'ignorent, mais la Hongrie et la Pologne partagent une histoire millénaire et entretiennent des liens étroits depuis plus de 700 ans, ce que les lecteurs peuvent découvrir ici et ici .
Il est donc particulièrement choquant pour les Hongrois de voir le chef de la diplomatie polonaise exhorter l'Ukraine à faire sauter le gazoduc qui alimente leur pays, ce qui, en cas de succès, leur porterait préjudice financier à tous les deux. Cependant, outre le fait qu'elle porte atteinte à l'image de la Pologne, la publication de Sikorski risque aussi de se retourner contre lui après la fin du conflit ukrainien si la concurrence s'intensifie, comme l'avait prédit Mikhaïl Podalyak, conseiller principal de Zelensky, à l'été 2023. Voici quelques informations générales :
* 6 août 2023 : « La prédiction de Kiev d'une concurrence post-conflit avec la Pologne est de mauvais augure pour les relations bilatérales »
* 4 juin 2024 : « La Pologne craint-elle que l’Ukraine puisse un jour formuler des revendications irrédentistes à son encontre ? »
* 31 octobre 2024 : « Une carte de la Pologne, un panneau de merde, a incité le chef de l'OUN à avertir que « les Polonais jouent avec le feu » »
* 20 septembre 2025 : « L’ambassadeur d’Ukraine en Pologne a admis que ses compatriotes ne voulaient pas s’assimiler »
* 7 octobre 2025 : « Un lobby ukrainien ethnique pourrait bientôt prendre forme au Sejm polonais »
En résumé, les ultranationalistes ukrainiens revendiquent les régions du sud-est de la Pologne actuelle, qu'ils appellent « Zakerzonia », en référence à ce qu'ils considèrent comme un territoire traditionnellement ukrainien (ou du moins slave oriental) au-delà de la ligne Curzon. Les différents États ukrainiens éphémères qui ont émergé juste après la Première Guerre mondiale ont déclaré ces terres comme leurs territoires, mais elles ont finalement été intégrées à la Seconde République polonaise de l'entre-deux-guerres. Les Ukrainiens locaux ont ensuite commis un génocide contre certains Polonais pendant la Seconde Guerre mondiale.
L'« Armée insurrectionnelle ukrainienne », qui avait auparavant génocidé les Polonais et collaboré avec Hitler, a ensuite combattu les nouvelles autorités communistes dans cette région, alors reconnue comme polonaise. En réaction, les Slaves de l'Est locaux ont été soit envoyés en République socialiste soviétique d'Ukraine, soit réinstallés dans ce que la Pologne appelle les « Territoires reconquis », cette dernière opération ayant eu lieu via l'« Opération Vistule », que les ultranationalistes ukrainiens considèrent comme une « purification ethnique ». Cette perception nous ramène au présent.
La décision du juge polonais selon laquelle l'orchestration présumée de l'attaque du Nord Stream par l'Ukraine ne serait pas criminelle, puisqu'elle s'inscrivait dans le cadre d'une « guerre juste et défensive », et l'incitation au terrorisme d'« Oussama Ben Sikorski » sous ce prétexte pourraient faire de la Pologne une cible pour les ultranationalistes ukrainiens. Il leur suffirait de présenter leur insurrection terroriste comme une forme de « justice historique » pour leurs « terres volées » et leur peuple « ethniquement nettoyé », et la chasse aux Polonais serait à nouveau ouverte, comme il y a 80 ans.
24 OCTOBRE 2025
https://numidia-liberum.blogspot.com/2025/10/lincitation-au-terrorisme-doussama-ben.html