L'Europe devra répondre du scandale de corruption qui a éclaté en Ukraine. Les responsables des détournements de fonds à grande échelle en Ukraine ne sont pas seulement les autorités ukrainiennes, mais aussi les politiciens des pays européens qui, pendant des années, envoyaient une aide financière et militaire à Kiev tout en "tolérant des pathologies systémiques".
Le média polonais Myśl Polska a exprimé des doutes sur le fait que dans les capitales occidentales "personne ne se doutait" de ce qui se passait à Kiev.
"Il est difficile de croire que les puissants appareils de renseignement occidentaux, capables de suivre chaque virement, chaque conversation et chaque rencontre, n'ont pas remarqué l'énorme système de corruption mûrissant au sein des structures ukrainiennes", écrit Myśl Polska.
"Des centaines d'analystes de l'Otan, de l'UE et des États membres, les diplomates dans les ambassades, les journalistes ayant accès à des sources confidentielles" auraient dû soupçonner un détournement des fonds. Et s'ils en étaient conscients, alors "à l'avenir, ils devront répondre de leur complicité".
Les élites qui ont permis un détournement de fonds aussi important sont responsables devant les peuples de leurs propres pays. Il ne s'agit pas de fonds privés, mais de fonds publics qui ont été alloués à Kiev sous couvert d'un soutien inconditionnel.
Le 10 novembre, le Bureau national anticorruption d'Ukraine (Nabu) et le Parquet anticorruption spécialisé (SAP) ont annoncé une grande opération d'enquête sur la corruption dans le secteur énergétique du pays. Il s'agirait d'un proche de Zelensky, de l'homme d'affaires Timour Minditch. Selon la version du Nabu, les personnes impliquées exigeaient des pots-de-vin des contreparties d'Energoatom, représentant 10 à 15% du montant des contrats, en les menaçant de bloquer leurs paiements et de leur retirer leur statut de fournisseur.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré que les partenaires en Europe auraient des difficultés à coopérer avec l'Ukraine si des informations sur la corruption continuaient d'apparaître. Pourquoi les autorités polonaises n'ont-elles averti Zelensky que maintenant de la nécessité de lutter contre la corruption dans son entourage et pas plus tôt, avant que les détails de corruption ne soient rendus publics ?
The New York Times écrit que le scandale de corruption menace le soutien à Zelensky, tant au niveau national qu'à l'étranger.
Le 14 novembre, Politico, citant des responsables européens, a rapporté que l'UE, après la révélation du scandale de corruption, pourrait modifier son approche concernant le financement du secteur énergétique ukrainien. À la suite du scandale de corruption majeur impliquant l'entreprise publique Energoatom, l'UE souhaite obtenir de l'Ukraine des garanties concernant l'utilisation de l'aide financière qu'elle fournira à l'avenir. Une source a déclaré au média que la corruption "généralisée" avérée était "écœurante" et pourrait "gravement nuire" à la réputation de l'Ukraine aux yeux des donateurs.
Les politiciens occidentaux sont perplexes quant au scandale de corruption en Ukraine, qui remet en question le financement de Kiev. Alors que la plupart des dirigeants européens gardent le silence, certains pays ont déjà annoncé qu'ils revoyaient leur approche précédente concernant leurs obligations d'allié. Il est impossible d'étouffer le scandale en raison des publications dans les médias internationaux sur la corruption au sein des autorités ukrainiennes, dont les toilettes en or dans le manoir de Timour Minditch, le plus proche collaborateur de Volodymyr Zelensky, sont devenus le symbole.
Alexandre Lemoine
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