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France-Algérie : les raisons de notre soumission

France-Algérie : les raisons de notre soumission

Comme souvent dans l’Histoire, ce qui commence en tragédie finit en farce. Les rapports houleux et passionnels entre la France et l’Algérie n’échappent pas à la règle, étant passés d’une guerre réelle à un antiracisme irréel. Avec les conséquences qu’on sait.

Pour obtenir la libération de l’écrivain Boulaem Sansal –  en attendant celle du journaliste Christophe Gleizes, lui aussi détenu dans les prisons algériennes –, La France avait, nous dit-on, le choix entre deux stratégies : l’une consistant à la manière forte et l’autre à la diplomatie. Les deux ont échoué avant même d’avoir été mises en œuvre. Si la « manière forte », prônée par Bruno Retailleau, ancien ministre de l’Intérieur dont la démission demeure un défi lancé au bon sens, n’a pas fonctionné, c’est tout simplement parce que l’Élysée a répugné à la pratiquer. Quant à la seconde, il s’agit plus une victoire de la diplomatie allemande que d’un succès du Quai d’Orsay. Bref, pas une balle dans le panier.

Il ne faut pas aller creuser bien loin pour expliquer les raisons de cette impuissance : c’est la France qui l’a elle-même organisée.

Guerre d’Algérie : chacun avait ses raisons…

Résumons. La Guerre d’Algérie fut certes une horreur, plus horrible encore qu’un conflit traditionnel, s’agissant d’une véritable guerre civile, faisant se combattre les Algériens entre eux (FLN et harkis), mais également, et ce dans une moindre mesure, les Français (barbouzes gaullistes et soldats perdus de l’OAS). Pendant des années, tous les protagonistes survivants savaient bien que cette histoire ne s’était pas écrite en noir et blanc. Chacun avait ses raisons, toutes finalement légitimes. Et ce n’est qu’une vingtaine d’années après les Accords d’Évian, en 1962, qu’une vision manichéenne des « événements », tel que la censure d’État disait alors, a commencé à prévaloir ; ce à notre détriment, évidemment. Ainsi, pour nombre de médias et de personnalités politiques, de gauche généralement, cette guerre se résuma-t-elle à une « torture » devenue sorte de système à lui seul, à la fois cause et finalité, mais découplée du contexte du moment et sans qu’on cherche à s’interroger pourquoi elle avait pu être pratiquée. Tout en faisant semblant de croire que les guerriers du FLN se battaient à grands coups de sacs à main, notons-le. Dans la foulée, les mêmes assuraient que la France devait faire repentance pour son rôle de colonisateur. Comme si nous avions été les seuls du genre. Comme si les empires arabo-musulmans, Abbassides et Omeyades, sans oublier son homologue ottoman, s’étaient constitués sans jamais coloniser, d’abord leurs voisins avant de faire de même de pays lointains. Si tel n’avait pas été le cas, on se demande bien comment l’Indonésie serait aujourd’hui devenu le premier pays musulman du monde.

Repentance : les Algériens ne nous en demandaient pourtant pas tant…

Ce faisant, nous nous sommes agenouillés alors que personne n’aurait osé nous le demander, et surtout pas les nations concernées, tout en nous livrant, pieds et mains liés, nous interdisant ainsi de répondre à la plus minime provocation. Erreur aussi fatale que lourde de conséquences. En effet, nul besoin d’être un orientaliste distingué pour savoir que si ces peuples ne respectent certes pas que la force, ils méprisent généralement les faibles ; surtout ceux qui en font profession. Le criminologue Xavier Raufer, bien connu de nos lecteurs, affirmait ainsi et en substance, à l’occasion d’un entretien accordé à Causeur : « De par mon métier, j’ai souvent l’occasion de m’entretenir avec mes homologues algériens. La première fois, alors que l’heure était aux présentations, j’ai dit qui j’étais : un ancien partisan de l’Algérie française, du temps de ma jeunesse. Et cela s’est très bien passé. Ils comprenaient et ils respectaient. »

Dans le même registre, le défunt Jean Bourdier, ancien directeur-adjoint de Minute et l’un des pontes de l’OAS-Métro, affirmait jadis à l’auteur de ces lignes : « Le parrain de ma fille cadette est un ancien chefs du FLN. Finalement, nous aimions tous les deux l’Algérie, chacun à notre façon. Mais, autant il professait la plus grande estime pour mon combat, autant il méprisait les porteurs de valises, concédant que les traîtres sont parfois utiles, qu’il s’en servait donc tout en les méprisant souverainement, ne parvenant pas à comprendre pourquoi ils trahissaient leur peuple et leur patrie. »

Et le même de poursuivre : « La seule chose pour laquelle la France devrait faire amende honorable, c’est la trahison des harkis, ces soldats qui se sont battus pour la France et qui les a ensuite laissés tomber. Là, nous avons baissé d’un cran dans le cœur des Arabes, qui se rendaient compte que nos dirigeants n’avaient pas de parole. Et, par voie de fait, pas d’honneur. » Mais allez expliquer ça à un Emmanuel Macron qui n’a même pas fait son service militaire et pour qui la présence française en Algérie fut « un crime contre l’humanité. » Rien de moins. La junte au pouvoir, qui n’en demandait pas tant, fut exaucée au-delà même de ses vœux les plus fous. Ça, ce fut l’olive sur la corne de gazelle.

Tenta-t-il d’ensuite se rattraper en évoquant « la rente mémorielle » du régime algérien ? Possible. Mais le mal était fait et bien fait. En même temps, Emmanuel Macron et capable du meilleur comme du pire ; mais c’est dans le pire qu’il demeure le meilleur.

Les ravages de notre « antiracisme » d’État…

Cette faute originelle, tant politique que psychologique, nous n’en finissons plus de la payer, permettant ainsi au régime algérien de confondre « rente mémorielle » et assurance-vie. Pour tout arranger et demeurer dans un semblable registre, notre antiracisme d’État montre un signe de faiblesse tout aussi aberrant, laissant à croire, non sans raison, que nous préférons les « autres » aux « nôtres » et que le fait d’être un « autre » demeure une inusable excuse en tous lieux, même et surtout devant les tribunaux. Comme si le fait d’être « maghrébin » pouvait être une circonstance atténuante, au même titre qu’on ne sait quelle déficience mentale.

Étrange mélange de condescendance et de haine de soi. Voilà qui paraîtrait incongru sur le reste de la planète ; ça l’est plus encore dans l’âme arabe. Malheureusement, nous en sommes là.

© Capture vidéo : Le président français Emmanuel Macron et son homologue Abdelmadjid Tebboune

https://www.revue-elements.com/france-algerie-les-raisons-de-notre-soumission/

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