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Tracts en turc : à Strasbourg, la campagne municipale vire au communautarisme

© Capture écran Instagram
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« Bienvenue au Strasbouristan ! » Depuis l’annonce de la candidature de Cem Yoldas, ancien porte-parole du collectif antifasciste la Jeune Garde, à la mairie de Strasbourg, beaucoup grincent des dents. Avec sa liste « Strasbourg, c’est nous », soutenue par le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), le jeune homme entend construire « une alternative populaire, solidaire et antiraciste » dans la capitale alsacienne. Et pour détrôner Jeanne Barseghian, l’actuelle édile écologiste, tous les moyens semblent bons… même celui de proposer des tracts en turc et en arabe.

En effet, ce 17 novembre, le candidat antifasciste a publié sur ses réseaux sociaux des tracts dans lesquels il présente les grandes lignes de son programme : gratuité des transports, désarmement de la police municipale, fin du jumelage entre Strasbourg et une ville israélienne… Au-delà des propositions somme toute assez cohérentes pour un candidat qui souhaite faire de Strasbourg un « bastion » contre l’extrême droite, c’est la forme des tracts qui interpelle. « Strasbourg, c’est nous » a ainsi décidé de traduire son programme en turc, en alsacien et en arabe. Le prospectus turc étant classé en deuxième position, entre le français et l’alsacien. L’objectif : « parler à chaque Strasbourgeois·e avec la langue qu’il ou elle maîtrise le mieux » (sic). Certes, la pratique n’est pas illégale tant que « les termes en français et leur traduction sont strictement équivalents ». Cependant, elle interroge. « La langue de la République est le français », rappellent ainsi certains internautes sous la publication du jeune homme. D’autres dénoncent une tentative de surfer sur un certain « communautarisme ».

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« Antifaciste et antiraciste »

Face aux réactions outrées, Cem Yoldas se réjouit et ironise. Selon lui, « Strasbourg est une ville multiculturelle ». Une vision qui n’est pas du goût de tout le monde. Virginie Joron, candidate du Rassemblement national à Strasbourg, contactée par BV, se dit d'abord « étonnée » que le jeune homme continue de se présenter comme porte-parole de la Jeune Garde, collectif dissous en juin 2025 (un recours contre cette décision est en cours). Mais elle s'attriste surtout de le voir ainsi « attiser les haines dans une visée purement électoraliste ».

Cem Yoldas est de toutes les luttes antifascistes et d’extrême gauche. Outre son engagement au sein de la Jeune Garde, le jeune homme de 29 ans prend également fait et cause pour Gaza. Ses tracts aux couleurs de la Palestine en sont un symbole. Il accuse par ailleurs Jeanne Barseghian, maire EELV de Strasbourg, d’avoir « fauté » avec « le jumelage de la honte avec Ramat Gan », une ville israélienne. Le candidat, à l’instar d’une grande partie de l’extrême gauche, multiplie également les interventions contre les forces de l’ordre. Sur X, il écrit par exemple : « La police harcèle, blesse, mutile et assassine. » Après la mort de Nahel, il accuse également la police de racisme : « Trop d'enfants ont été tués par la police parce que noir, arabe ou encore habitant de quartier populaire »dénonce-t-il.

Cem Yoldas promet également un soutien aux associations de la ville, « en particulier féministes ». Pourtant, en mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale du droit des femmes, il se félicitait d’avoir « empêché » le collectif Némésis de manifester.

Des créneaux réservés aux femmes

Cem Yoldas n’est pas le seul candidat à faire grincer des dents, à Strasbourg. À gauche, les candidatures sont très nombreuses. Parmi elles, un autre garçon entend tenter sa chance. Fahad Raja Muhammad, vingt ans seulement, ancien président des Étudiants musulmans de France de Strasbourg, s’est également déclaré candidat. Fin septembre, le jeune homme, qui prône « une ville sans frontières », se réjouissait d’avoir obtenu « un créneau réservé aux femmes » dans les Bains municipaux de Strasbourg. « La campagne strasbourgeoise devient inquiétante », résume Théo Bernhardt, député RN du Bas-Rhin. En cause, « la gouvernance laxiste des écologistes ces dernières années », pointe du doigt la candidate du RN à Strasbourg.

Face à ces deux candidatures, Virginie Joron (RN) entend « sauver Strasbourg ». Avec le Rassemblement national, la candidate se dit ouverte à discuter avec toute la droite pour « rendre à Strasbourg son attractivité ». Présente sur le terrain, elle entend « tout faire pour provoquer une alternance » et mise sur « le bon sens des Strasbourgeois ».

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