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De la guerre tiède au chaos institutionnalisé

De la guerre tiède au chaos institutionnalisé

Guillaume d’Aram de Valada livre ici une analyse incisive de l’évolution géopolitique post-guerre froide, éclairant les dérives stratégiques de l’Occident. À travers une critique ferme de la « guerre tiède », de la montée du terrorisme et du fédéralisme européen, il dénonce la tentation technocratique et l’instrumentalisation de la menace russe comme outil de diversion politique. Un texte engagé, qui interroge les fondements mêmes de la souveraineté et de la dissuasion en Europe.
Polémia

De la fin de la guerre froide à la guerre tiède

La fin de la guerre dite « froide » ouvrait, paraît-il, une ère nouvelle faite de bien-être des peuples et d’une mondialisation des échanges garante de stabilité.
La chute du mur de Berlin en 1989, suivie de la dislocation de l’URSS en 1991, signait à peine la fin de la « guerre froide » que la Yougoslavie voyait ses anciennes identités prendre les armes pour obtenir leur indépendance, le tout sous l’impuissance onusienne et ses forces d’interposition. Sous ce même mandat, au mépris de toute logique diplomatique, la fin de cette guerre civile européenne entre Bosniaques, Croates et Serbes fut décidée unilatéralement en 1999 par plusieurs semaines de bombardements continus sur Belgrade, afin d’imposer de nouvelles frontières à la Serbie, avec la naissance politique et géographique d’un Kosovo sorti de nulle part.

La guerre tiède, en quelque sorte, remplaçait progressivement la froide, à la suite d’une nouvelle menace guerrière — messianique celle-là — qui allait exporter son sabre, en septembre 2001, sur le sol américain. Le terrorisme islamiste n’ayant pas de frontières, l’idéologie mortifère qui le porte est construite sur le temps long, ce que nos démocraties oublient bien souvent.
Les gesticulations stériles des politiciens occidentaux, entretenant une terrible faiblesse face aux innombrables attentats aveugles sur le continent européen, sont autant de justifications pour cet ennemi implacablement déterminé. Quand on cherche à masquer la réalité dans son propre pays, face à un ennemi intérieur organisant méthodiquement sa guerre civilisationnelle, on érige le cynisme et l’art de la diversion à leur sommet.

La Russie comme paravent politique

Désigner la Russie comme l’ennemi de l’Europe est un procédé bien connu pour éviter de parler de la réalité.
Emmanuel Macron n’aime pas la France et parle aux Français pour les préparer, bon gré mal gré, à une Europe fédérale. Sa vision politique se résume à ce fédéralisme européen dont il espère être le champion, tout comme Giscard en son temps. Cette machine infernale à broyer les identités est sans doute le pire des ferments : celui des conflits, des frustrations et des rancœurs.

Ignorer — ou refuser de se rappeler — les leçons de l’histoire de la vieille Europe n’est pas seulement irresponsable : c’est ouvrir la porte à toutes les impostures. La politique du micro-ondes est sur la table.
L’Union européenne reste un terrain miné par ses contradictions, et son rêve fédéraliste visant à diluer les nations dans une technocratie toujours plus dirigiste n’est plus une éventualité susurrée, mais bel et bien un objectif à court ou moyen terme.

Celui qui occupe la fonction présidentielle depuis huit ans n’aura été que le porte-parole assidu de ce vieux projet porté sur les fonts baptismaux par Jean Monnet. Son discours martial des derniers mois sonne comme un avertissement, non pas à la Russie, mais aux Français.

De la dissuasion au chaos institutionnalisé

Le général Fabien Mandon, Chef d’État-Major des Armées, était cette semaine en service commandé pour en remettre une couche. Lors de son discours devant les maires de France réunis en congrès, il a incité les élus à préparer leurs concitoyens aux conflits à venir. Pis encore, il a affirmé que « le pays doit être prêt pour la guerre dans trois ou quatre ans », qu’il faudra faire des sacrifices et « accepter le risque de perdre nos enfants », tout en ajoutant qu’il faudra aussi « souffrir économiquement ». Comme si ce n’était pas déjà le cas.

Le tourniquet est désormais en place. Nous devons revêtir le costume de « la Nation en armes » des heures les plus sombres, à Valmy le 20 septembre 1792 — peu importe si le moulin de Valmy n’était qu’un mirage. Tout comme la menace d’une agression russe. Cette mystification guerrière ne sert qu’un objectif : l’élaboration d’une Europe fédérale administrée.

Le sommet du grotesque, ces derniers temps, fut d’avoir osé évoquer une « dissuasion nucléaire partagée » au sein des pays membres de l’Union européenne — ceux-là même qui n’en veulent pas. Pourquoi les Allemands, Polonais, Scandinaves, Italiens, Espagnols ou Portugais voudraient-ils de cette dissuasion française, alors que leurs intérêts ne sont pas menacés et qu’ils demeurent volontairement dépendants de la puissance militaire américaine ? Quant au Royaume-Uni, il a repris sa pleine souveraineté en quittant l’Europe bruxelloise et demeure le principal poste avancé atlantiste.

Parler de défense européenne indépendante dans ces conditions relève de l’aventure politique. Pour dissuader, encore faut-il ne pas se contredire en permanence. Or Emmanuel Macron restera sans doute le président qui aura institutionnalisé la contradiction — et la volte-face — comme principal outil de manipulation de l’opinion. Elle n’y voit peut-être encore que du feu… mais pour combien de temps ?

Guillaume d’Aram de Valada 23/11/2025

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