culture et histoire - Page 1431
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Le premier accident nucléaire de l’histoire s’est produit à Mayak dans l’Oural, le 29 septembre 1957
Le premier accident nucléaire de l’histoire s’est produit ici, le 29 septembre 1957, à Mayak, dans l’Oural. A la suite d’une panne du système de refroidissement, des déchets hautement radioactifs conservés dans des cuves se sont échauffés. L’évaporation de différents composés a provoqué une puissante explosion chimique – et non nucléaire – d’une énergie équivalente à 75 tonnes de « TNT ». La déflagration a projeté des produits radioactifs à plus de 1 000 m d’altitude et dispersé des radioéléments dans la nature. Combien ?L’équivalent de la moitié de ce qu’a craché Tchernobyl. Au total, 81,4x10(16) becquerels sont relâchés. Au moins 200 personnes succombent à l’explosion, 23 villages (10 000 personnes) sont évacués et 470 000 personnes sont exposées aux radiations. Le panache de particules s’étale sur 1 000 km², mais en retombant, celles-ci ont contaminé 30 000 km² de territoire. En certains points, la radioactivité atteint encore 14,8x10(13) Bq au km², là où la norme devrait se situer entre 0 et 1000. Au cours des années 1960, de nombreux employés du site sont morts des suites de leur exposition aux rayonnements ionisants.Les services de renseignement américains ont eu vent de l’explosion très tôt. Après avoir détecté une radioactivité anormale, ils ont envoyé un avion espion qui a été abattu sans autre forme de procès. Qu’il s’agisse de l’accident nucléaire ou de l’avion, les Américains n’ont pipé mot. Ces événements, quoique malheureux, ne devaient pas contrecarrer le développement naissant du nucléaire dans le monde. En connaître les dangers aurait probablement retardé l’éveil de l’industrie civile. Le site est donc resté secret pour le commun des mortels jusqu’à la fin des années 1980.Après des années de recherche en Union soviétique, Jaurès Medvedev, un scientifique dissident, s’installe en Angleterre en 1973. « A l’époque, j’ignorais que les experts occidentaux n’avaient pas connaissance du désastre de Mayak », nous a-t-il confié lors de notre visite à Londres en 2008. En 1976, il publie dans le New Scientist un article sur la recherche en Union soviétique, dans lequel il mentionne l’explosion. Tollé dans le landernau nucléaire. Des experts de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de France démentent son récit. Sir John Hill, alors président de l’Autorité de l’énergie atomique de Grande-Bretagne (United Kingdom Atomic Energy Authority) qualifie même les allégations de Medvedev de « bêtises », « d’une invention de son imagination », dans un article du Times. Medvedev ne se démonte pas. Il épluche alors toutes les publications de ses confrères soviétiques et reconstitue, par déduction, la chronologie des événements, les travaux de nettoyage effectués, et tente d’évaluer les doses reçues par les liquidateurs. Personne ne peut confirmer ou infirmer ses estimations. « Vous ne savez pas, je ne sais pas, eux seuls savent. » D’après lui, les prisonniers du goulag nucléaire ont participé à la liquidation de l’accident. Comme à Tchernobyl, il a fallu enfouir les maisons de certains villages, décaper le sol, c’est-à-dire retourner la couche supérieure de terre pour éviter les cultures sur un sol contaminé, bref, effectuer les basses besognes. « Seulement, il n’existe pas de liste de liquidateurs, ni de cahiers consignant les doses qu’ils ont reçues », précise Medvedev. Impossible dans ces conditions de faire le bilan exact de la catastrophe.Laure Noualhat, Déchets. Le cauchemar du nucléaire -
La machine à broyer les identités : comment les libéraux-libertaires imposent un ordre moral à rebours (III/VI)
La dictature de l'identité transgressive par Henri Hude, 3e partie (extrait) :
"Comment le pseudo-pluralisme discrimine en prétendant pratiquer la non-discrimination ? La théorie postmoderne de la justice prévoit une loi neutre ne brimant aucune identité. Dans la pratique, l’identité négative ainsi constituée installe la dictature de l’identité transgressive et nihiliste.
L’INDIVIDU LIBERAL, pour décider avec justice, faisait méthodiquement comme s'il ignorait son identité. Le voilà devenu libertaire, un individu à identité transgressive, négatrice et nihiliste, qui se montre intolérant, culpabilise les autres, monopolise la légitimité, impose son pouvoir et règne par l’imposture, voire par la violence (cf. I/VI).
Redisons bien que cette identité renégate et transgressive se présente comme une non-identité, une simple impartialité-neutralité (qui, dans le système de la « justice injuste », est la justice même, et même la seule justice non totalitaire possible(cf. II/VI). Mais, comme il n’en est rien, il s’agit en réalité d’une identité particulière (et particulièrement agressive) camouflée comme non-identité, comme procédure de respect de toute identité, et promue sous ce masque au rang de seule identité capable et digne de servir de fondement à la légitimité des pouvoirs, à la décision publique en démocratie.
Bien plus, comme aucune des autres n’est soi-disant dans son cas, toutes ces autres sont exclues de l’espace public, au motif qu’elles y seraient nécessairement discriminatoires, si elles y étaient admises, en tant que principes de décision publique.
Et voici donc l’identité nihiliste, transgressive, renégate, etc. en position de culpabiliser toutes les autres, et de leur imposer silence, sans avoir elle-même à adopter la moindre réserve. La voici même installée officiellement dans l’espace public, s’étalant comme l’identité publique de référence, l’identité privilégiée, s’affirmant comme l’identité d’État et comme la plus puissante référence culturelle — et ses tenants deviennent LE pouvoir spirituel." [la suite sur le site de Liberté politique].
Marie Bethanie http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html
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Insurrection - lettre à mon fils
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Un jour, un texte ! Le soldat et sa famille par Père André RAVIER (2/4)
« La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. »
Georges Bernanos, La France contre les robots
Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui, à l'heure où le pouvoir politique incapable de gouverner le pays, déclenche une guerre tous les 6 mois, tout en coupant à l'armée française ses moyens: le soldat et sa famille (10)
Le beau foyer de Tom Morel (2/4)
(Patron de la Promotion de Saint-Cyr "Lieutenant Tom Morel", 1987 – 90.)
Extraits de lettres à sa femme.
Noël 1939.
« Près de toi j'ai reçu Jésus. Près de toi j'ai demandé à notre Maman du Ciel d'aider cette petite maman de la terre. Près de toi j'ai prié le Christ éternellement souffrant de nous faire accepter joyeusement, chrétiennement la séparation et toutes les peines qui en découlent. Près de toi j'ai demandé au Jésus de la Crèche de protéger notre enfant, ce petit Robert que j'aime tant, ce fils issu de notre chair, de notre sang, et que j'ai vu vivre et grandir, le sourire sur ses lèvres mignonnes dans la joie de la vie : et mon cœur bondissait dans ma poitrine devant cet autre nous-mêmes... »
Père André RAVIER
Extrait de : « Lieutenant Tom MOREL ».
Édition Le Sarment Fayard – 1990.
Lois Spalwer http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html
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Un jour, un texte ! Le soldat et sa famille par Père André RAVIER (1/4)
« La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. »
Georges Bernanos, La France contre les robots
Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui, à l'heure où le pouvoir politique incapable de gouverner le pays, déclenche une guerre tous les 6 mois, tout en coupant à l'armée française ses moyens: le soldat et sa famille (9)
Le beau foyer de Tom Morel (1/4)
(Patron de la Promotion de Saint-Cyr "Lieutenant Tom Morel", 1987 – 90.)
Extraits de lettres à sa femme.
12 novembre 1939.
« Que ce fut bon de se revoir le jour de l'anniversaire de notre mariage !
«... Que cette année fut douce, agréable, et que nos cœurs ont donc bien battu du même idéal. Qu'importent alors les sacrifices si par le fait de notre Amour ils sont si faciles à supporter...
« Et puis, il y a plus, il y a cette aspiration continuelle, ardente à nous dépasser, à faire toujours mieux, cette continuelle inquiétude de se croire trop lâche, et de vouloir monter plus haut pour ressembler à Celui qui nous aime tant, puisqu'Il nous a tout donné.
« Et alors, chérie, tu comprends pourquoi je garde le cœur déchiré, mordu par cette terrible inaction de mon état actuel. J'aime mon métier. Si un jour je suis entré à Saint-Cyr et si je suis officier, n'est-ce pas pour, le cas échéant, faire mon devoir à la première place, celle qui réclame le don total, et non cette quiétude dans laquelle nous vivons ici.
« C'est parce que je savais que le jour viendrait où il faudrait faire ce geste et que ton cœur en souffrirait que je t'avais jadis parlé si durement de ce cruel métier. Aujourd'hui, je sais que tu fais tienne mon impatience, quoi qu'il puisse coûter à ton cœur (et non à notre Amour), car, n'est-ce pas, tu seras encore plus fière de ton Tho et pour notre Robert, n'est-ce pas un exemple qu'il lui faudra... »
Père André RAVIER
Extrait de : « Lieutenant Tom MOREL ».
Édition Le Sarment Fayard – 1990.
Lois Spalwer http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html
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Grand Entretien de décembre 2014 – Républicanisme, monarchie, remigration (2/3)
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Retrouver le style (2) par Gabriele Adinolfi
NdT : deuxième partie de la présentation de la Guilde des Lansquenets par Gabriele Adinolfi. Première partie publiée ici.
« Quiconque est désireux d'agir rapidement peut me contacter ici[1] ou à l'adresse ga@gabrieleadinolfi.it afin de recevoir les premières instructions.
Après une longue réflexion j'ai compris ce qui va suivre. Vous aurez plus de détails en suivant le lien provisoire www.lanzichenecchi.weebly.com (nous communiquerons bientôt celui qui sera définitif, dès qu'il sera en ligne).
Résumons brièvement l' « issue de secours[2] » :
Elle prend la forme d'une association corporative – au sens précisément de ce qui « fait corps » – de tradition médiévale. C'est la « gilda dei lanzichenecchi » [la « guilde des lansquenets »].
Nous traversons [en effet] des terres dévastées, fréquemment en proie à l'anarchie démocratique, à l’individualisme exacerbé, au narcissisme des opinions, au relativisme égalitaire et à l'avilissement le plus vulgaire.
Là où chacun est identique à un autre, là où tout se vaut, règnent nécessairement la discorde, l'abrutissement, la médisance, la calomnie, la fourberie et la détresse.
À cela, les organisations ne peuvent trouver de réponses, puisqu'en admettant qu'elles arrivent à retrouver leur verticalité et à sacraliser les espaces, elles ne peuvent ni agir sur l'humus qui les entoure ni sur les racines qui les fondent.
Bien que les mouvements militants soient souvent critiqués, ce sont surtout les individus seuls, les francs-tireurs, souffrant dans leur chair, arrogants, présomptueux et prétentieux, qui sont les premiers à donner le maximum d'eux-mêmes pour faire pourrir – par simple culture de la violence – cet humus qui mérite un tout autre destin.
La contre-offensive doit être transversale, d'une grande ampleur, tout en agissant seulement et exclusivement sur le style et sur la fierté de notre histoire.
Elle doit s'engager à ne pas interférer entre les mouvements politiques, à l'égard desquels il faut se mettre au service quand leurs bonnes intentions sont évidentes et reconnues.
Elle s'engage aussi à ne pas créer la soumission.
Aucune prétention, aucun orgueil, aucun complexe de supériorité mais une humilité issue de la mystique fasciste.
Servir et ne pas asservir.
Être et ne pas apparaître.
La Guilde est une association qui assume la tâche d' :
- Organiser et/ou promouvoir les projets de revendication historique et de rétablissement de la dignité menacée par les calomniateurs, notamment par les « rossignols de l'empereur[3] ».
- Agir de manière coordonnée, pour atténuer les polémiques et pour limiter d'emblée l'insolence et les calomnies qui, de la vie réelle à la vie sociale, ont un impact dévastateur.
- Travailler sur soi-même pour retrouver le style qui, une fois reconquis, ne se développera jamais jusqu'au stade de la présomption mais plutôt comme exemple silencieux.
- Créer des synergies, c'est-à-dire des cercles locaux, exclusivement engagés dans les valeurs et le métapolitique, et qui animent sur ces deux plans des rencontres et des activités, y compris des expositions et des concours.
- Sur le plan structural enfin. [Il faut créer des synergies] au niveau des échanges commerciaux, touristiques, culturels, constituer des réseaux productifs et/ou distributifs, qui peuvent nous permettre de faire ce pas décisif qui nous manque encore aujourd'hui.
Comment faire ? :
- Avant toute chose, il faut rendre explicite son adhésion et se mettre d'accord sur ce qu'il faut faire.
- En attendant, il faut avoir une vue d'ensemble de son entourage pour identifier d'autres personnes intéressées et les mettre en avant.
- Il faut s'engager à exprimer le projet de la guilde tel qu'il est, sans le mécomprendre ou le mystifier, en soulignant qu'il ne s'agit pas d'un mouvement politique, ni d'un parti, ni d'un groupe, ni d'une loge, ni d'une église ou d'une secte, mais d'une association d'hommes libres vouée à l'impersonnalité active et au soutien de quiconque agit correctement sans prétendre se substituer à autrui ni l'influencer.
- Il faut écrire à ga@gabrieleadinolfi.it et se mettre à disposition et/ou proposer quelque chose de constructif.
- Il faut faire connaître l'initiative, la diffuser par tous les moyens et à tout le monde.
- Il faut agir « sans attendre quelqu'un comme les moines l'abbé[4] ».
Pour donner vie au projet, nous avons bien évidemment besoin de trois choses :
De ressources humaines
Un minimum de financements
Des aides pour l'organisation
Les détails sur le site ou par mail comme annoncé plus haut. »
Gabriele Adinolfi
Traduction : Aymeric
Source : facebook - Gabriele Adinolfi Pagina Due
[1] NdT : sur la page facebook de Gabriele Adinolfi
[2]NdT : cf. l'article précédent. http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/11/23/retrouver-le-style-par-gabriele-adinolfi-5495986.html
[3]NdT : allusion au conte d'Andersen Le Rossignol et l'Empereur de Chine, dans lequel ce dernier croit pouvoir faire l'acquisition d'un rossignol mécanique au chant aussi mélodieux que l'authentique. Le conte est une métaphore sur l'impossibilité d'acquérir le talent d'autrui.
[4]NdT : n'attendre personne pour agir. Adinolfi dit « ci si muove senza aspettare che piova per bere ».
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Retrouver le style (par Gabriele Adinolfi)
NDT : Texte préliminaire à la création de la Guilde des lansquenets (Gilda dei lanzichenecchi), par Gabriele Adinolfi. Site à consulter ici.
"Retrouver le style : j'y reviens"
Trois jours après mon appel pour établir ensemble, via le recours à un style impersonnel, une issue de secours à la décomposition générale, j'observe un intérêt très nourri pour cette question. Je tiens à rappeler ce que j'ai déjà exprimé sur ce sujet et qu'on peut relire à tout moment (http://www.noreporter.org/index.php?option=com_content&am...), à savoir, que j'ai une idée en tête et que je la développerai le moment venu. Je désire cependant qu'il y ait une synergie, un échange. Pas seulement recevoir l'assentiment, ce qui est appréciable, mais aussi des suggestions et des propositions.
Je répète qu'il ne s'agit pas de construire des mouvements, des partis ou des coopérations, mais d'agir de façon impersonnelle et efficace pour renforcer la forme, le style. Nous devons produire et légitimer des choses excellentes, qui ne soient pas narcissiques, individualistes, pompeuses et arrogantes, mais qui se manifestent sur un mode quasi imperceptible.
C'est quelque chose à la fois de franciscain, de communautaire et d'efficace. L'idée consiste à agir pour imposer, silencieusement et sans parader, l'exemple solaire du désintérêt constructif.
C'est quelque chose qui possède donc la fluidité nécessaire pour surmonter de solides et paralysants obstacles, mais seulement cela, sans avoir la prétention de mettre tout le monde d'accord, ni de juger les choix de celui qui agit, ni encore moins de proposer de passer l'éponge sans distinction, ce qui aurait pour conséquence de mettre sur un même pied les hommes généreux et les profiteurs, les désintéressés et les polémistes, les assidus et les inconstants, les courageux et les lâches, les fidèles et les déloyaux.
C'est quelque chose qui assume plutôt la force irrépressible de la marée montante et qui est, de façon exemplaire, transversale, privilégiant partout où cela est possible la concorde à la discorde, le respect à la médisance.
C'est quelque chose qui devient synergie dans la vie de tous les jours, c'est-à-dire qui implique des opportunités en réseau, aussi bien sur le plan des initiatives que des échanges et des sollicitations.
C'est quelque chose qui intervient dans tous les domaines afin de les optimiser et de les améliorer, mais sans commettre aucune intrusion ni invasion. »
Gabriele Adinolfi
(Traduction par Aymeric)
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Croisade et Djihâd : Le problème de la guerre dans le christianisme et l’islam
"Dieu le veut !"
C'est par ce cri enthousiaste que, selon les chroniqueurs, les chevaliers présents à Clermont en novembre 1095 répondirent à l'appel d'Urbain II qui leur prescrivait, "pour la rémission de leurs péchés", d'aller combattre les infidèles et leur arracher par la force des armes le Saint Sépulcre, le tombeau du Christ, entre leurs mains depuis 638. Cet appel allait conduire à deux siècles de conflits effectifs en Terre sainte (1096-1291), avec leur cortège de massacres, de captivités et de souffrances diverses, mais plus encore à plusieurs siècles d'idéologie guerrière résultant de la formation d'un concept qui choque aujourd'hui les consciences chrétiennes : la notion de croisade, de guerre sainte.
Cette notion n'est pas née brusquement dans l'esprit d'Urbain II. Elle est l'aboutissement d'une lente évolution qui conduisit les chrétiens de la non violence primitive à la guerre sacralisée contre les "infidèles", les musulmans ; mieux vaudrait d'ailleurs parler de révolution, tant la métamorphose fut ici radicale. Mais elle s'accomplit en plus de 1000 ans, et non sans déchirements.
L'islam, pour sa part, ne connut pas semblables tiraillements. La notion de "guerre pour la foi" y fut acceptée dès l'origine et on peut même considérer qu'à l'époque de la première croisade l'élan primitif du djihâd s'était quelque peu affaibli. Ainsi, paradoxalement, c'est la croisade qui en rejoignant le djihâd né bien avant elle, 370 ans plus tôt, contribua à le relancer en terre d'islam. Les braises n'en sont pas encore éteintes aujourd'hui. Raison de plus pour tenter de comprendre l'origine et l'évolution de ces deux notions concurrentes.
Jésus, Mahomet et la guerre
Même si Jésus ne fut pas le "doux rêveur parcourant les collines de Galilée"qu'imaginait Ernest Renan, il est établi que son message et son attitude furent, tout au long de sa vie, conformes à une exigence rigoureuse : celle d'une absolue non violence. Il affirme en effet que son royaume n'est pas de ce monde, et qu'on le gagne par la soumission aux autorités (alors païennes !), par l'amour de ses ennemis, même au prix du martyre ; il ajoute que quiconque prendra l'épée périra par l'épée : c'est ainsi qu'il refuse d'entraîner dans un coup de force les milliers de pèlerins qui, rassemblées à Jérusalem pour célébrer la Pâque, voient en lui le "roi qui vient" et veulent le porter au pouvoir. Refusant de mêler la foi au politique, il se retire alors à Béthanie, décevant ainsi ses partisans qui l'abandonnent ; arrêté par les soldats romains, il refuse de se défendre, interdit à ses disciples de le faire, et se laisse crucifier, priant même pour les bourreaux qui le clouent sur la croix. Il y a donc chez Jésus un double refus : celui du pouvoir politique, celui de l'usage des armes et de la violence. Rien de tel chez Mahomet qui, dès l'origine, se manifeste à la fois comme prophète de Dieu et chef de guerre avant de devenir chef d'état ; Mahomet n'établit jamais de distinction entre action religieuse et action politique, et n'éprouve aucune réticence à l'usage de la force armée contre ses ennemis, confondus avec les ennemis de la foi. Il prend part à plusieurs combats, les armes à la main, et dirige la plupart des batailles livrées selon ses directives par ses adeptes contre les tribus juives des alentours, puis contre les tribus arabes païennes. Il ne recule pas non plus devant l'assassinat politique, faisant ainsi "liquider" ses adversaires (par exemple les poètes arabes qui l'avaient dénigré dans leurs œuvres). L'usage des armes pour le triomphe de sa cause lui paraît donc tout à fait légitime, tout comme le butin, prise de guerre ; après la victoire, sur ordre du Prophète, ses guerriers tuent les hommes, prennent femmes et enfants comme esclaves et se partagent les biens des vaincus; une révélation coranique vient même établir les règles du partage : le Prophète, outre sa part individuelle, recevra deux dixièmes du butin total qu'il répartira ensuite à parts égales, un tiers pour lui-même, un tiers pour sa famille, un tiers pour les pauvres et orphelins. C'est dire que la guerre ne pose aucun problème de conscience au Prophète; il n'hésite d'ailleurs pas à promettre le paradis aux guerriers de l'islam qui viendraient à mourir dans le djihâd, la lutte armée contre les infidèles. Tabari rapporte à ce sujet cette anecdote : avant le combat de Bedr, Mahomet exortait ses soldats, en leur disant que, pour gagner le Paradis, il ne leur fallait que le martyre. Entendant cela, Omaïr, qui mangeait une poignée de dattes, les jeta en disant : "S'il en est ainsi, j'ai assez d'une date jusqu'à ce que j'entre au Paradis" ; il se lança dans la bataille, tua plusieurs ennemis et trouva la mort lui-même. On le voit, les idées de guerre sainte et de Paradis promis à ceux qui mourraient en combattant les infidèles sont bien présentes dès les origines même de l'islam.
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La machine à broyer les identités : quand la tolérance finit en intolérance (II/VI)
Henri Hude sur Liberté politique, 2e partie :
"La théorie postmoderne de la justice (celle de John Rawls) postule que la décision juste est celle que prendrait un individu méthodiquement sans identité (la théorie prévoit qu’il fera une loi ne brimant aucune des identités – voir article précédent). La théorie prévoit que cet individu sera neutre, impartial, intéressé à l’équité et à l’égalité entre les identités. Malheureusement, l’expérience contredit la théorie. Voici ce qui se produit en fait : la diversité postiche devient une monoculture libertaire [1].
L’INDIVIDU qui se veutméthodiquement« sans identité » devient un individusystématiquementanti-identité. Plus encore, il se retrouve bientôtdoté d’une identité négative.
Il voulait,par méthode, être neutre, impartial, équitable entre tout, pour être juste. Il en vient,par principe, non plus à tolérer n’importe quoi, mais àfavoriser LE n’importe quoi.
Il se voulait au-dessus des partis et voilà que nous le découvrons a priori du parti de la négation de tout ce qui est, du côté de l’affirmation de la destruction et du néant.
En un mot, comme il est impossible à l’homme de ne pas avoir d’identité et de ne pas décider par identité, cet individu qui voulait être méthodiquement neutre entre tout se retrouve systématiquement partisan de l’anti-tout. Il se retrouve muni d’une identité dont le contenu est de vouloir différer de toutes les autres et de les nier toutes.Et le seul contenu positif de cette absurdité, c’est le néant.
Le nom d’un tel système, c’est le nihilisme.
L’évacuation des diverses identités (non-nihilistes) a donc juste laissé la place à une unique identité nihiliste. Et l’imposition de la monoculture nihiliste se fait sous couvert d’une méthode impartiale et sous prétexte de respecter la diversité. Mais de diversité, il n’y en a pas. Nous sommes tous unis dans une diversité postiche. Il n’y a qu’une seule pensée, nihiliste ; une seule culture, nihiliste ; un seul ordre moral, nihiliste. Et vous avez le droit de penser absolument n’importe quoi, à condition de penser que ce n’est que n’importe quoi. Par conséquent, vous n’avez pas le droit de croire à quelque chose, mais seulement le droit de croire à N’IMPORTE QUOI, c'est-à-dire en RIEN.
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