La psychologie au sens premier est la connaissance de l'âme ; on dit maintenant la science du psychisme. La psychologie fait peur car les hommes ont peur d'être dévoilés aussi bien aux autres qu'à eux-mêmes.
Le « Connais-toi toi-même » grec est difficile à assumer. Le mystère est plus rassurant. Les hommes plus que les femmes affichent une hostilité ou un mépris face à ce « savoir ». Les femmes ont-elles plus la fibre psychologique ?
Il suffit d'observer les amphithéâtres où l'on enseigne cette matière pour découvrir un public essentiellement féminin, la population masculine étant quasi-inexistante. Kant déjà donnait une importance mineure à cette matière car elle n'était pas mathématisable. Le doute sur la scientificité de la psychologie subsiste encore de nos jours pour certains. On fait encore la distinction entre sciences dures et sciences molles. Même si ces critiques sont essentiellement masculines, les fondateurs de la « science » psychologique ont été des hommes.
Wundt et l'introspection
L'introspection est l'analyse par soi-même de ce qui se passe en nous-mêmes. Kant la critiquait car pour lui on ne peut s'observer soi-même.
On ne peut à la fois être celui qui analyse et celui qui est analysé. Pourtant elle a été développée par le psychologue allemand Wundt. L'intérêt au-delà des critiques est la description par exemple des conflits intérieurs.
Le fait de se connaître permet aussi de mieux connaître autrui. L'introspection pour un freudien ne peut accéder à l'inconscient. L'intériorité est aussi difficile à exprimer par le langage.
L'analyse de notre introspection est liée à notre intelligence, intuition, perspicacité et culture donc très subjective ainsi que de nos jugements moraux et sociaux.
Pour la phénoménologie de Husserl « Toute conscience est conscience de quelque chose » donc tournée vers le monde extérieur et non vers soi-même.
L'introspection a donc ses limites pour la connaissance de soi-même. On peut par exemple aussi se découvrir par nos actes.
Le behaviorisme
C'est la psychologie du comportement ou de la réaction liée à l'environnement. On l'associe à John Watson qu'on résume ainsi à « stimulus-réponse ». Certains l'appliquèrent pour l'apprentissage comme Thorndike.
Le psychologue ne tient pas compte de la conscience.
Les psychologues de la réaction les plus connus furent Bechterew et Pavlov. Le behavioriste ne tient pas compte des états mentaux.
L'étude du « réflexe conditionné » de Pavlov est bien connue (le chien de Pavlov).
La philosophie du behaviorisme est de ne se tenir qu'à l'observable et au mesurable. On étudie la réponse à des stimuli :
S -------► R ou S-------► 1------- ► R
S : Stimuli I : Individu R : Réponse
Le cognitivisme
Le cognitivisme va se déterminer en opposition au behaviorisme. Cette remise en cause a commencé avec un article de George Miller. La capacité humaine ne pouvait estimer ou mémoriser des stimuli au-delà de sept.
On se mit à étudier la structure interne de l'esprit. Von Neumann fera un parallèle entre l'ordinateur et le cerveau.
Le cognitivisme, né au milieu du XXeme, siècle devient un processus de traitement de l'information.
Piaget
Après une formation de biologiste le savant suisse s'intéressera aux processus cognitifs de l'enfance.
Pour le psychologue, les catégories fondamentales de la connaissance (espace, temps, ...) ne sont pas données mais construites ce qui le différencie de Kant. Piaget est aussi un structuraliste. Il a, à partir de l'observation de ses enfants, beaucoup étudié le développement intellectuel et cognitif de l'enfance. Il définira l'assimilation (les éléments du monde entrent dans la structure cognitive de l'enfance) et l'accommodation (on modifie sa structure cognitive). On arrive ainsi à « l'équilibration ».
Piaget distinguera plusieurs stades de l'intelligence :
l'intelligence senso-motrice jusqu'à un an et demi,
l'intelligence opératoire jusqu'à 11/12, et ensuite le stade des opérations formelles (adolescence).
Avec Piaget, la psychologie de l'enfance s'est très développée.
John Bowlby
Le psychologue anglais a étudié les souffrances enfantines. La « carence des soins maternels » peut aboutir à de graves conséquences.
Bowlby étudiera l'attachement d'un enfant à sa mère et l'angoisse de la séparation.
Plus que la sexualité, Bowlby mettre l'accent sur l'affectif: « la propension des êtres humains à établir des liens affectifs puissants avec des personnes particulières ».
Jung et la psychologie analytique
La psychologie analytique se distingue de la psychanalyse freudienne puisque Jung s'est séparé de son maître. Elle s'appuie sur des concepts jungiens dont les plus caractéristiques sont :
- l’archétype « forme instinctive de représentation mentale » présente chez tout individu. Ces archétypes conditionnent les comportements ;
- l’inconscient collectif. Jung se différencie de Freud qui n'analysait que l'inconscient personnel ;
- l’introversion et l’extraversion ;
- la synchronicité, ....
La psychologie sociale
L'individu agit dans une société et on ne peut séparer les deux. Serge Moscovici (père du ministre de l'Economie) définit la psychologie sociale comme la science du conflit entre l'individu et la société. Il donne plusieurs exemples comme la résistance aux pressions conformistes, le conflit entre un leader et son groupe ...
Les domaines d'étude de la psychologie sociale sont vastes comme la conformité et l'obéissance, le suivisme, la conversion ...
En tout cas, on retrouve dans cette discipline la vieille opposition entre l'individu et le collectif. Il y a interconnexion entre la psychologie et la sociologie, ne serait-ce que l'homme ne se comporte pas de la même façon en groupe.
Conclusion
À côté de la psychologie « savante », chacun a une fibre psychologique propre qui lui permet de juger et reconnaître certains traits de caractère à partir de son propre vécu. On se fie souvent plus à son jugement qu'à celui d'un professionnel qui est un avis parmi d'autres. Il faut aussi parler de la psychologie clinique dont le but est de soigner les souffrances psychiques. Il existe une concurrence entre les psychologues et les psychiatres, ces derniers ayant l'avantage d'avoir leur consultation remboursée par la sécu, tout au moins en France, ce qui pour le public est un gage de véracité ! Le soin psychologique peut aussi être pharmaceutique. La psychologie nous apprend que l'homme n'est pas uniquement un être rationnel. Elle permet aussi de différencier les individus qui nous entourent et nous protège en les identifiant par exemple les pervers narcissiques ou les psychopathes.
Patrice GROS-SUAUDEAU