LA HALDE, cette fameuse Haute Autorité contre les discriminations, doit réellement craindre de sombrer dans le désœuvrement. C'est sans doute pourquoi elle multiplie tous azimuts les études charlatanesques sur les injustices de pacotille salissant selon elle la sacro-sainte République. Si elle s'ennuie trop, nous pourrions fournir à la HALDE quelques pistes de recherches telles : « les homos et le camping », « les homos et le football amateur », « l'homophobie sur l'Ile de Ré » ou, pour changer de registre et cette fois plus judicieusement peut-être, « le racisme contre les blondes (et les blonds) », ou encore « la mise à l'écart par leurs camarades des rouquins au sein des écoles maternelles de la République ».
Le dernier rapport en date, dirigé par Christophe Falcoz et déjà publié par La Documentation Française (qui a décidément du temps et du papier à gaspiller), ne se distingue pas par sa pertinence puisqu'il est consacré à l'un de ces thèmes caricaturaux, l'homophobie dans l'entreprise, qui constitue, comme chacun le sait, une menace terrible, un prélude angoissant à de futurs massacres fascistes ... Mais derrière les mots anxiogènes, derrière les emphases obligatoires du progressisme tout-puissant se cache une réalité sans démons, sans pogroms et sans victimes. C'est certainement la raison pour laquelle le terme d'homophobie, du reste sémantiquement grotesque, n'est utilisé qu'avec parcimonie par l'auteur qui lui préfère les vocables "novateurs" d'hétérocentrisme ou de microdiscrimination (sic), ou l'expression perverse et kafkaïenne d'« homophobie implicite ». Force en effet est de constater que les divers malheurs mis en exergue par l'enquête sont pour le moins subjectifs, semblant relever d'une sensibilité homo excessivement chatouilleuse.
La conséquence extrême de cette volonté de trouver une violence même symbolique là où elle n'existe pas est l'illogisme de l'argumentation. « Les enquêtes confirment ( ... ) la faible prise en compte de l'orientation sexuelle dans les politiques RH déjà constatée par la HALDE notamment » avance ainsi l'analyste. Ce qui est une information surprenante dans la mesure où l'on pensait jusque-là que c'était l'inverse qui était considéré comme scandaleux. Désormais, apprend-on, les invertis ressentiraient le besoin de « se dévoiler », d'affirmer leur identité via le coming-out, de répandre la bonne nouvelle autour d'une pizza avec leurs collègues au sein de l'entreprise comme ils le firent auparavant avec Tata, pépé et leurs cousins de gauche dans un petit resto coquet. Dans le même temps, ils prétendent étouffer dans cette société hétérocentriste où régnerait en revanche le « tiers-mondisme intellectuel » et où ils doivent « passer entre les gouttes vitriolées de l'homophobie implicite ». Diable ! Quel dilemme! Comment concilier leur sécurité tout en affirmant leur glorieuse identité ?
La tâche est rude, d'autant plus que les homosexuels (en particulier ceux interrogés dans cette étude, et, en tout cas, ceux-là) considèrent toutes les critiques qui leur sont faites comme des agressions. 32 % des gays se plaignent des remarques concernant leur coiffure ou leurs accessoires. 40 % ont souffert de celles ayant trait à leur tenue vestimentaire et 26 % pensent avoir été moqués en raison de leurs gestes et attitudes corporels ... On appréciera la gravité du fléau ...
Lisons le témoignage de l'une des victimes interviewées par notre fin analyste : « Quand on ne s'intéresse ni au foot, ni aux voitures ( ... ) on n'est pas dans ce cercle de subjectivité et on est écarté des promotions. ( ... ) Ces managers ne me trouvent pas assez sociable uniquement parce que je ne m'intéresse pas aux mêmes choses qu'eux. C'est une forme sournoise, car pas déclarée, d'homophobie. » Mais quid des hétérosexuels renforcés que le ballon rond ou les performances des bagnoles à la mode laissent de marbre ? Ne sont-ils pas eux aussi discriminés ? Un homosexuel atteint du VIH se dit constamment enquiquiné par son médecin du travail (catholique précise-t-il). « Un médecin homophobe alors que très tolérant avec les alcooliques qui sont pourtant, affirme-t-il sans sourciller, totalement improductifs ». Où l'on peut parler d'une tolérance à géométrie variable ... Enfin, le rapport insiste sur la situation dramatique vécue par les lesbiennes qui cumuleraient les handicaps sociaux : l'homosexualité et leur statut de femme. Nous n'osons imaginer l'enfer dans lequel évoluent selon la HALDE les lesbiennes noires, obèses et naines. Qui défendra ces malheureuses ?
François-Xavier ROCHETTE. Rivarol du 11 avril 2008