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GRECE est de retour archive 1993

• Dans l'équipe - qui après le départ de Serge de Beketch et de Vincent Acker, va animer la nouvelle formule de Minute (retour à l'ancien format, liquidation du titre La France, etc.) les rédacteurs venus du GRECE, ou sensibies à son influence, ne manquent pas : Jean-Claude Valla, directeur de la rédaction, Michel Marmin, chargé de coordonner les différents problèmes du groupe « Pencio », Jean-Jacques Moureau, Dominique Venner, proche du GRECE. (1)
Le maître à penser du GRECE se nomme Alain de Benoist. Je l'ai connu vers 1968, alors qu'il appartenait à Europe-Action, groupe nationaliste dirigé par Dominique Venner, et qu'il dirigeait sous le pseudonyme de Fabrice Laroche un modeste bulletin, L'Observateur Européen. Modeste, mais bourré de renseignements, un peu comme l'Encyclopédie politique de Ratier. De renseignements internationaux, car à vingt-cinq ans, le jeune de Benoist avait déjà constitué un réseau international, où figuraient quantité d'universitaires ou intellectuels de nombreux pays.
Après la dislocation d'Europe-Action, l'essor d'Alain de Benoist commence. Il lance une revue très fortement documentée, Nouvelle Ecole, puis Eléments, et le GRECE. Il devient un chef d'école et, autour de lui, gravitent des hommes comme Jean-Claude Valla, Michel Marmin, Patrice de Plunkett, Alain Lefebvre, Philippe Conrad, Yves Christen, etc.
L'idée de de Benoist n'est pas seulement de constituer une école de pensée, mais d'infiltrer et de contrôler tout le secteur culturel, stupidement abandonné par les gaullistes à la gauche, essentiellement à la gauche communiste.
De Benoist a lu le communiste italien Gramsci. La thèse de Gramsci, c'est qu'avant de s'emparer du pouvoir politique, il faut d'abord s'emparer du secteur culturel, contrôler les élites. C'est une thèse non orthodoxe, que les directions communistes n'acceptent pas officiellement, mais que, dans Ia pratique, elles développent parfois.
Alain de Benoist veut être un Gramsci français de droite.
A mon avis, il oublie une chose ; c'est que l'investissement du secteur culturel, l'Education nationale, les journaux, les maisons d'édition, le cinéma, le théâtre, la musique etc. suppose une structure terriblement hiérarchisée, telle que, par exemple, les bureaux politiques dans différents partis communistes. Les divisions, les divergences sont en effet constantes, et il faut une volonté dé fer pour maintenir la « ligne ».
La Nouvelle Droite n'a pas ces capacités.
Il reste qu'Alain de Benoist et ses amis commencent à affirmer leurs idées, qu'ils prennent en main les pages culturelles de Valeurs Actuelles et de Spectacle du Monde. Puis, à la fin des années 70, nouveau bond en avant. Ils investissent Le Figaro Magazine et Pauwels devient, en quelque sorte, leur « gourou » officiel
Percée trop rapide. Faute tactique. La gauche ne s'était intéressé que de loin en loin à la Nouvelle Droite, au GRECE, à Nouvelle Ecole, etc. Mais la gauche a toujours besoin de « monstres». Viennent les élections européennes de 1979. La liste de droite avec à sa tête Michel de Saint-Pierre n'a pu se constituer, faute d'argent. La gauche a besoin d'un succédané. Avec horreur (feinte, bien sûr), elle découvre que « la bête immonde » renaît au Fig-Mag « avec l'ancien nazi Hersant et le néo-nazi Alain de Benoist ».
La suite est quasiment automatique.
Hersant craint sans doute de perdre des marchés publicitaires. Il invite Pauwels à régler ce problème au plus vite. Le contrôle du GRECE à la tête du Fig-Mag s'effondre.

L'échec de Magazine-Hebdo

Les « grecistes » vont tenter de prendre leur revanche en lançant une publication luxueuse: Magazine-Hebdo avec Alain Lefebvre, Valla, Marmin. L'objectif est de porter un coup sévère au Fig-Mag et de « manger » des lecteurs au Point et à Minute.
L'argent ne manque pas. On trouve des panneaux publicitaires jusqu'à Bobigny avec ce slogan : « A Droite tranquillement ».
Derrière ce financement, il y aurait eu Chirac qui vient d'ailleurs au coktail d'inauguration.
Il faudrait 80 000 à 100 000 acheteurs pour que Magazine-Hebdo tienne la route. On n'atteint pas cet objectif. Et puis, il y a quelques papiers qui déplaisent (pourquoi ?) au lobby publicitaire, qui coupe les crédits.
Sur la fin, le pauvre Lefebvre est contraint de publier une pub pour la vodka soviétique.
Après la chute de Magazine-Hebdo  : le GRECE va se disperser. Est-ce la fin de l'aventure ? Non. Alain de Benoist continue à garder des contacts avec ses anciens compagnons. Il rédigerait, sans le signer, un des éditoriaux de La Lettre de Magazine-Hebdo.
Bizarrement aussi, on le verra participer à un colloque où figurent des personnalités communistes qui ne bronchent pas.
L:attitude des communistes français apparaît moins étrange si l'on sait qu'Alain de Benoist a pris contact - selon Le Monde Diplomatique de janvier - avec les « conservateurs » russes.
Il convient, avant tout, de savoir ce que désigne le terme de conservateurs en Russie : tout simplement les anciens bolcheviks (faut le faire !) et des nationalistes russes type Pamiat, cette organisation antisémite qui était financée par le KGB sous Brejnev, ce que j'ai révélé dans un article de Minute de la fin des années 70.
Dans la revue russe" Dien" on défend les putschistes emprisonnés. Un des objectifs. communs aux nationalistes et aux communistes est de recréer une grande Russie impérialiste.
Dans ce milieu Alain de Benoist fait un peu figure de « gourou ».
C'est le même Alain de Benoist qui, dans une longue interview accordée à la revue Les Dossiers de l'Histoire, prié de donner son opinion sur les thèses du Front national, répondait - ce que nous avons relaté dans notre numéro du 6 août :
« Les thèses du Front National, personnellement, me soulèvent le cœur ».
 (1) Par contre, Jean-Pierre Cohen n'appartient pas à cette école de pensée.
Roland GAUCHER National Hebdo du 4 au 10 février 1993

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