L'Intelligence étant la valeur suprême pour la société, tout le monde voudrait être intelligent ou à défaut le paraître. On la relie à la réussite scolaire et sociale. On lui a donné une multitude de définitions comme la faculté d'adaptation. Mais des poètes comme Rimbaud ou Baudelaire ou le génie mathématique Evariste Galois étaient-ils adaptés à leur société ? Les définitions de l'intelligence sont donc toujours insatisfaisantes ou incomplètes. Faut-il la différencier de l'imagination ou de la créativité ?
Politiquement, idéologiquement son analyse n'est pas neutre car elle peut servir à légitimer des positions sociales. On a même fait des études sur le quotient intellectuel en fonction des groupes raciaux. Il y a toujours sur cette question la controverse entre l'inné et l'acquis. Quels sont les parts de chacun ? Les chiffres que l'on donne (50-50) ou (80-20) ont-ils une réelle signification ? Au niveau d'un pays est-elle liée à son système éducatif ? La question de l'intelligence n'est pas innocente et bien sur ses interprétations sociales ou biologiques.
Le cerveau
Le cerveau est extrêmement complexe et relier l'intelligence à certaines parties ou gènes est risqué. Le fonctionnement est encore mal connu. On sait qu'il y a deux hémisphères, un gauche qui est celui de la logique et de la rationalité et un droit celui de l'intuition, du sensible, de l'émotion... Nous avons cent milliards de neurones qui peuvent être reliés par des connexions (10 000 possibles par neurone). Le nombre de connexions est lié à l'intelligence. Si le cerveau représente 2% du corps il dépense 20% de l'énergie corporelle. Il faut donc le nourrir, d'où l'importance d'une nourriture variée pour son développement et son fonctionnement. Ceci est un problème pour certaines régions de la planète.
Analyse de l'intelligence
Beaucoup d'auteurs ont cherché à analyser l'intelligence. Nous allons en étudier deux, Gardner et Piaget.
Gardner - Plutôt de considérer l’intélligence comme un tout que quelqu'un posséderait à différents degrés, Gardner a donné différentes catégories d'intelligence.
L'intelligence loqico-mathématique. C'est la plus valorisée dans notre société technico-scientifique. C'est souvent celle que l'on mesure dans les tests Q.I.
L'intelligence spatiale. Elle est utilisée pour les géographes, peintres, dessinateurs, architectes, pilotes...
L'intelligence interpersonnelle : la façon dont on comprend les autres et d'agir de façon adaptée.
Elle regroupe ce qu'on pourrait appeler l'intelligence psychologique. Elle est très utile pour les commerciaux, les politiques, les enseignants...
L'intelligence corporelle : elle a été dévalorisée pendant longtemps en Occident avec la survalorisation du « clerc » ou de l'intellectuel. Le corps servait à porter la tête. L'intelligence corporelle est développée et nécessaire pour les danseurs, sportifs, artisans, chirurgiens...
L'intelligence verbale et linguistique. À l'école elle est le complément de l'intelligence logico- mathématique. C'est bien sur celle des écrivains, des politiques, avocats...
L'intelligence intra personnelle. Elle permet de bien se connaître. On agit en fonction de ses atouts et faiblesses. On retrouve le « connais-toi - toi même » de Socrate. C'est donc aussi savoir faire une bonne introspection.
L'intelligence musicale. Elle va de celle capable de reconnaître les mélodies jusqu'à être capable de créer et innover parfois jusqu'au génie comme les grands musiciens.
L'intelligence existentielle ou philosophique. C'est l'aptitude à perpétuellement questionner, bref, l'ouverture d'esprit à toutes les questions « intellectuelles ».
On donne aussi l'intelligence naturaliste comme celle que peut posséder quelqu'un à l'aise dans la nature.
Ajoutons la créativité qui est une conséquence puisqu'être intelligent uniquement pour l'être n'a pas de sens.
Piaget - Le psychologue suisse a étudié l'intelligence dans sa temporalité ou son développement. Il a donné sa définition de l'intelligence. « Définir l'intelligence par la réversibilité progressive des structures mobiles qu'elle construit, c'est donc redire, sous une nouvelle forme, que l'intelligence constitue l'état d'équilibre vers lequel tendent toutes les adaptations successives d'ordre sensorimoteur et cognitif, ainsi que tous les échanges assimilateurs entre l'organisme et le milieu ».
Pour l'enfant Piaget distingue plusieurs stades avant l'adulte.
Stade de l'intelligence sensori-motrice - 0-2 ans
Stade de l'intelligence préparatoire - 2-6/7 ans
Stade de l'intelligence opératoire - 6/7-11/12 ans
Stade de l'intelligence formelle - 12- adulte.
Les tests de quotient intellectuel
Au XIXème siècle on a beaucoup mesuré les capacités crâniennes pour faire des moyennes entre les différents groupes « raciaux ». De nos jours les tests Q.l remplacent ces anciennes pratiques, ce qui n'empêche pas de faire les deux. Ces fameux tests déchainent les passions. Soit on cherche à les mettre en bouillie car ils dérangent, soit ont leur donne une valeur absolue et même héréditaire. Il existe toute une littérature qui différencie les races par leur Q.l et capacité crânienne.
Les racialistes (certains disent racistes) peuvent se délecter de cette littérature. Les environnementalistes prônent que l'intelligence est essentiellement due à l'environnement socioculturel à la différence des innéistes.
De façon intuitive, l'environnement joue un rôle certain. Pourquoi les innéistes cherchent les meilleures écoles pour leurs enfants ? Nous exposons un tableau que l'on trouve fréquemment dans cette littérature. Il ne sert à rien de le dissimuler.
|
Q.I. moyen |
Capacité crânienne moyenne |
Asiatiques de l'Est |
106 |
1416 |
Caucasien européen |
100 |
1369 |
Asiatiques du Sud-Est |
87 |
1332 |
Pacifique |
85 |
1315 |
Nord-africains et moyen-orientaux |
84 |
1293 |
Africains subsahariens |
67 |
1282 |
Aborigène d'Australie |
62 |
1282 |
Si on a divisé les Asiatiques de l'Est et du Sud-Est, il est curieux qu'on ne l'ait pas fait pour les Européens. Les Européens des pays du Nord ont un Q.l moyen égal à 107 comme pour l'Allemagne et les Pays-Bas, 106 pour la Pologne contre 94 pour la France. On ne voulait sans doute pas mettre des « blancs » en haut de l'échelle.
Hans Eysenck fut un de ceux qui ont le plus étudié l'intelligence. Il a déchainé les passions. Il fut physiquement agressé. Ceci dénote la haine que peut susciter l'idée de l'intelligence non également distribuée aux hommes. Lorsqu'il a étudié la corrélation entre la race et le Q.l il a touché à un tabou. Rappelons qu'Eysenck était d'origine juive allemande et viscéralement antinazi.
L'étude de l'intelligence n'est pas innocente. Tous les hommes la revendiquent avec la dernière énergie et pourtant ils sont parfois attirés par son opposé : la bêtise reposante, la médiocrité rassurante, les plaisanteries bien grasses...
L'intelligence fait peur et elle fatigue. L'homme souvent préfère avoir des activités disons les plus simples et répétitives. Les jeux télévisés par exemple sont de plus en plus débiles. On peut gagner des millions en tournant la roue. Les chansons et musiques participent pleinement à cette débilité ambiante. Les salaires de certains sportifs au Q.l souvent très limité atteignent des sommes astronomiques (même s'il faut leur reconnaître une intelligence corporelle). Si l'intelligence a des atouts certains» la « connerie » et la médiocrité sont encore des valeurs sures.
PATRICE GROS-SUAUDEAU