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La mort programmée de l'agriculture française

En acceptant de plafonner les aides directes en 2006 et ce, jusqu'en 2013, pour sauver l'élargissement de l'Europe à 10 nouveaux États membres, Chirac a délibérément sacrifié l'agriculture française.
Comment pouvait-il imaginer que le commissaire Fischler abandonnerait ses propositions de réforme de la PAC et que les Américains, appuyés par les pays agricoles exportateurs du groupe de Cairns, ne nous imposeraient pas des sacrifices supplémentaires. 
❏ La réforme de la PAC
Fischler, un moment décontenancé par l'accord Chirac-Schroder, est revenu avec de nouvelles propositions tout aussi inacceptables. En ce qui concerne la modulation, les exploitations recevant moins de 5 000 euros conserveront intégralement leurs primes. En revanche, ceux qui touchent entre 5 000 et 50 000 euros verront leurs primes réduites de 12,5 % entre 2006 et 2012 et ceux qui touchent plus de 50 000 euros subiront une ponction de 19 %. C'est un impôt sur le revenu déguisé!
Quant au découplage, il reste au cœur de la réforme avec un paiement agricole unique (que l'on produise ou non) pour chaque exploitation avec comme période de référence 2000/2002. On voit bien les dangers du système : spéculation foncière, démobilisation des producteurs, destination incertaine des aides lors d'une vente ou d'un partage.
En plafonnant les dépenses agricoles, Chirac réduit l'influence de l'agriculture française dans une Europe à 25 et contraint de nombreux agriculteurs à mettre la clé sous la porte au moment où l'augmentation de la population mondiale et la sécheresse nous ouvrent de nouveaux marchés.
❏ L'OMC
À l'approche de la réunion de Cancun (Mexique) en septembre 2003, les choses bougent au sein de l'Organisation mondiale du commerce. Deux secteurs retiennent notre attention : l'agriculture et les services.
Pour pouvoir négocier directement avec les Américains, le commissaire Lamy veut avoir les mains libres (il agit sur mandat de négociation des États membres), c'est-à-dire souhaite que la politique commerciale de l'Union soit décidée à la majorité qualifiée. Si c'était le cas, la France serait mise en minorité sur l'agriculture, l'exception culturelle ou les services publics.
Pour l'instant, les négociations ne concernent que les services marchands à l'exception des services publics, de l'éducation, de l'eau, de la santé et de la culture. L'affrontement avec les Américains sera inévitable d'autant qu'ils voudront faire payer à la France, à l'OMC, sa position à l'ONU sur l'affaire irakienne. Ce jour-là, nous aurons peu d'alliés.
La partie semble mal engagée pour la France car l'Union a été la seule à faire des concessions tant en matière agricole (réduction de 36 % des droits de douane, diminution de 45 % des restitutions à l'export, et baisse de 55 % des soutiens internes) qu'au niveau des services (énergie, télécommunications, services postaux, transports ... ). Si elle veut encore exister, la France doit garder son droit de veto à l'OMC comme elle menace de l'utiliser au Conseil de sécurité de l'ONU. Les concessions à perpétuité, ça suffit !
✍ Olivier Destouches FDA juillet 2003

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