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ERNST JÜNGER : PRÉSENT !

Dans sa cent-troisième année, l'ancien combattant de la guerre 14-18 est mort. L'écrivain allemand au beau visage distingué avait presque traversé dans sa totalité le XXème siècle (il était né dans la ville célébrissime de Heidelberg).
Son oeuvre et son engagement politique d'avant la seconde guerre furent controversés et il a du subir la bave haineuse de la gauche allemande même si l'écrivain devait en rire avec morgue en pensant que François Mitterrand l'admirait beaucoup, lui qui n'avait sans doute pas compris dans toute sa profondeur la portée politique et idéologique de l'oeuvre.
L'ancien soldat de retour du front avait écrit « Orages d'acier », livre qui exaltait la guerre, Elle permettait à l'homme de se réaliser, de se métamorphoser et de se confronter au plus grand des défis. Elle est en quelque sorte la mère de l'homme (« la guerre notre mère »), Cela nous rappelle Mussolini lorsqu'il en vantait aussi les vertus curatives : « elle guérit de la tremblote ». L'idéal guerrier et chevaleresque, sa spiritualité inhérente étaient loués au plus haut point. Jünger dans son livre la mobilisation totale avait même inversé Clausewitz : la politique devenant la continuation de la guerre.
A notre époque où la guerre peut devenir une guerre presse-boutons l'idéal guerrier n'est pourtant pas mort. Nous devons être des guerriers politiques, culturels et idéologiques, De nos jours, il n'y a plus de front. Le combat est partout dans nos villes, nos banlieues, nos quartiers, nos rues, nos immeubles, à l'école, au travail...
Jünger était avant tout un écrivain mais avait un peu étudié la philosophie. On ne peut parler de lui sans faire référence aux deux philosophes assez proches sur le plan politique (avec bien sûr des nuances) Nietzsche et Heidegger.
On trouve des thèmes récurrents aux uns et aux autres assez proches. Jünger avait bien sur lu Nietzsche et avait personnellement connu Martin Heidegger (ils habitaient la même région : le Bade-Wurtemberg en pays souabe).
L'idéal guerrier s'accompagne bien évidemment du mépris pour le bourgeois : peureux, couard, grelotteux, sans spiritualité, politiquement libéral-démocrate dont le seul but dans la vie est la recherche de la sécurité, du confort et du bien-être matériel. Tout ceci s'oppose aux valeurs héroïques du soldat : le courage, l'audace, l'acceptation du risque et de la hiérarchie. Le guerrier possède et domine cette violence parfois nécessaire pour accoucher de l'être, ceci s'appelle l'impératif ontologique de la violence.
Le bourgeois incarne socialement le « nihilisme européen » terme clef que nous allons expliciter. La peste spirituelle de l'Europe est le nihilisme. La France et sa culture droitdelhommesque, avec ses idéaux de gauche qui ont même empoisonné la droite en est le plus «bel» exemple et sans doute le pays le plus avancé dans ce domaine de décomposition spirituelle.
Les idéaux français ou européens des «Lumières» : droits de l'homme, raison, idéal scientiste, universalisme, économisme, moralité kantienne, conception abstraite de l'homme auquel on nie tout aspect charnel, égalitarisme qui implique la suspicion haineuse envers tout ce qui est créateur et libre. Bref tout ce qui est mortifère et l'apologie de tout ce qui détruit notre culture, notre pays, notre peuple. Les symptômes actuels de ce nihilisme sont une partie de la jeunesse européenne qui renie son pays, sa culture et se réfugie dans la drogue, le sexe, la débauche, ...
Nietzsche avait parfaitement vu que ces valeurs elles-mêmes étaient conformément à leur essence intrinsèquement nihilistes, leur état actuel de décomposition (voir la France actuelle) reflète leur potentiel de départ (et que cela ne vient pas comme le croient encore certains idéologues de gauche d'une baisse de l'idéal initial). Jünger et Heidegger par leur engagement politique de départ, même s'ils ont un peu divergé après, ont donc voulu dépasser le nihilisme européen : « Là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve ». Cette phrase résolument optimiste d'Hölederlin redonnait espoir à Jünger et à Heidegger.
L'engagement nationaliste était une façon de s'opposer sous une forme authentique au nihilisme européen qui obsédait tant les penseurs de génie européens. Pour eux, seule l'Allemagne pouvait avoir cette mission de renouveau spirituel. La défaite momentanée des mouvements nationalistes des années trente ne doit pas faire oublier leur origine intellectuelle, spirituelle et philosophique, le problème étant loin d'être réglé. Le nihilisme européen a atteint en France et en Europe un paroxysme et seul un mouvement nationaliste et spirituel fort pourra répondre à  cette menace persistante pour l'avenir de la France, de l'Europe et de l'Occident. 
Patrice GROS-SUAUDEAU

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