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Jacques Sapir : « L’Italie se prépare à des semaines très difficiles »

Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), l’économiste Jacques Sapir est un partisan déclaré d’une « dissolution concertée » de la zone euro.

Quel est le risque majeur qui pèse sur l’économie italienne ?

On voit très bien qu’on assiste désormais à une contraction du crédit (un « credit crunch ») qui menace pratiquement un tiers des PME italiennes de cessation d’activité. La Confindustria (NDLR : l’organisation patronale italienne) le dit depuis plusieurs semaines et ce n’est pas une exagération.


L’Italie se retrouve coincée par l’effet conjugué de l’effondrement de sa compétitivité, la chute de sa demande intérieure et l’absence de ressources pour faire de l’investissement. Avec une contraction du crédit de l’ordre de 4,5 % sur douze mois, cela veut dire que l’augmentation du nombre des mauvais payeurs va se traduire par une explosion des créances douteuses dans les bilans bancaires.

En quoi la décision du gouvernement Monti de rembourser 40 milliards d’euros d’arriérés de dettes de l’administration peut améliorer la situation ?

L’administration italienne l’a déjà fait par le passé. Cela a permis d’améliorer fictivement les comptes de l’Italie. Mais ce n’est pas la même chose de rembourser de 5 à 10 milliards d’euros d’arriérés de dettes et 40 milliards. Il va falloir laisser filer le déficit qui sera sans doute à 3,3 % du PIB en 2013. A Bruxelles, on conçoit bien que le pire serait un effondrement de l’économie italienne. Le problème est que lorsque l’Etat devient mauvais payeur, les acteurs économiques le deviennent aussi vis-à-vis de l’Etat. Le problème va se poser maintenant pour le successeur de Mario Monti. L’Italie se prépare à des semaines très difficiles. Elle n’est pas près de sortir de la récession, avec un recul probable du PIB de – 1,5 % à – 2 % pour 2013.

Quelle a été l’erreur majeure du gouvernement Monti ?

Le problème est que l’on ne peut pas s’attaquer à la fraude fiscale sans redonner de la liquidité aux entreprises. Il faut redonner aux entreprises ce qui a été prélevé, soit par une politique du crédit très laxiste, soit par un choc de compétitivité. Si on veut lutter contre l’économie souterraine, il faut en même temps redonner de la liquidité aux petites entreprises pour leur permettre de revenir dans la légalité. Or Mario Monti a fermé tous les robinets. Son erreur a été de penser que l’on peut prélever de 40 à 50 milliards d’euros par an sur une économie sans effets pervers au niveau de l’activité économique. Or on ne peut à la fois appuyer sur le frein, utiliser le frein moteur et le frein à main.

Les Echos   http://fortune.fdesouche.com

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