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Thèse, antithèse, synthèse : comprendre la dialectique marxiste

Thèse, antithèse, synthèse : tous élevés à l’école marxiste. Le concept appliqué à la politique française ou à Vatican II est saisissant de vérité.

Hegel

Idéaliste absolu, mais qui se prétendait réaliste, [le philosophe allemand] Hegel (1770-1831) pose que seules comptent les idées. Que parmi les idées, il y en a une qui est acceptée par tous : celle de l’Etat. Cette idée « universellement » acceptée, il l’appelle la Thèse, contre laquelle s’élève aussitôt l’Antithèse, l’idée qui nie la première.

De l’affrontement de ces deux idées, surgit une Synthèse, qui n’est ni la Thèse ni l’Antithèse et qui est pourtant (dit-il) l’une et l’autre.

Cette Synthèse devient à son tour la nouvelle Thèse, et le cycle recommence avec une deuxième Antithèse qui conduit à une deuxième Synthèse.

Le mouvement ne s’arrête pas. C’est la dialectique hégelienne.

Cette conception des choses va donner le premier caractère de l’action marxiste : c’est une action de guerre permanente, parce que toujours l’Antithèse doit combattre contre la Thèse.

Feuerbach

[Le philosophe allemand] Ludwig Feuerbach (1804 – 1872) est un disciple de Hegel. Il le conteste pourtant. Il va prôner au contraire le matérialisme absolu. Pour lui, seul compte et seul existe la matière. (…)

Ce matérialisme absolu détermine une autre caractéristique marxiste : si seule compte la matière, alors ceux qui parlent d’honneur, de vérité, de bonheur, de paix,… sont des marchands de vide, d’opium qui endorment les hommes.

L’homme, pour les matérialistes, n’est que 80 kg de matière au service de l’action. La souffrance, la tristesse, le déshonneur ne comptent pas non plus. La guerre est matérialiste : elle ne s’occupe plus d’aucune valeur, d’aucune règle morale. Seul compte le succès du Parti.

Engels et Marx

[Les juifs] Engels (1820 – 1895) et Marx (1818 – 1883) sont des disciples de Feuerbach. Mais si Marx est d’abord un « philosophe », Engels est un industriel. C’est lui qui a financé Marx. Ils ont tous deux les concepts de la dialectique matérialiste.

Engles veut appliquer cette vue des choses à l’Histoire. Il prend comme exemple la France :

-        la Thèse pendant longtemps en France fut la Monarchie.

-        Puis l’Antithèse vint, qui donna la Révolution.

-   Suivie de la Synthèse Napoléon : ni monarque, ni révolutionnaire, mais monarque révolutionnaire.

Selon Engels, la France est alors revenue en arrière par rapport au « sens de l’Histoire » du jour où elle a remplacé Napoléon par la Restauration et a ramené les Rois. Dès le début, la théorie se révèle donc fausse : non conforme au réel.

Quand Marx observe le capitalisme à l’état naissant, à Manchester par exemple, il a l’intuition que ce qui ne concerne qu’une partie limitée de l’Humanité est destinée à devenir la Thèse de demain. Les Anglais en effet ne représentent que quelques pour-cents de la population mondiale, et les capitalistes anglais ne sont eux-mêmes qu’une petite fraction de leur nation.

Marx déclare pourtant que le capitalisme va dominer le monde et qu’il va générer simultanément son Antithèse, le prolétariat. Pour lui donc, capitalisme et prolétariat vont se développer ensemble et de leur lutte va naître en Synthèse une société nouvelle, que Marx appelle le communisme.

Et il ajoute un mythe qui parodie la parousie du Christ : « ce sera la dernière Synthèse, la Synthèse finale, qui sera la fin de l’Histoire. »

Il n’y aura plus jamais de malheurs, de maladies, de crimes sur la Terre. C’est le mythe de la fin de l’Histoire, des « lendemains qui chantent », de l’arrivée au Paradis terrestre.

En attendant ce bonheur, Marx attribue tous les malheurs, toutes les guerres, tout ce qui va mal à l’exploitation capitaliste et à elle seule.

La guerre à mener devient donc unique.

André Frament – Connaissance élémentaire du trotskisme – 2002 http://bibliothequedecombat.wordpress.com

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