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L'UDI contaminée par les anciens sarkozystes de gauche

Rien ne va plus entre la base du parti de Jean-Louis Borloo et ses porte-parole médiatiques.
Avec trente députés et trente sénateurs, l'UDI de Jean-Louis Borloo a réussi à reconstruire un embryon d'UDF, en fédérant les radicaux, les chapelles centristes et le CNIP. Seuls cinq députés et un sénateur de ce nouveau parti lancé à l'automne dernier, ont voté en faveur du mariage homosexuel. Pourtant ses leaders, dont Jean-Louis Borloo lui-même, ont confisqué la parole médiatique sur le sujet, si l'on excepte les engagements très militants de Jean-Christophe Fromantin, député-maire de Neuilly et d'Yves Pozzo di Borgo, sénateur de Paris, qui ont lutté sans relâche contre le projet et manifesté à de nombreuses reprises au sein de la Manif pour tous.
En effet, si l'UDI regroupe en province les anciens bataillons de l'UDF, plutôt bourgeois et souvent catholiques, les icônes sarkozystes qui l'ont rejointe sont nettement plus progressistes. Ainsi Yves Jego, député-maire de Monterault-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), est un élu historiquement membre du RPR, puis de l'UMP : il n'a adhéré au Parti radical qu'en 2009 et n'a quitté l'UMP qu'en 2011. Cet ancien secrétaire d'État à l'Outre-Mer, de 2008 à 2009, a voté en faveur du mariage homosexuel.
Base provinciale contre bobos de Paris
Ancienne collaboratrice de Nicolas Sarkozy, Chantal Jouanno, au gouvernement de 2009 à 2011, a quitté fin 2012 l'UMP pour devenir adhérente directe de l'UDI, dont elle est devenue vice-présidente. Sénatrice de Paris depuis 2011, elle est la seule du groupe UDI-UC a avoir voté en faveur du mariage homosexuel, ce qui lui a valu d'être réveillée au petit matin par des militants du Printemps français.
Enfin Rama Yade, secrétaire d’État de 2007 à 2010, a ensuite rejoint le Parti radical, dont elle est vice-présidente. Elle n'est plus que conseillère régionale d'Ile-de-France. Musulmane, elle est néanmoins favorable au mariage homosexuel et a participé à la soirée de Pierre Berge le 27 janvier au théâtre du Rond-Point.
Le constat est clair : les déçus du sarkozysme, pour des questions de carrière et d'ambitions personnelles, ont « gauchise » l'UDI. Ce qui ne manque pas d'irriter la base provinciale du parti, qui râle ouvertement contre les « bobos de Paris ».
Morale de l'histoire : si Nicolas Sarkozy a permis à Patrick Buisson d'insuffler de saines idées de droite au sein d'une partie de l'UMP, il a aussi créé des créatures politiques gauchisantes qui contaminent aujourd'hui la direction du principal allié politique de cette même UMP.
C'est toute l'ambiguïté du dernier quinquennat qui resurgit dans cette affaire.
Antoine Ciney monde & vie  30 avril 2013

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