Je me suis longtemps demandé ce qui provoquait chez les dirigeants de la droite dite républicaine ce rejet haineux du Front national, que l’on ne constate pas pour autant parmi leurs militants et sympathisants de base.
Peur du nazisme, du fascisme, du racisme, du retour des heures-sombres-de-notre-histoire, qu’ils disent… Imaginent-ils sincèrement Marine Le Pen ouvrant des chambres à gaz, rétablissant l’esclavage ou allant dessouder tel ou tel dignitaire politique ? Roland Dumas lui-même écrit dans son dernier livre que ni le père ni la fille Le Pen « ne menacent la République » et qu’il entretient avec la seconde des relations normales.
Alors quoi ? Certains vous diront que c’est l’aversion des grandes obédiences maçonniques pour les valeurs qu’incarne le FN, patrie, famille, opposition à l’avortement, à l’euthanasie ou au mariage homo, voire quelques références à la religion chrétienne, qui fonde ce rejet. Mais il y a aussi au FN des Frères-la-gratouille, comme les appelait Mitterrand.
Alors quoi ? Les frères ennemis UMP-UDI ont trouvé une nouvelle réponse : Ce qui nous sépare du FN, c’est son refus de l’Europe, na ! Mais ils ont bien accepté dans leur comité de coordination un Philippe de Villiers qui a exactement la position du FN sur l’Europe !
Alors quoi ? Eh bien, je pense que c’est tout simplement la peur de devoir partager le gâteau des sièges de parlementaires, ministres, présidents de collectivités territoriales, maires et autres fromages associés. Depuis des décennies, ces bonnes places se répartissent entre deux grands blocs flanqués de leurs petits-satellites auxquels, par bonne conscience démocratique, on concède quelques strapontins. Cela vaut bien un front républicain de temps en temps et quelques grimaces de dégoût télévisé aux journaux de 20 heures, n’est-ce pas ?