Au pays du Soleil levant, des cerisiers en fleurs, de la cérémonie du thé et des échanges de courbettes à n’en plus finir, les nobles visiteurs étrangers ont intérêt à marcher comme sur des œufs. Un impair est si vite arrivé. On pouvait redouter que François Hollande n’y déployât les grâces d’un éléphant socialiste dans un magasin de porcelaine.
Dieu merci, tout s’est bien passé. Le président français n’a pas renouvelé l’exploit de George Bush senior, restituant avant l’heure son déjeuner sur l’épaule du Premier ministre nippon de l’époque. La compagne du président n’a pas fait parler d’elle, on ne lui en demande pas davantage, et l’on sera indulgent sur le lapsus, effet de la fatigue ou de la distraction, dont s’est rendu coupable l’honorable invité de Sa Majesté Akihito en présentant ses condoléances « au peuple chinois » (sic) pour les victimes japonaises de la tuerie d’In Amenas.
C’est dans un registre où on ne l’attendait pas que François Hollande a prononcé des paroles étonnantes, et qui devraient laisser quelques traces. Félicitant le nouveau Premier ministre du Japon, M. Shinzō Abe, pour les résultats spectaculaires de sa récente offensive de relance par la baisse du yen, le président de la République n’a pas hésité à observer que le Japon « peut décider souverainement de sa politique monétaire ». Sur sa lancée, il a ajouté que cet heureux pays n’est pas soumis aux ukases d’une quelconque « Commission asiatique » qui déciderait à la place des États des voies par lesquelles il leur est permis de retrouver les chemins de la croissance. [...]
Dominique Jamet - La suite sur Boulevard Voltaire