Editorial du père de Menthière curé de saint Jean Baptiste de la salle (Paris 15) :
"Quatre-vingt-treize, c’est le titre d’un beau roman de Victor Hugo sur l’épopée glorieuse et ensanglantée des chouans. C’est un nombre qui évoque par lui-même les grandes résistances catholiques. Est-ce totalement un hasard si le jour ou Monsieur Hollande vint au Lycée Buffon pour exhorter les jeunes têtes blondes à la Résistance, 93 paroissiens se virent interpeller arbitrairement et embastiller dans un commissariat sis - Sainte Providence ! - rue de l’Evangile…. Quatre-vingt-treize, c’est le chiffre de la Terreur à laquelle on parvient vite quand un parti ayant tous les pouvoirs se croit tout permis. Il faut-être vigilant, on nous le dit assez. On ne peut laisser disparaitre subrepticement les libertés publiques. Et c’est pourquoi j’écris en témoignage de ce qui advient désormais chaque jour dans notre pays.
Donc, ce lundi, un des prêtres, nos catéchistes, plusieurs étudiants furent arrêtés et menés au poste. Pendant ce temps, il ne se passait rien dans le paisible département du neuf-trois (tiens ? encore 93), ou plutôt il pouvait tout se passer puisque les policiers en très grand nombre étaient accaparés, boulevard Pasteur, à maîtriser héroïquement de dangereuses mères de familles au risque de trébucher sur les poussettes. Il faut dire que ces dames avaient eu l’audace, les rebelles, de nommer résistance leur refus de la Loi Taubira, ce que M. le Président condamna. Les mots ont un sens, disait-il, il faut leur donner leur signification. Mais pourquoi ne peut-on appeler Résistance ce qui en devient chaque jour davantage une, si on peut appeler Mariage ce qui n’en sera jamais un ? Car Bruno et Vincent, nos deux médiatiques amants, seront peut-être pour certains des symboles, des égéries, des pionniers, mais il y a une chose qu’ils ne seront jamais l’un pour l’autre : des époux. Que voulez-vous : le réel lui aussi résiste…
A l’heure où j’écris ces lignes, deux jeunes paroissiens, pris mercredi en flagrant délit d’opinion subversive, sont encore en garde à vue. Je voulais que vous le sachiez. A l’instant, au téléphone, je reçois des nouvelles d’un de leur camarade qui a pu s’échapper. Il vient d’avoir vingt ans. Là, pas besoin des chiffres de la Préfecture : indubitablement, il est né en 93 …."