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Lot-et-Garonne : la fin du front républicain

Marion Maréchal-Le Pen et Etienne Bousquet-Cassagne

Article paru sur Metamag

Le second tour de l’élection législative, en remplacement de Jérôme Cahuzac, répondra de manière concrète à toute une série de questions posées et dont dépendent les futures  élections notamment  municipales.
Les électeurs vont-ils comme toujours écouter les grands discours de morale républicaine pour faire barrage au front national ? On peut en douter. Il risque d’y avoir un coup de tonnerre qui marquerait la fin d’une époque politique. Si les électeurs se moquent complètement des consignes de vote d’une classe politique aux affaires mais assimilés également à celles-çi, cela changerait totalement la donne politique. Pour le moment, les électeurs interrogés par des journalistes anxieux et pressants sur le respect du «  front républicain » paraissent pour le moins peu enclin à le respecter.  Fait très nouveau, ils le disent. 
Les hommes politiques ne sont plus crédibles pour donner des leçons de civisme démocratique. La sanction des urnes d’une classe discréditée pourrait commencer dans le Lot et Garonne. Le président François Hollande, sur M6, dimanche soir, a vu dans l'élimination du PS une « séquelle » de l'affaire Cahuzac, estimant aussi que c'était « quand il n'y a plus d'espérance qu'il y a des votes extrêmes ». Hier, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a, lui aussi, jugé que le PS avait payé « la tromperie » de Cahuzac. C’est se rassurer à peu de frais et vouloir limiter le vote à un cas particulier. Mais l’affaire Cahuzac n’est pas limitée à une circonscription. Son retentissement a été national, on aurait tort de l’oublier.
Les responsables socialistes, eux, ont clairement imputé ce revers à la multiplicité des candidatures à gauche, visant particulièrement Europe-Écologie-les Verts, membre de la majorité. Harlem Désir, qui a appelé à « faire barrage » au Front National en votant pour le candidat UMP dimanche prochain, a jugé « particulièrement regrettable » qu'il y ait eu « division de la gauche ». « C'est une faute politique de ne pas se rassembler au premier tour quand on est ensemble et qu'on doit assumer ensemble le bilan de la majorité », a, pour sa part, affirmé Bruno Le Roux, patron des députés socialistes.
LE COUP DE L’EXPLICATION DE LA DÉFAITE DE JOSPIN
Ils ne tirent leçon de rien. « Le PS perd 14.790 voix en un an et les responsables sont vos partenaires ? », s'est offusqué David Cormand, chargé des élections à EELV. La ministre écologiste Cécile Duflot invite, quant à elle, Bruno Le Roux à ne pas « insulter les alliés ». Bien vu, mais bonjour l’ambiance.
Si, pour le Ps, cette élection est un désastre, étant éliminé dès le premier tour, il s'agit également d'un vrai échec pour l'UMP qui ne profite pas du désaveu de la gauche. En dépit du marasme actuel du PS, la droite n'a pas progressé depuis les dernières législatives. Dans cette circonscription, le candidat de l'UMP fait exactement le même score qu'en 2012. Malgré la crise économique qui s'aggrave et l'affaire Cahuzac, il plafonne à 28%. Cette élection est avant tout une nouvelle manifestation du rejet des deux grands partis de gouvernement. Pour triompher, l'UMP mise sur le Front républicain puisque les dirigeants socialistes ont appelé massivement à faire barrage au FN.
"Nous sommes sensibles à la reformation du Front républicain. Nous devons faire front contre le FN qui surfe sur les peurs et le mécontentement des Français", affirme au Point.fr Pierre Sicaud, directeur de campagne de Jean-Louis Costes. Dimanche soir, Jean-Louis Costes a d'ailleurs remercié Patrick Cassany, le maire PS de Villeneuve-sur-Lot, d'avoir exprimé rapidement sa volonté de faire barrage à Etienne Bousquet-Cassagne. Mais ces consignes seront-elles suivies ? Rien n'est sûr. "Certains électeurs PS réticents à voter pour l'UMP pourraient opter pour l'abstention ou le vote blanc", redoute-t-on à l'UMP…. Sans parler de la crainte de voir l’électorat populaire voter lui FN et sans état d’âme.
Les deux partis appellent  à faire barrage à un  jeune homme qui attire les sympathies et qui n’a aucune casserole, au nom d’une morale politique dont ils seraient dépositaires. Jean François Kahn, essayiste de talent et critique des politiciens dominant, mais hostile au FN, analyse : « Concernant le Front républicain, cette stratégie est devenue complètement obsolète. Le Front National a seulement deux députés alors qu'il représente presque 20 % des électeurs. Je ne vois pas en quoi ce serait un drame qu'il soit représenté par un troisième député. Cette espèce d'alliance des contraires pour empêcher un parti d'accéder à l'Assemblée nationale donne une impression de refus de la démocratie et de la représentativité. Cela conforte le discours du Front National sur l'UMPS. De toute façon, ces élections partielles ont montré que  les électeurs ne suivent plus les consignes. ». À confirmer ou infirmer dimanche.
Mais il peut y avoir un coup de tonnerre de Villeneuve comme il y eut un coup de tonnerre de Dreux.

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