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Le Printemps Français répond à ChristineTasin suite à son article sur Boulevard Voltaire

Le Printemps passera l’été

« Et les fruits passeront la promesse des fleurs »
Malherbe, Stances.

Frigide Barjot lance L’Avenir Pour Tous au moment où Christine Tasin nous assure que le Printemps Français n’aura pas d’avenir… Flûte. Visiblement, on a loupé tous les coches. Pourtant, on y croyait ! Mais bon. Comme nous ne faisons pas de la lutte contre l’islam notre principal cheval de bataille, nous sommes promis à l’échec, c’est comme ça. Tant pis, hein… Oh, et puis, on ne sait jamais, frappés de stupeur, mis en face de nos responsabilités, peut-être allons-nous tous descendre dans la rue et devenir les hérauts d’une reconquista laïque en veillant assis, debout et couchés devant les magasins hallal ! Futé, Christine !

Ou pas. Les arguments de Christine Tasin ne sont pas dépourvus d’intérêt pour qui a envie de se consacrer au choc des civilisations dont la France est le champ ouvert. Elle indique les causes, elle pointe les écueils, elle énumère les actions. C’est lumineux, il n’y a plus qu’à. D’ailleurs, il paraît qu’un parti comme le Front National est assez sensible au sujet et qu’un député de la “droite décomplexée” a affirmé que démocratie et islam étaient incompatibles. C’est pas pour dire, mais Christine n’est pas la première à avoir remarqué que l’islam posait problème.

D’un autre côté, elle paraît nous reprocher de n’être pas révolutionnaires et semble considérer qu’être religieux est une qualité suspecte : compliqué de défendre la civilisation chrétienne contre l’islamique, dans ces conditions, mais ne chipotons pas. Enfin, elle évite de dire que l’afflux massif d’immigrés musulmans est d’abord le fait des acteurs capitalistes, désireux d’importer une main d’œuvre à bas prix, que la République n’a rien fait pour les intégrer, considérant que la Nation a moins de sens que le Marché, que les partis de droite et de gauche ont tous jugé que les racines chrétiennes de la France n’avaient pas d’importance, et que la laïcité militante à la française, qui nous vaut les délicieuses déclarations de Peillon et Bianco, n’est que la résurgence de plusieurs siècles de lutte ouverte contre les catholiques.

Bref, il n’est pas certain que Christine Tasin réussisse à conjuguer une analyse pertinente des causes et un exposé satisfaisant des solutions. Elle ne propose aucune solution, d’ailleurs : elle se contente de regretter que nous ne soyons pas tous en train de hurler au loup chaque fois que l’islam gagne du terrain. Pour qui aime hurler, le programme est beau. Pour qui veut construire une autre société, ça paraît un peu court.

Car le Printemps Français n’est pas l’ultime rempart d’un communautarisme laïcard à la française. Si nous avons choisi de lutter contre la loi Taubira, et contre l’euthanasie, et contre les recherches sur l’embryon, c’est parce que nous avons choisi de lutter contre le totalitarisme technologique, qui nous réduit à n’être que des machines, contre la culture de mort des héritiers de la Révolution, qui n’ont pas abandonné le rêve d’un homme nouveau mais cherchent d’abord à tuer le vieil homme, et surtout parce que nous avons choisi de lutter pour la vie et les communautés.

D’un point de vue purement politicien, et en s’enfermant dans les mêmes ornières que les partis de la France actuelle, le droit de vote des étrangers musulmans dont rêve la gauche (assurée d’un formidable réservoir de voix et prête à tous les abandons pourvu qu’elle se maintienne au pouvoir) est une catastrophe annoncée ; susciter une prise de conscience des méfaits d’une islamisation de la société (dans les faits, dans les territoires, sinon dans les institutions) est évidemment pertinent. Mais après ? Quelle nécessité de se focaliser sur ce point si la vie elle-même est menacée ? Et quel intérêt de préserver un système républicain où le fait d’être croyant est suspect alors que le messianisme révolutionnaire athée, en France et dans le monde, hier comme aujourd’hui, sous tant de noms, a déclenché les pires calamités ?

Le Printemps Français veut sortir du système, pas préserver un système néfaste et moribond. Il y a une convergence des luttes : lutter contre l’eugénisme rampant, contre la marchandisation des corps, contre la privatisation de la nature, contre le libéralisme qui ne rêve que d’individus isolés, prisonniers de leurs appétits et seuls face à un État garant des intérêts économiques des puissants – c’est aussi important que de lutter contre un islam conquérant. Des gens en ont fait, à bon droit, leur cheval de bataille. Nous nous engageons là où moins de gens se mobilisent, là où le système broiera tout le monde quand bien même le danger d’un islam non intégré se serait éloigné.

Ce qui nous éloigne le plus de Christine Tasin, hélas, c’est que nous sommes persuadés que nous ne bâtirons une autre France qu’en rassemblant, au-delà des vieux clivages ; une France où le vivre ensemble ne se résumera pas à un entre-soi de rad’socs de sous-préfecture discutant du progrès avec des frissons d’esprit supérieurs en moquant les catholiques. Car le Printemps Français est un état d’esprit, pas une machine à lancer des mots d’ordre. La France, la République, la laïcité ne manquent pas de défenseurs, prêts à en découdre ; nous pensons que les Français manquent de défenseurs prêts à leur donner des raisons d’espérer. Et nous pensons que la lutte est d’abord un moyen de se rassembler, pas d’appeler à des divisions supplémentaires.

http://www.printempsfrancais.fr

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