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Droit de la femme vs droit à la vie : n’y a-t-il rien d’autre à dire ? par Philippe Randa

38 ans après la loi Veil dépénalisant l’avortement, les passions ne semblent toujours pas s’être apaisées comme en témoignent les réactions après la récente loi irlandaise autorisant l’avortement « en cas de risque de maladie, d’urgence médicale ou de risque de suicide  ».
Sur le site Boulevard Voltaire, on a pu lire la réponse très vive de Marie Delarue, refusant, elle, le droit de laisser mourir les femmes et rappelant que « Non, l’avortement (…) quelle qu’en soit la raison, c’est toujours un drame, et nul n’est en droit de porter l’anathème sur celle qui y a recours. »
Si les deux camps s’affrontent toujours avec la même passion, l’immense majorité des citoyens français et européens pour ne parler que d’eux, ne semblent plus guère interpellée par ce débat. Peut-être est-ce dû aux arguments des « pour » comme des « contre », toujours identiques en 38 ans, qui ne font plus guère avancer le débat. Jusqu’à présent, ils se situent tous exclusivement au niveau de la moralité : droit de la femme vs droit à la vie.
N’y aurait-il pas d’autres arguments, pour les uns comme pour les autres, à mettre en avant au-delà d’une moralité souvent largement aussi hypocrite qu’irresponsable ?
Par exemple, à ceux qui opposent la « souffrance » d’une femme « obligée » de garder un enfant non désiré au péril parfois de sa vie, la « souffrance » d’une femme, le reste de sa vie, avoir choisi d’avorter ? Surtout, et c’est plus fréquent qu’on ne le croit et qu’on ne le dit, quand ces femmes ne peuvent plus, ensuite, enfanter, (après un avortement ou non et qui n’auront ainsi jamais d’enfant, même si, tardivement, désiré)… Au droit des femmes à disposer librement de leurs corps, ne serait-il pas judicieux de rappeler (et non de vouloir imposer) leur droit à avoir des enfants qu’un avortement, quelles qu’en soient les motivations, pourrait, peut-être, compromettre définitivement ?
Et s’il serait vain de nier que la femme tombée enceinte se retrouve bien souvent seule, moralement et matériellement, à devoir « régler le problème », tous les mâles se montreraient-ils en la circonstance lâches au point de se défiler ? Tous, vraiment ? On a peine à le croire et dans ce cas, pourquoi ne parle-t-on jamais de ses droits à lui, à l’homme, à faire vivre son enfant, au contraire de la génitrice – enfant qui est tout de même aussi à lui – et à l’élever, seul, s’il le désire ?
Au droit de la mère à avorter, opposons le droit du père à ce que la femme aille au terme de la grossesse, lui laissant le choix ensuite, selon son bon vouloir et cette fameuse liberté qu’elle réclame tant, de le reconnaître, de l’élever et de l’aimer… ou non !
À une époque où l’on martèle sans cesse l’obligatoire parité homme-femme, pourquoi oublier la très logique parité père-mère ?
Il y a bien d’autres arguments encore de bon-sens, et pas seulement médicaux ou psychologiques, que partisans ou adversaires de la dépénalisation de l’avortement pourraient mettre en avant plutôt qu’une moralité trop souvent hypocrite, comme l’a justement souligné Marie Delarue ou porte ouverte « à tous les chantages possibles et, par là, à une généralisation de facto de l’avortement » comme s’en est inquiété, avec clairvoyance, Nicolas Vodé, sur le même site Boulevard Voltaire. (1)
Note
(1) La polémique est toujours vive comme le montrent la réaction de Gabrielle Cluzel hier (IVG : non, les cathos ne sont pas des bisounours moralisateurs !) et celle de Robert Ménard, fondateur du site, aujourd’hui encore (Sur Boulevard Voltaire, on n’est pas obligé d’être tous du même avis !) : www.bvoltaire.fr.
© Philippe Randa est écrivain, chroniqueur politique et éditeur ( www.francephi.com).

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