On fera preuve de mansuétude et de compréhension au sujet du camp patriote qui a les yeux rivés sur l’actualité nationale. Cependant, il est un fait, une évidence, qu’il nous faut rappeler : la plupart des problèmes auxquels la France et les Français sont confrontés ne sont nullement endogènes. Des violences ou émeutes dans les cités au chômage, de la perte des valeurs qui ont présidé à la création de notre civilisation à l’immigration qui nous fait aussi perdre nos racines, les problèmes ici viennent d’ailleurs et existent aussi dans la plupart des pays occidentaux.
Voilà pourquoi j’entame la rentrée en ce premier jour du mois de septembre qui sera probablement mouvementé (1) par un éditorial consacré à la politique que l’on qualifie donc bien à tort d’étrangère. Aujourd’hui même, on peut considérer que la tentative de déstabilisation de la Syrie qui n’est pas fait récent a échoué. Assad a tenu bon malgré depuis longtemps la présence probable de soldats anglais, français et bien sur américains, envoyés incognito, sur le sol syrien dont l’objectif est de former le camp de rebelles aux techniques guerrières. L’aide apportée par l’occident à l’islamisme en Syrie comme ailleurs, nous montre bien que ce dernier ne leur apparaît pas comme le danger majeur (2). Bien sur, protégés qu’ils sont par l’océan atlantique, les Etats-Unis n’ont nullement à craindre un panislamisme qui embraserait aussi bien le proche orient que l’afrique du nord. Tel n’est pas notre cas, nous Français d’Europe, continent situé au voisinage de la zone des grands périls. Voilà qui nous confirme, une fois de plus que les intérêts des américains ne sont nullement les nôtres. D’ailleurs, au sujet des problèmes qui frappent la France d’aujourd’hui, force est de constater qu’ils sont d’importation américaine (gay world, chômage capitaliste, écrasement des classes moyennes sous les taxes, communautarisme ethnique, immigration, hyperviolence, baisse générale du niveau,…).
Il ne faudrait pas croire que la logique des blocs ne soit plus aujourd’hui au seul motif que le rideau de fer depuis une vingtaine d’années s’est levé. Il existe toujours un bloc occidental et un autre qui s’y oppose. Les convergences d’intérêt entre Russie, Iran, Syrie et Chine sont flagrantes. L’agresseur n’est plus l’union soviétique aujourd’hui défunte mais le camp occidental ; ceux d’en face tentent de freiner l’impérialisme. Les rapports aujourd’hui sont tout aussi caricaturaux et idéologiques qu’il y a trente ans. L’erreur que commettent beaucoup de nos contemporains, c’est de croire, au motif que nous vivons dans une démocratie libérale, que la vérité y est reine. La propagande y joue un rôle majeur et la désinformation sévit. Il n’y a pas plus d’utilisation d’armes chimiques par le gouvernement syrien que d’armes de destruction massives en Irak du temps de Saddam. La paix mondiale n’est pas menacée par la Syrie mais bien par les occidentaux qui sèment le désastre et jouent aux apprentis sorciers en utilisant la carte de l’islamisme.
C’est donc de façon cohérente que les occidentaux, parce qu’ils ont échoué dans le renversement d’Assad en utilisant des méthodes subversives, qu’ils ont maintenant décidé d’agir à visage découvert. D’où les déclarations va-t-en guerre aussi bien d’Obama que de Hollande. On peut gager qu’en France, comme d’habitude, l’assemblée ne sera pas même consultée. L’occident continue sa fuite en avant parce qu’il est désormais en situation d’échec. Ce n’est pas un hasard si les Etats-Unis viennent de relever le plafond de la dette : sans la démarche, ils seraient en situation de banqueroute. C’est ainsi que le désastre intérieur est tel que l’occident ne peut s’en sortir que par cette fuite en avant puisque ses jours sont probablement comptés. Même l’Ocde prévoit la catastrophe à venir pour Européens et américains. Il est donc probable que le sommet de la courbe soit atteint et que désormais la chute ait déjà commencé (3).
Aussi bien Vladimir Poutine que Jean-Pierre Chevènement ont mis en garde ; le premier pour contester l’usage de l’arme chimique par le gouvernement syrien, le second pour faire un constat lucide :
« Quand on fait le bilan de toutes les ingérences, ce n’est pas très brillant : au Kosovo, nous avons récolté un Etat mafieux ; en Irak, où il n’y a plus d’Etat, il y a eu 1 000 morts en juillet dans des attentats ; en Libye, les milices islamistes sont maîtresses du terrain… Que se passera-t-il demain après Bachar al-Assad? Nous savons très bien qu’il y a des groupes jihadistes importants, armés de l’extérieur. Moi, je serais prudent. Il faut absolument privilégier les voies de la paix. »
Les occidentaux se leurrent. Ils ne parviendront, même en cas de victoire, à pacifier la Syrie tout comme ils ont échoué en Irak ou en Afghanistan. Ces pays resteront donc pour les occidentaux des abcès purulents, un peu comme le fut la guerre d’Espagne pour Napoléon. A force de créer des ilôts de résistance surs de leur bon droit, les occidentaux creusent leur tombe. Ni les Russes, ni les Chinois n’accepteront une autre intervention. En admettant qu’ils ne montrent pas les dents dès maintenant, y compris pour mordre …
Alain Rebours http://www.voxnr.com/cc/a_la_une/EFZlpkVkuppsXVkyJf.shtml
notes :
(1) L’été sera chaud : http://www.voxnr.com/cc/politique/EFZFFukkAytyEKtdIw.shtml
(2) Les forces radicales dans l’islam servent les intérêts des Américains : http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFZyVFklkkIbIscPJK.shtml
(3) Au niveau international, ça bouge et c'est tant mieux :
http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFZpuAkpEAsdtmjCCo.shtml