Pour le réseau Voltaire, le doute n'est plus permis : on nous refait le coup des armes de destruction massives d'Irak. L'article de Thierry Meyssan, disponible ici, confirme que les vidéos que le gouvernement français diffuse sur son site, en affirmant à toute l'Europe qu'elles sont authentiques, ont de fortes chances de n'être qu'un monstrueux mensonge.
C'est sur une base aussi fragile que Hollande veut engager le pays tout entier et la vie des soldats français. Allons-nous laisser, devant l'histoire, cet homme engager la France dans une aventure qui risque de finir dans un bain de sang ?
Rappelons qu'il y a deux attitudes face au mal et au mal absolu qu'est la guerre : celle du pharisien et celle du Christ. La première consiste à s'enfermer dans sa pureté et à contempler, désolé et choqué, le péché des autres. On ne peut pas l'approcher de peur de souiller sa propre prétendue pureté. On rejette les possédés et autres dégénérés. La deuxième attitude reconnaît le mal et veut le sauver, elle ne s'en offusque pas, le saisit à pleines mains, quitte à se salir, à se souiller elle-même, et le soigne. C'est l'attitude du Christ, c'est celle de l'Église. Oser approcher le mal, et vouloir le réduire du mieux qu'on pourra même si pour cela il faut d'abord et longtemps vivre avec lui, le supporter, le voir tous les jours, l'affronter en face. Ces deux attitudes, nous les retrouvons aussi dans les deux façons de penser la guerre.
On peut la rejeter pour ce qu'elle est, un mal, et pratiquer un pacifisme intransigeant, irréaliste à la façon de Briand et Kellogg, qui avec leur pacte grandiloquent de 1928, mirent la guerre "hors la loi". Mais ce n'est pas travailler à la paix. La deuxième guerre mondiale le prouva. On peut, au contraire, considérer que la discorde et les dissensions, la violence et la haine, font partie de notre humanité déchue, et qu'il faut en tenir compte pour préserver l'essentiel. On cherche alors à penser la guerre, suivant qu'elle est ou n'est pas un péché, quand elle n'est qu'un moindre mal qui est moral ou quand elle est un acte de haine, de vengeance ou de désir d'hégémonie. On cherche à savoir si la guerre qu’on estime nécessaire est une guerre juste.
Il faut ici distinguer le jus in bello (le droit dans la guerre, qui recouvre tous les principes de bonne conduite dans la guerre, type Deutéronome ou convention de Genève) du jus ad bellum (le droit de faire la guerre, autrement dit dans quelles conditions il est permis de déclencher un conflit armé). Pour être juste, la guerre doit donc l'être dans sa fin (casus belli, jus ad bellum) et dans ses moyens (jus in bello).
Déclencher une guerre constitue un acte moral et l'Église a toujours affirmé que la guerre n'était pas toujours injuste.
Sans m'étendre sur les développements philosophiques et théologiques, car je vous engage à relire St Augustin et St Thomas d'Aquin, étudions le cas syrien selon les trois critères qui définissent une guerre juste.
Première Condition :
c'est à l'autorité, au prince d'engager la guerre (ou à tout gouvernement en charge du bien public). La guerre n'est pas du ressort de la personne privée. Elle se fait pour le bien public (juste cause) et doit être décidée par ceux qui en ont la charge. Ici, le président est dans sa fonction d'autant que la constitution lui donne le pouvoir de le faire pendant 4 mois sans en référer à la représentation nationale, le parlement. Sarkozy en a usé pour la guerre en Lybie, qui n'était ni juste, ni légitime. Hollande aussi, pour le Mali où, à mon sens, il assumait et essayait de réparer les erreurs du prédécesseur en Lybie. Cette condition préliminaire est remplie.
Deuxième Condition :
la juste cause (matière). Pour saint Augustin, la guerre juste « punit une injustice ». Saint Thomas va dans le même sens : « il est requis que l'on attaque l'ennemi en raison de quelque faute (illi qui impugantur propter aliquam culpam impugnationem mereuntur). » La guerre doit s’appuyer sur un droit moralement certain et avoir une juste cause, le dommage infligé par l’agresseur devant être durable, certain et grave ; il reprend ici l’idée de Cicéron selon lequel la République peut faire la guerre pour son salut. Il est donc des guerres justes, celles qui tendent à réprimer, de la part de l'adversaire, une entreprise coupable : Iniquitas partis adversae justa bella ingerit gerenda sapienti. Comment affirmer que la matière est juste, quand il s'agit d'intervenir au profit de milices islamiques, que les puissances occidentales (la France en tête) arment et financent, avec le Qatar et l'Arabie Saoudite ? Et que dans le même temps ces milices et leurs alliés se retrouvent combattues directement, par l'armée française en particulier, au Mali ou en Afghanistan.
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