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Malaise à Pôle emploi après le suicide d’un cadre

Jacques Potelet, 55 ans, cadre de Pôle emploi, s’est suicidé en se jetant sous le TGV qui devait le mener au siège national de l’organisme, à Paris, lundi 9 septembre. Ce suicide, le troisième d’un cadre à Pôle emploi depuis le début de l’année, mais le premier qui se produit dans un cadre professionnel, a profondément choqué au sein de l’organisme.

par Jean-Baptiste Chastand

Les syndicats, jusqu’ici très prudents, ont en effet tous convenu de demander l’ouverture d’une enquête du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) sur les circonstances de ce drame. Une demande acceptée par la direction, mardi 17 septembre. L’enquête devrait aboutir d’ici fin octobre.

“Cette série de drames doit conduire à interpeller sévèrement et profondément notre institution dans toutes ses composantes”,(…) Il y a actuellement une ambiance délétère à la direction générale”,

assure Frédéric-Paul Martin, de la section CFE-CGC de la direction générale. “S’il faut s’interdire de tirer des considérations hâtives sur ce drame, (…) Pôle emploi doit à minima investiguer sur la situation”, a également écrit la CFDT, premier syndicat de l’organisme, à la direction.

Réorganisations internes

Les syndicats estiment notamment que les profondes restructurations que connaît l’organisme depuis l’arrivée du directeur actuel, en janvier 2012, a déstabilisé en interne. Après avoir géré la fusion entre l’ANPE et les Assedics, les cadres doivent en effet mener le déploiement du plan stratégique 2015 de Jean Bassères, qui prévoit de revoir en profondeur le fonctionnement de Pôle emploi.

“L’encadrement est véritablement entre le marteau et l’enclume, en devant gérer simultanément la mise en œuvre de changements toujours plus urgents et les difficultés vécues quotidiennement par les agents placés sous leur responsabilité”,

dénonce la CFE-CGC.

Tout cela dans un contexte où les cadres, plutôt nombreux à Pôle emploi, ont dû subir des réorganisations. Le premier cadre qui s’est suicidé, en mars à Montpellier, avait récemment vécu une mutation, tout comme M. Potelet. 

“Après avoir tout donné à l’établissement pendant des années, de nombreux cadres se trouvent déclassés, voire mis au placard, sans explication, sans accompagnement”,

estime ainsi le SNU.

“Mon mari n’a pas été placardisé”

Le malaise est d’autant plus grand au sein de l’organisme, que M. Potelet était largement reconnu pour ses qualités professionnelles dans le Rhône, où il assurait jusqu’à juillet la direction territoriale. Les syndicats de la région ont d’ailleurs rendu hommage à son travail. Début août, M. Potelet avait été muté à la direction générale.

“Cette mutation était volontaire, il voulait en effet progresser dans la hiérarchie et un passage au siège était nécessaire dans cette logique”,

assure la veuve de M. Potelet, jointe par Le Monde. “Mais il l’a mal vécu”, explique Monique Potelet, qui est persuadée que le geste de son mari est dû à des raisons professionnelles, tout en assurant que “Pôle emploi n’est pas responsable”. “Je n’en veux pas aux syndicats de réagir, mais je refuse de mettre de l’huile sur le feu. Mon mari n’a pas été placardisé”, assure-t-elle.

Depuis début août et sa mutation, ce cadre de l’organisme quittait tous les lundis son domicile à Bourg-en-Bresse pour la direction générale de l’organisme, d’où il revenait seulement le vendredi soir.

Après avoir piloté une équipe de plusieurs dizaines de personnes, M. Potelet avait hérité d’un poste de “correspondant réseau”. Bien que situé à la direction générale,ce poste n’était pas un travail de manager, mais plutôt de coordinateur avec les directions régionales de Pôle emploi.

Relations difficiles avec la hiérarchie

“Ce profil de poste ne correspondait pas à celui qu’il espérait et l’équipe de Paris ne l’attendait visiblement pas”, explique Mme Potelet, qui a vu la déception de son mari grossir en quelques semaines. En plus, les relations avec sa hiérarchie directe sont difficiles : M. Potelet s’était publiquement fâché avec sa supérieure, le vendredi précédant son suicide. A cela s’ajoute le lourd sacrifice financier consenti pour obtenir ce poste :

M. Potelet n’était pas indemnisé pour les nuits d’hôtel passées à Paris et n’avait pas obtenu d’augmentation de salaire, selon sa veuve.

M. Potelet n’a toutefois laissé aucun message et n’a prévenu personne de son geste. Mais les circonstances de son suicide, sur le chemin du travail, laissent penser que son malaise professionnel était réel, estiment les syndicats et Mme Potelet. “Je ne veux nullement accuser qui que ce soit, prévient toutefois Mme Potelet, je pense que le geste qu’il a accompli n’est pas propre à Pôle emploi, mais au monde actuel du travail.

Cela aurait pu se produire dans n’importe quelle entreprise.

Je n’en veux à personne en particulier.” “Sa vie était simplement basée sur sa réussite professionnelle. Aider les chômeurs le passionnait”, explique Mme Potelet, en laissant entendre que son mari n’aurait pas supporté de se retrouver en situation d’échec.

La direction de Pôle emploi n’a pas donné suite aux demandes d’entretien du Monde.

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