On peut facilement s’imaginer ce qui se serait passé si des ouvriers, dans des conditions de travail proche de l’esclavage, étaient morts en nombre sur le chantier olympique russe. La condamnation était assurée et le boycott aussi. La France aurait pris la tête de l’indignation internationale contre le vraiment très méchant Poutine.
Le Qatar aurait-il tous les droits et notamment celui de n’en respecter aucun ?
La mort d’hommes serait-elle moins médiatique que la lutte contre une prétendue homophobie ? Le président russe, Vladimir Poutine, a assuré que les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi en 2014 se dérouleraient sans discriminations contre les homosexuels, en dépit d’une controverse autour d’une récente loi russe interdisant la “propagande” homosexuelle devant les mineurs.
« Vous pouvez être absolument certain que la Russie va respecter scrupuleusement les principes de l’olympisme qui interdisent toute discrimination », a déclaré M. Poutine dans une interview à la chaîne de télévision publique Pervyi Kanal. Il n’est pas sûr que les homosexuels soient aussi bien traités dans les émirats du Golfe, mais c’est un autre problème. A quand une déclaration similaire du Qatar sur l’esclavage?
Quand les démocraties du fric, la France en premier, cesseront-elles de faire la danse du ventre devant les émirs de l’or noir ? Ce pays a dépassé les bornes. Dans certains pays qui ont pratiqué l’esclavage, les esclaves ne mourraient pas sur leurs lieux de travail.
D’après des documents confiés par l’ambassade du Népal à Doha au journal britannique The Guardian, au moins 44 ouvriers népalais employés sur des chantiers de construction des sites de la Coupe du monde 2022 au Qatar sont morts entre le 4 juin et le 8 août. Jeunes pour la plupart, ils ont été victimes d’attaques et insuffisances cardiaques ainsi que d’accidents sur leur lieu de travail. Tous exerçaient dans des conditions d’exploitation qui s’apparentent à de l’esclavage moderne.
Cet émirat islamique, grand financier des mouvements les plus radicaux comme l’Arabie saoudite d’ailleurs, au Mali comme en Syrie ou en Lybie achète le monde avec son fric. Cela est possible car nous sommes dans un monde où le pognon est le roi et pas seulement celui du pétrole. Ce pays qui se veut moderniste est, au niveau du respect de la personne humaine, l’un des pires.
Le Comité suprême Qatar 2022, structure chargée de préparer la Coupe du monde, s’est dit « profondément préoccupé par ces allégations visant certains prestataires et sous-traitants du site de construction de Lusail et City considère la question avec le plus grand sérieux ». « Comme tous ceux qui ont vu les photos et lu l’article (du Guardian), nous sommes choqués », a ajouté le Comité organisateur de la compétition. « Il n’y a aucune excuse pour que les ouvriers soient traités ainsi au Qatar ou ailleurs… La santé, la sécurité et le bien-être de tous ceux qui travaillent à la préparation de la Coupe du monde 2022 sont de la plus haute importance pour le Comité d’organisation. Le tournoi doit aider à l’amélioration de la vie des travailleurs au Qatar».
La monarchie absolue du Qatar, dirigée par le clan Al-Thani, aussi incroyablement mystérieux que fabuleusement riche, ne tient pas plus de statistiques sur les questions de santé et de sécurité qu’elle ne tolère d’élections libres. La CSI a dû se débrouiller pour compter les cadavres par elle-même. Elle à découvert que cette année, pour l’instant, 83 Indiens ont trouvé la mort. Le petit Etat du Golfe sert également de sépulture à 119 ouvriers népalais des travaux publics. Deux cent deux travailleurs émigrés ayant en outre perdu la vie au cours des neuf derniers mois, les observateurs s’estiment en droit d’affirmer que l’on enregistre au moins un décès par jour. Un chiffre qui ne peut qu’augmenter, le Qatar venant d’annoncer qu’il accueillerait 500 000 immigrés supplémentaires, essentiellement en provenance du sous-continent indien, pour construire ses stades, ses hôtels et ses routes avant 2022.
« On peut avoir des doutes sur les votes du comité exécutif de la Fifa », précise Joseph Blatter aux portes de la fédération mondiale. « Notamment ceux du Brésilien Ricardo Texeira, du Paraguayen Nicolas Leoz, du Qatari Bin Hammam [ancien rival de Joseph Blatter] et de son allié Jack Warner. » Quatre anciens dirigeants exclus de l’institution pour corruption.
Dans une enquête consacrée au “Qatargate” et publiée en janvier, l’hebdomadaire France Football avait clairement pointé l’implication de la France, évoquant une visite à l’Elysée, le 23 novembre 2010, du prince héritier Al-Thani.
Quand les » démocrates » ouvriront-ils les yeux sur ce partenaire infréquentable. Jamais sans doute car elles sont des ploutocraties laïques alors que le Qatar est une ploutocratie musulmane.
Il faut retirer le mondial au Qatar et le pouvoir à l’internationale des ploutocraties.
Jean Bonnevey
Source : Metamag.