Une natalité qui continue à baisser, une immigration qui continue à monter, telles sont les projections officielles de l'INSEE. Au bout du compte, la population française risque d'être submergée et modifiée.
✑ L'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) publie dans le dernier numéro de sa revue mensuelle Economie et statistiques un dossier étoffé sur le dernier recensement de la population française. Il s'agit donc d'une étude sérieuse puisque effectuée « grandeur nature ». Contrairement à ce qu'ont écrit la plupart de nos confrères, cela ne constitue en rien un relevé de certitudes mais plutôt une projection à partir de données multiples. Les assertions ne sont qu'hypothèses car les chiffres à venir dépendent en grande part de variables inconnues à ce jour qu'il s'agisse du taux de fécondité mais encore d'accidents plus ou moins imprévisibles de l'histoire : guerres, invasions ou épidémies. Bien malin qui peut jurer que le sida ne perturbera pas la démographie de demain.
L'étude officielle pose de nombreuses questions et tente de répondre à quelques une. Combien de personnes vivront en France demain ? Comment va se répartir la pyramide des âges ? Dans quelles régions habiteront ceux qui peupleront notre pays et quels métiers ils exerceront ?
Hélas la plus importante reste dans l'ombre. Sachant que la cohésion d'un peuple dépend en bonne proportion de son homogénéité, il n'aurait pas été inutile de réfléchir à la notion de population de France plutôt qu'à celle de population en France.
Beaucoup se réjouissent de constater que le nombre d'habitants de l'Hexagone va continuer à croître durant le demi-siècle qui vient. Quelle que soit l'hypothèse de fécondité, c'est-à-dire le taux d'enfants par femme en âge de procréer, la population de notre pays sera comprise entre 61 et 66 millions d'individus en 2020. Vers 2050, la fourchette s'élargirait de 57 à 74 millions.
✑ Immigration toujours
À ce simple point de vue comptable les chiffres sont supérieurs aux prévisions découlant des précédents recensements et cela à cause, surtout, de la baisse de la mortalité et du maintien de l'immigration.
Selon l'INSEE, te solde migratoire aurait « toutes les chances » de «rester» à 50 000 par an en moyenne. Chaque année, une cohorte d'étrangers égale à la population de Châteauroux viendrait s'installer sur notre sol. La libre circulation des hommes à l'intérieur d'une Union européenne (merci Maastricht, merci Schengen) qui ne cesse de s'élargir, l'ouverture des frontières à l'Est et les sollicitations pressantes des pays du tiers-monde expliquent ce désastre, qui, finalement, truque tous les chiffres.
L'INSEE est obligé d'avouer que les mesures gouvernementales passées et présentes de restriction n'ont et n'auront pas d'effet à long terme sur le solde migratoire. Il s'agit bien là d'une nouvelle confirmation du caractère mystificateur de l'action du ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua. Ses gesticulations concernant l'immigration clandestine ne sont donc que poudre aux yeux préélectorale.
Mais la population vieillit aussi. En 1950, un Français sur six avait plus de 60 ans, aujourd'hui c'est un sur cinq et au milieu du XXle siècle, ce sera un sur trois.
La population vieillit parce que l'espérance de vie s'allonge et aussi à cause d'une stagnation voire d'une diminution du taux de fécondité.
Aujourd'hui une femme en âge de procréer a, en moyenne, moins de 1,8 enfant et, cela baisse depuis une vingtaine d'années.
À ce rythme, le renouvellement naturel des générations ne se fait pas. Cette période de basses eaux démographiques procède de multiples causes nouvelles aspirations des femmes passant entre autres par la valorisation apportée par l'exercice d'un métier, concurrences multiples au désir d'enfant, dénigrement du modèle familial traditionnel, explosion du mariage, absence de politique nataliste avortement et contraception, inquiétude quant à l'avenir et crise économique. Aujourd'hui les femmes ont moins d'enfant et les ont plus tard. À 25 ans, les femmes de la génération 1965 n'ont eu, en moyenne que 0,49 enfant contre 0,77 pour la génération 1955.
Pour ses projections, l'INSEE a choisi trois hypothèses de fécondité : un taux haut à 2,1, le maintien du taux actuel 1,8 et un chiffre bas à 1,5. Dans tous les cas de figure, il y aura plus de vieux que de jeunes de moins de 20 ans.
✑ Vieillissement de la population
Le vieillissement de la France va s'accentuer surtout à compter de 2005, c'est-â-dire dans à peine plus de 10 ans, lorsque arriveront à la soixantaine les générations du baby-boom. La part des très âgés, c'est-à-dire 75 ans et plus, va s'accroître très fortement puisque leur nombre va doubler d'ici 2025.
De 6 % aujourd'hui ils passeront à 11 % de la population en 2020 puis 15 à 20 % en 2050, Ces taux extraordinaires corrélés au grave problème de la dépendance, constituent l'un des défis majeurs de demain, à résoudre dès maintenant.
Le vieillissement de la population est plus accentué que ce que prévoyaient les études démographiques passées.
Le risque est grand de se trouver face à un véritable effet boule de neige où la baisse de la natalité entraîne la baisse de la natalité.
Comment trouvera-t-on assez d'actifs pour «entretenir» les inactifs ? Certes le nombre des personnes considérées comme en âge de travailler, entre 20 et 64 ans, va augmenter jusqu'en 2010 mais ensuite il diminuera, plus ou moins rapidement selon les hypothèses.
L'INSEE, à partir de ses constats, propose des ébauches de solutions : « avoir des enfants ou travailler plus longtemps. » Certes, mais de telles mesures doivent passer par la volonté de l'Etat.
Pour relancer la natalité il faut redresser la situation économique et sociale et juguler le chômage dont on sait qu'ils pèsent sur le taux de fécondité.
Politique nataliste et politique économique passent par la préférence nationale, Rendre prioritaire l'entrée des jeunes Français dans les crèches lancer une campagne de recrutement d'assistantes maternelles françaises, stimuler l'industrie nationale et la production par nos concitoyens et subventionner la « maternité française » ne peuvent que constituer que des mesures, positives tendant à fortifier tant l'économie que la fécondité.
Le chômage, cancer de notre société, diminuera par un effet mécanique évident, permettant de renflouer les caisses de la Sécurité sociale qui se montreront plus généreuses pour les familles.
En 1991, le chômage indemnisé a privé la Sécurité sociale de 138 milliards de francs de cotisations qu'auraient dû verser, s'ils avaient eu un emploi, les chômeurs indemnisés et leurs employeurs. Ce résultat d'une étude que vient de publier le ministère des Affaires sociales confirme bien que la crise de l'emploi est à l'origine de l'essentiel des difficultés financières des régimes sociaux.
✍ Dr L PERENNA National Hebdo du 8 au 14 décembre 1994