La religion celte et donc gauloise était fondée sur un grand respect des forces naturelles. Les Gaulois portaient un culte tout particulier aux éléments de la nature, sommets, astres, sources, fleuves, eaux dormantes à l'image des anciens cultes naturistes pratiqués par les populations préhistoriques, cependant sans que cela ne montre aucune trace d'idolâtrie ni (1) d'anthropomorphisme.
Il y a dans la philosophie sous-jacente à leur religion, la conscience que l'univers est un passage continu d'une forme de vie à une autre (2). Pour cette raison, leurs divinités peuvent prendre plusieurs formes. Dans la société gauloise, la religion a un rôle classificatoire, elle donne une cohésion à des groupes humains répartis selon une stricte hiérarchie.
Elle fait partie intégrante de l'existence quotidienne et touche à tous les domaines. Il n'y a pas à proprement parler de distinction entre le profane et le sacré. La religion est indissociable de la vie. Elle était enseignée et maintenue par les druides et était le plus grand, sinon, le seul facteur d'unité chez les peuples gaulois.
C'était un système de croyances très élaboré. Citons entre autres, la croyance en la fin du monde, en la vie éternelle et en la réincarnation des âmes ( une croyance qui expliquait, selon César, le courage des Gaulois au combat.)
L'univers est quant à lui conçu comme une sorte de construction pyramidale divisée en trois parties, abysses infernales, terre et ciel, ce dernier apparaissant comme une voûte fragile et inquiétante sur laquelle s'appuie l'univers.
Des lieux géographiques précis, appelés sidh sont établis sur le territoire de la tribu, en périphérie à l'ouest du territoire et en relation avec l'eau.
L'Ouest est en rapport avec le soir, le coucher du soleil, avec l'automne, la fin de la vie. Le sidh permet de faire communiquer le monde des vivants et celui des morts.
Les Gaulois qui donc croyaient en la survie de l'âme, croyaient aussi à la nécessité d'accomplir certains rites pour le repos du défunt et la purification des vivants. D'autre part, on redoutait la vengeance des défunts si on négligeait les rites funéraires. Deux modes de sépultures ont été pratiqués, l'incinération domine du premier siècle au troisième siècle, ensuite l'inhumation s'impose.
Le culte
Le culte se pratiquait dans un sanctuaire entourant d'une enceinte (le néméton) soigneusement close, un ou des bosquets par lequel on pénétrait par un monumental propylée (3), un fossé les cernaient (certains des fossés retrouvés contenaient des ossements humains). Seules quelques dizaines de participants assistaient au culte.
Au centre de ce sanctuaire se trouvait un autel sous la forme d'une grande fosse creusée dans le sol, pour le protéger des intempéries, il était couvert par un dais supporté par des poteaux.
Dans ces lieux, se déroulaient deux rites principaux :
1) Le sacrifice de boeufs, de moutons et de porcs, appelé « de commensalité », on supposait que ceux qui offraient ces sacrifices partageaient ensuite le repas avec les dieux aux quels ils l'ont offert.
Dans l'autre sacrifice qui était plus exceptionnel les bovidés, vaches, boeufs et taureaux étaient offerts dans leur totalité aux dieux ; égorgés, abattus d'un coup de hache ou de merlin (suivant les fêtes ou le but du sacrifice), ceux-ci étaient déposés entiers dans la fosse de l'autel où ils se pétrifiaient pendant des mois, comme pour alimenter le dieu qui vivait dessous.
Le sol du sanctuaire de Gourmay a été creusé de plusieurs fosses dont la plus grande, surmontée d'un toit, recevait les carcasses de boeufs sacrifiés, des restes humains et des milliers d'armes «tuées», c'est à dire rituellement déformées.
2) L'autre rite est de nature votive, c'est l'offrande d'armes qui sont arrivées dans leur grande majorité sous la forme de panoplies prestigieuses (épée dans son fourreau, chaîne de ceinture, lance, bouclier). Les armes parfois avaient déjà servi (dépouilles prises à l'ennemi). On les fixait, à l'aide de clous et de liens de cuir, en hauteur sur les parois du sanctuaire et y restaient pendant des années, jusqu'à ce que les liens se rompent et qu'elles tombent sur le sol.
Cette chute annonçait la fin de l'acte d'offrande qui était alors désacralisé. Alors on la brisait et jetait dans le fossé bordant le mur d'enceinte du sanctuaire. Quelques fois dans les sanctuaires, étaient déposées les victimes de batailles qui avaient lieux à proximité de celui-ci. (4)
Le personnel religieux
Le personnel religieux gaulois n'est pas composé des seuls druides : les bardes, chargés de perpétuer la tradition orale, occupant une place tout aussi importante. Ces gardiens de la mémoire gauloise, considérés comme de véritables chantres sacrés, louent les exploits des hommes et des dieux, accompagnés d'un instrument proche de la lyre. Egalement oubliés, les «vates» sont les maîtres du sacrifice et de la divination, au cœur du culte gaulois.
Fêtes religieuses
Quatre grandes fêtes celtiques introduisent les saisons : l'Imbolc le 1er février, le Belteine le 1er mai, le Lugnasad le 1er août, le Samain le 1er novembre.
Le banquet
Le banquet est l'un des lieux les plus importants dans la vie religieuse et sociale des Gaulois. Celui-ci était donné dans un sanctuaire, entouré de hauts murs, situé au milieu de l'oppidum. Dans ce sanctuaire se trouvait une grande cour entourée de portiques, où sont construits des bâtiments dont le nombre variait suivant les sites.
Les sanctuaires pouvaient varier suivant les différents peuples gaulois.
Le gui
Les Gaulois vénéraient le gui pour ses grandes vertus curatives. Mais surtout le gui provient du chêne, arbre sacré, choisi par la divinité. Dans l'art celtique, la feuille de gui qui est omniprésente, est une des formes que prend Lug « le Lumineux » : divinité solaire. Le gui se comporte vis à vis de l'arbre, comme l'âme immortelle vis à vis du corps humain.
On sait d'après les témoignages anciens que les Celtes croyaient à une forme d'immortalité de l'âme. Derrière tout cela, il existe une tradition millénaire qui repose sur le culte des astres et le retour cyclique de la vie. Le soleil renaît chaque jour et, dans sa course annuelle, il parcourt un cycle complet. Il y a, dans le couple du gui et du chêne, le signe d'une alliance qui reflète cette éternité de la vie.
Les divinités gauloises
Parmi les divinités gauloises principales, l'une des plus honorées a été Lug qui a laissé son nom à la ville de Lyon (Lugdunum). Dans la légende, il est le bon ouvrier, capable d'exécuter n'importe quel ouvrage. C'est qu'il est à la fois charpentier, forgeron et poète. Protecteur du commerce, il est l'inventeur des arts et des techniques. C'était l'une des divinités les plus populaires du monde celtique, au point que l'on choisit le jour de sa fête le 1er août, pour instaurer le culte de l'empereur en son lieu et place, suivant le procédé de romanisation familière aux vainqueurs.
Cernunos, autre célèbre divinité est le dieu cornu au cou orné d'un torque. La plupart du temps, il est entouré d'animaux sauvages dont presque toujours un serpent.
Cernunos est à la fois maître de la nature et dieu du monde en dessous. Il est l'époux de la déesse de la fécondité, il est aussi un génie primordial et un maître de la magie.
Toutatès quant à lui, est le dieu suprême, le maître du cosmos : il protège le chef et le roi ainsi que le père de famille et les petits-enfants.
L'historien J. Vendryes écrivit : « À mesure qu'on avance dans l'étude de la religion Celtes, on a l'impression de poursuivre un objet qui recule sans cesse et se dérobe à toute prise. » La religion des Celtes
La responsabilité en incombe d'ailleurs aux gaulois eux-mêmes car ils ne nous ont laissé aucun écrit. Leur religion comme leur philosophie, leurs traditions et leurs poèmes.... etc., n'ont été transmises que par voie orale.
Notes :
(1) - Les Grecs reconnurent chez les Celtes, que par ailleurs ils méprisaient, une haute philosophie pythagoricienne.
(2) - On a quelques fois parlé de métempsycose à leur sujet. Ca signifie tout simplement que, pour les Celtes, la mort n'est que le début d'une autre vie.
(3) - Le propylée est un vestibule à colonnes d'un temple ou d'un palais gréco-romain.
(4) - Il y a un fait particulier et incroyable chez les Celtes d'en haut (du nord) concernant les enceintes consacrées aux dieux. Dans les sanctuaires et dans les enceintes sacrés, érigés dans ces régions, on a jeté beaucoup d'or en offrande aux dieux, et aucun habitant ne s'en empare par crainte des dieux, bien que les Celtes aiment l'argent à outrance. (Poseidonios d'Apamée, résumé par Diodore de Sicile.
Pat
Sources :
Renée Grimaud, Nos ancêtres les Gaulois
Maurice Meuleau, Les Celtes en Europe
Barry Cunliff, Les Celtes
Régine Pernoud, Les Gaulois
L'Archéologue, février-mars 2008
Religions et Histoire, septembre-octobre 2006
Jean Markale, Druides et chamanes
Jean-Louis Brunaux, Nos ancêtres les Gaulois