« Je dis qu’il faut qu’une école existe, qu’il s’agit d’une nécessité humaine, que l’imposture a pris des proportions désormais intolérables et à bien réfléchir terrifiantes ».
Ces lignes sont tirées de la préface de l’ouvrage d’Adrien Barrot, L’enseignement mis à mort.
Publié en 2000, dans la collection biblio (coût : deux euros) ce livre n’a eu que très peu d’audience. Les enseignants ont ignoré ce livre hallucinant de vérité, écrit par un agrégé de philosophie, qui n’enseignait pas en ZEP et qui n’avait donc aucun compte à régler avec le système.
Il faut rappeler les circonstances dans lesquelles l’ouvrage a été écrit.
Il y a quatorze ans, le ministre de tutelle, Claude Allègre, est remplacé par Jack Lang. Qui se souvient de la brutalité, de la violence, de la déloyauté des attaques répétées dont les enseignants ont fait l’objet de la part de leur ministre de tutelle d’alors[1] ? Comme ensuite sur Luc Ferry[2], la réaction des enseignants s’est focalisée sur la personne du ministre et non sur les idées qu’il incarnait. Quoi qu’il en soit, il est remplacé. A l’hôtel Matignon, c’est le discours habituel : on déplore le regrettable malentendu, les « maladresses », on parle d’ouverture, de dialogue de négociation. Dans la presse, on dénonce surtout l’immobilisme corporatiste des enseignants accusés de creuser la tombe de l’Education nationale. Et on pleure le dernier martyr d’une juste cause, celle de la réforme.
C’est une période d’ « inertie convulsive » sur fond de défaillance complète des syndicats. D’autant plus inexcusable qu’en tant que tels, les syndicats sont supposés disposer du recul nécessaire pour articuler politiquement et en raison la colère dont les professeurs étaient captifs. Leur responsabilité est lourde, – en particulier le SNES, le syndicat le plus puissant dans l’enseignement secondaire, incapable d’envisager l’enseignement et la crise de l’enseignement autrement que sous les espèces de l’éternelle question des moyens.