Sur son blog, Yves Daoudal revient sur le coup d'Etat en Ukraine, présenté par l'Occident comme un retour de la démocratie :
"En Ukraine, la mafia de Ioulia Timochenko, appuyée (pour ne pas dire manipulée) par les puissances occidentales, avait viré la mafia de Viktor Ianoukovitch au terme de la soi-disant révolution orange. Puis, aux élections suivantes, la mafia de Ianoukovitch avait viré la mafia de Timochenko. Et voici qu’à l’occasion d’une nouvelle révolution de rue, la mafia de Timochenko a de nouveau viré la mafia de Ianoukovitch…
Et bien entendu les puissances occidentales se félicitent de ce retour à la démocratie, le commissaire Olli Rehn déclare que l’UE est prête à donner une aide de plusieurs milliards d’euros, et Catherine Ashton se précipite à Kiev pour discuter avec les « nouvelles autorités » (?) de l’aide de l’UE…
C’est une occasion de plus de vérifier que l’Ukraine n’existe pas. Et il semble que certains, au vu de ce qui se passe à l’est du pays, commencent à le comprendre plus ou moins, ce qui les effraie… En fait, une grande partie de l’Ukraine est russe : on y parle russe, et la principale Eglise est celle qui dépend du patriarcat de Moscou. La « Rous’ de Kiev » est historiquement le berceau même de la Russie. Tandis que la petite partie occidentale, autour de Lvov (en ukrainien Lviv) est un territoire historiquement polonais (polono-ukrainaien), où il y a une Eglise ukrainienne grecque-catholique, et où l’Eglise orthodoxe autocéphale n’est pas reconnue par Moscou.
En dehors de cela, ce qui me frappe une fois de plus est comment les puissances occidentales ont une fois de plus pris le parti de la rue contre les autorités élues. Il y a là un clair glissement de la conception de la démocratie, il me semble. Cela a commencé avec les « printemps arabes ». Sous prétexte que la rue s’opposait à des dictateurs. Et c’est la suite du printemps arabe qui a vu s’effectuer le glissement : en Egypte. Dans ce pays il y a eu des élections, régulières pour autant qu’elles pouvaient l’être, et donc un gouvernement démocratiquement élu, fatalement islamiste. Mais la rue « démocratique » a manifesté, et l’armée (financée par les Etats-Unis) a « démocratiquement » renversé le gouvernement. Depuis lors c’est partout la rue qui est démocratique, et le pouvoir élu qui est dictatorial (Tunisie, Turquie, Grèce, Ukraine, aujourd’hui Venezuela).
Sauf en France. Parce que la rue n’a raison que si ses revendications sont celles de l’oligarchie mondiale."