« Le Front National a réussi dimanche son opération de banalisation en réalisant une très forte poussée au premier tour des élections municipales en France. Il pourrait apparaître comme un parti de gouvernement dans un pays durement frappé par la crise économique » est-il écrit aujourd’hui dans l’article consacré aux municipales sur le site de La Tribune de Genève. « En gérant localement des villes, le FN relève maintenant le défi d’apparaître comme un parti de gouvernement, fait valoir Nonna Mayer, spécialiste du FN au Centre national de la recherche scientifique (CNRS)». Un constat qu’un PS en pleine crise d’autisme, arc-bouté sur sa ligne Maginot baptisé Front républicain, ne veut ni voir ni comprendre. Son Premier secrétaire Harlem Désir, a également prévenu solennellement les candidats PS, notamment ceux de Perpignan, Fréjus et Béziers arrivés en troisième position : ils seront privés de l’investiture de la rue de Solferino s’ils ne retirent pas leurs candidatures dans ces villes où le FN arrive en tête. Son alter ego, Jean-François Copé, a quant à lui fait savoir que « le candidat (ou candidate) UMP qui serait tenté(e) de passer un accord » avec le FN pour faire battre la gauche socialo-communiste serait « immédiatement exclu(e). »
Sylvain Crépon, spécialiste es FN à l’université de Nanterre, estime que les scores enregistrés par l’opposition nationale dimanche sont une « performance ». De fait cette percée évoquée par nous hier est incontestable : les listes FN-RBM récoltent 16% de suffrages en moyenne dans les 597 communes où elles étaient en lice, sont en tête dans 16 villes de plus de 10 000 habitants, 330 d’entre elles sont qualifiées pour le second tour, dont 114 triangulaires, 77 quadrangulaires, 22 pentagulaires dans les villes de plus de 30 000 habitants.
«Ce score est inédit, mais pas historique, car il rejoint ceux obtenus par le parti dans les années 1990 dans le sud», « on revient dans la logique des années 1990 » affirme l’universitaire qui évoque les élections municipales de 1995 où le FN s’était maintenu dans 119 villes de plus de 30 000 habitants au second tour et avait fait élire trois maires, à Toulon, Marignane (Bouches-du-Rhône) et Orange (Vaucluse). «La page de la scission de Bruno Mégret a été tournée, rendant le FN plus fort. Les mégrétistes ont réintégré le FN ou ont quitté la politique», « cette page tournée, le Front National retrouve son socle d’électeurs.»
Mais pour autant poursuit Sylvain Crépon, s’il y a bien désormais « trois forces », « il continue à y avoir bipolarisation de la vie politique française, on ne peut pas dire qu’il (le FN, NDLR), a mis fin à la bipolarisation gauche-droite». «Il y a plutôt maintien de la bipolarisation, avec un brouillage des frontières entre droite modérée et droite extrême», affirme de son côté Nonna Mayer à l’AFP.
En fait de brouillage constate Bruno Gollnisch, il apparait surtout que les Français expriment de plus en plus clairement leur rejet des vieux chevaux de retour du Système, leur intérêt, leur curiosité, leur adhésion vis-à-vis du programme alternatif porté par le Front National. Nous sommes bien entrés depuis vingt ans, et particulièrement depuis quelques années, dans une phase de transition, de recomposition politique, ce que M. Crépon et Mme Mayer n’ignorent pas…
Alors, il est tout aussi évident que les menaces d’un Système qui panique devant la remise en cause de son hégémonie sur les esprits, les leçons de morale administrées par l’UMPS aux Français ayant voté FN et/ou à ceux qui ne l’ont pas fait dimanche dernier mais s’apprêtent à le faire au second tour, ne fonctionnent plus. Ou à tout le moins, avec beaucoup moins de pouvoir de nuisance qu’avant.
Elles s’avèrent même plutôt contre-productives et nous doutons très fortement que les socialistes les plus malins voient d’un bon œil le départ de la Tournée anti-FN organisée par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et SOS racisme, dans des villes susceptibles de se donner un maire FN dimanche prochain.
A Hénin-Beaumont, ces deux pseudopodes du PS sont arrivés après la bataille. Ils ont appelé hier à la «mise en place d’un comité de vigilance» et organisé une manifestation des opposants au FN. «Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos», ont braillé devant l’hôtel de ville les… 32 manifestants présents…rameutés en bus.
«On veut pousser les gens à se mobiliser pour voter contre le FN et pousser les partis localement à tenir le front républicain» explique l’indigné Sacha Reingewirtz, nouveau président de l’UEJF, qui évoque les mânes du pauvre Mendés-France à l’appui de son discours. Un garçon aussi déconnecté du réel que le sont Harlem Désir et ses autres clones, qui feignent d’ignorer que même leurs électeurs ne croient plus depuis longtemps au fantasmatique danger fasciste!
Certes, note encore Bruno Gollnisch, tout cela est du théâtre, et il s’agit surtout pour tous ces vertueux démocrates de justifier les grasses subventions touchées ici ou là. C’est aussi au nom de considérations bien matérielles que l’apparatchik socialiste Samuel Thomas, ex vice-président de SOS racisme, délégué général des Maisons des potes , appelle les candidats dans les villes sensibles à signer ses engagements pour lutter contre les discriminations dont seraient victimes les quartiers pluriels.
«C’est dans ces villes que les électeurs anti-racistes pourront être mobilisés au second tour», a-t-il expliqué à l’AFP, promettant un coup de pouce des jeunes issus de l’immigration, champions de l’abstention, en faveur des candidats de la gauche. Là aussi ce n’est pas gagné, au regard du mépris, et c’est un doux euphémisme, des jeunes des quartiers pour la clique cornaquant SOS racisme.
La chasse au gaspillages et à l’arrosage clientéliste qui sera initiée par les mairies FN n’est à l’évidence pas du goût de nombreuses sangsues autoproclamées « républicaines », « citoyennes », adeptes du « vivre-ensemble »…