Michèle Tribalat, qui a mené des recherches sur les questions de l'immigration en France et aux problèmes liés à l'intégration et à l'assimilation des immigrés et de leurs enfants, répond au Figarovox :
"Clairement, l'emploi du terme «islamophobie» est une arme qui vise très directement la liberté d'expression et la réintroduction de la condamnation du blasphème, à défaut d'avoir réussi à en faire un délit. L'OCI ( Organisation de la coopération islamique) milite activement auprès des Nations unies pour que la blasphème soit reconnu et vienne limiter la liberté d'expression. L'OCI déclare que l'islamophobie est une nouvelle forme de racisme caractérisée par la xénophobie, une description négative et des stéréotypes sur les musulmans qui se comparent à l'apartheid, apartheid qu'il faut incessamment démanteler. L'OCI se vante d'ailleurs des bons résultats qu'elle commence à obtenir auprès des dirigeants occidentaux auprès desquels elle fait miroiter les avantages en termes de paix civile qu'il y aurait à limiter la liberté d'expression lorsqu'elle offense les musulmans. [...]
La grande habileté des militants musulmans engagés dans la lutte contre l'islamophobie (CCIF) a été d'étendre l'empire de ce terme aux crimes et délits commis contre des musulmans parce que musulmans. Actes évidemment odieux et condamnables. Ils ont établi un continuum entre la critique de l'islam et le fait de s'en prendre à des personnes de confession musulmane, ce qui permet de criminaliser tout ce qui se trouve sur ce continuum. Pour l'OCI, l'islamophobie c'est surtout les productions artistiques, littéraires ou autres et les décisions occidentales posant des limites à l'affirmation de l'islam en Occident (Minarets suisses, loi sur le voile en France…) qui, on se le rappelle valent à certains de vivre sous protection policière. C'est ce que vise l'OCI lorsqu'elle parle d'intolérance et non les bouffées de violence et de dévastation qui embrasent différents points de la planète à chaque fois que la liberté d'expression lui semble avoir dépassé les bornes du supportable. Malheureusement, le mal est fait. Pour la CNCDH, comme pour le CCIF et l'OCI, l'islamophobie est un racisme déguisé qui abuse de la liberté d'expression."