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La guerre des gauches qui commence

 

Avant même de savoir à quelle sauce le croque-mitaine Valls nous mangera, un cri du cœur venait à l'esprit de beaucoup  de nos compatriotes : Duflot dehors ? bon débarras ! Le départ de Duflot doit être tenu pour une bonne nouvelle. Et d'abord, pour l'environnement, elle semble excellente, la première sans doute depuis 2012. L'air printanier est déjà plus pur : "je ne dis pas que c'est pas injuste mais je dis que ça soulage".

 Déjà le 25 février 52 % des Français estimaient que les ministres d'Europe-Ecologie Les Verts devaient quitter le gouvernement compte tenu de leurs désaccords politiques. (1)⇓

Au lendemain de leur départ effectif un nouveau sondage indiquait cette fois que "les Français ne regrettent pas les Verts". Ils ont quitté le gouvernement ? Tant mieux, jugent 56 % des Français. (2)⇓

Il est évidemment trop tôt, en effet cependant pour évaluer les mesures concrètes que commencera à annoncer le nouveau gouvernement en se présentant ce 8 avril devant les députés.

Ce 7 avril, une alléchante publicité sur Radio Classique incitait les citoyens et contribuables curieux à acquérir "Les Échos" du jour. On nous promettait de révéler quelles diminutions de la dépense publique envisagerait le nouveau pouvoir pour atteindre la somme de 50 milliards lancée le 14 janvier par le chef de l'État.

Hélas, en dépit des jolis "camemberts" graphiques en pages 2 et 3, le lecteur restait sur sa faim, l'acheteur avide d'informations en était pour ses 2 euros. Et on peut présumer que les précisions ne se révéleront pas bien convaincantes, au point qu'on se demande bien ce qu'à l'échéance de la rencontre du 15 avril avec les autorités européennes le pouvoir parisien pourra bien "négocier" en vue du troisième report qu'il revendique.

Or, tout cela divise sérieusement la gauche. On prétend maintenant donner à cela une coloration théorique: Il se dessinerait, croit-on une "économie politique de l'offre", préconisée par Hollande — ce qui semble lui accorder beaucoup d'honneur et en face, on prétend parler d'une "économie de la demande" qui s'attacherait à alourdir encore la redistribution.

Plus grave encore : un Benoît Hamon pousserait le cynisme jusqu'à considérer que l'impossibilité de cette deuxième politique, que réclament pourtant plus de 80 députés du PS conduirait à offrir aux Français l'illusion d'une plus forte tension avec la Commission de Bruxelles, au moins jusqu'aux élections européennes

Or, Cécile Duflot le sait depuis des semaines, et elle a donc décidé de "tomber à gauche", dans la plus pure tradition politicienne, afin de se positionner en vue de la prochaine élection présidentielle.

Ainsi pour la première fois depuis son départ du gouvernement, elle intervenait le samedi 5 avril devant le conseil fédéral de son parti.

Dans son discours, fort applaudi par une claque assez bien organisée au sein de ce public restreint, elle a cru nécessaire de déclarer : "je veux dire ici une chose bien claire : je ne crois pas à la guerre des gauches. Et l’écologie politique ne servira jamais de variable d’ajustement, ou d’idiot utile, dans les règlements de comptes entre les forces déclinantes du productivisme." 

Or, quand un politicien construit cette sorte de démentis publics, on doit toujours formuler l'hypothèse inverse. Sa négation rhétorique ne doit pas nous convaincre.

1. contrairement à ce que prétend Duflot la guerre des gauches semble bel et bien se dessiner à l'horizon

2. et d'autre part, l'espace de l'écologisme va probablement constituer, l'un des enjeux de la rivalité entre sociaux-démocrates et post-staliniens.

Dans le jeu de go des deux tendances issues de la majorité présidentielle de 2012, désormais en voie de fragilisation, les Verts, petite secte gauchiste dans son mode fonctionnement, appartenaient plutôt jusqu'ici au camp des "hollandais".

En fait, dans la perspective des élections présidentielles à venir, la camarade Duflot ne semble nullement décidée à laisser une quelconque Eva Joly prendre une place qui lui revient, pense-t-elle, après son propre passage au gouvernement, maintenant ou jamais. (3)⇓

Elle sait aussi que les divers discours où Mélenchon, et même l'appareil communiste, en arrivent à revendiquer une part du courant écologiste annoncent une redistribution des cartes.

Le gouvernement Valls n'a été constitué ni en vue d'une véritable réorientation "sociale-démocrate" ni en considération de cette rupture, mais seulement en fonction des équilibrages internes au sein du parti socialiste – la seule compétence que l'on puisse reconnaître à Monsieur Normal – et afin d'éviter une décrue électorale trop désastreuse aux européennes de mai.

Mais, par la force des choses, il se trouvera contraint de gérer les clivages de plus en plus fort entre les deux familles, de plus en plus déchirées, de la gauche. Et il ne pourra pas esquiver longtemps la nécessité de prouver sa volonté de réformes.

JG Malliarakis http://www.insolent.fr/2014/04/la-guerre-des-gauches-qui-commence.html

Apostilles

  1.  cf. sondage Ifop publié "Ouest-France" en ligne dans son édition du Soir.
  2.  cf. Le Parisien en ligne le 05.04.2014, à 6 h 34
  3.  Sur le caractère de secte gauchiste strictement politicienne du parti de Mme Duflot, on se reportera au livre de Christian Laudrut "l'Imposture écologiste" (aux Editions du Trident) 

 

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