Ramener le déficit public en-dessous du seuil de 3% du PIB en 2015 afin de respecter les engagements européens de la France et les critères de convergence de la monnaie unique établis par le traité de Maastricht. Tel est l’objectif du Plan de stabilité qui, présenté le 23 avril en Conseil des ministres, par Michel Sapin et Christian Eckert, prévoit 50 milliards d’économies sur la période 2015-2017.
Selon l’échéancier de ce plan, il faudra trouver 21 milliards d’euros en 2015, 16 milliards en 2016 et 13 milliards en 2017. Mais le ministre des Finances et des Comptes publics a indiqué qu’un effort supplémentaire de 4 milliards d’économies devait être réalisé dès cette année, étant donné que les finances de la France, mises sous surveillance par la Commission européenne, ont dérapé l’an dernier, avec un déficit de 4,3% au lieu des 4,1% attendus. Les détails seront précisés dans le collectif budgétaire de juin prochain.
Cet « effort net de redressement supplémentaire » devrait être financé par des économies dans la dépense publique. Le gouvernement compte sur la sous-exécution des dépenses de l’assurance-maladie constatée en 2013 (1 milliard) ainsi que sur les effets des décisions prises par les partenaires sociaux au sujet de l’assurence-chômage. Des prestations (retraitres, allocations logement) pourraient être gelées et le recours à la réserve de précaution de 7 milliards, abondée par des gels de crédits, est envisagé.
Et cette éventualité est susceptible de se traduire par des coupes dans le budget du ministère de la Défense, puisqu’il contribue, comme les autres, à cette réserve de précaution…
Or, la trajectoire financière de la Loi de programmation militaire 2014-2019 prévoit de maintenir ce dernier à 31,4 milliards d’euros jusqu’en 2016 (c’est à dire qu’il ne prend pas en compte l’inflation) et de l’augmenter légèrement par la suite. Pour cela, les armées doivent supprimer 34.000 postes et compter sur 6,1 milliards de recettes exceptionnelles (REX), aléatoires par définition. En un mot comme en cent, ce montage est fragile et la moindre encoche est susceptible de le faire s’effondrer.
D’où l’avertissement lancé par le chef d’état-major des armées (CEMA), le général Pierre de Villiers contre tout coup de rabot qui affecterait le budget de la Défense, comme cela s’est vu trop souvent par le passé.
« Si on supprime des crédits sur les trois prochaines années en-deçà de ce qui est prévu à l’heure actuelle, on supprimera du physique. C’est mécanique », a-t-il en effet affirmé en marge d’un déplacement à Washington. « Les gains de productivité, ça a des limites », a-t-il insisté.
Avec le Livre blanc sur la défense publié il y a tout juste un an et la LPM qui en découle, l’armée français a une « feuille de route qui est claire », a fait valoir le général de Villiers. « Tout cela est cohérent avec une enveloppe qui est calculée au plus juste et on a eu des difficultés à tailler le costume », a-t-il expliqué.
Aussi, si jamais les ressources financières espérées par les armées devaient être moindres que prévu, « ce serait un autre projet », a-t-il dit. « Tout est possible, simplement il faudra le dire », a ajouté le CEMA.
Pour autant, le général de Villiers a aussi précisé qu’il ne disposait pas, « à ce stade », d’éléments sur d’éventuelles coupes budgétaires, « les arbitrages n’(ayant) pas été faits ». Aussi, en la matière, il vaut mieux prendre les devants. Et c’est ce qu’il a fait.