Les manifs… on en a tous fait et à chaque fois, on s’est dit la même chose. "Ça sert à rien."
Ça sert à rien parce que la plupart des gens s’en foutent, que ça fera au maximum 3 minutes au journal de 20h et un article à sensation dans un canard papier du système que plus personne ne lit.
Ça sert à rien, parce que le fait de marcher, que ce soit 100 mètres ou 10 km n’a aucune influence sur les gens qui nous gouvernent. Les manifestants de la manif pour tous doivent en garder un souvenir amer. Eux qui ont débarqué à Paris par centaines de milliers pour s’opposer au mariage homo et qui malgré leur investissement n’ont absolument rien obtenu. Pas même un referendum, ni une véritable indépendance des maires.
Ça sert à rien parce que les mots d’ordre sont souvent peu clairs, les discours peu intéressants et qu’au bout d’un moment on se demande ce qu’on fout là.
Ça sert à rien parce que les porte-paroles n’expriment pas la pensée de la foule, mais la leur, et parce que les porte-paroles servent des intérêts : ceux du système, ceux de leur parti, ou leur intérêt personnel.
Ça sert à rien parce que les manifs ne sont en réalité qu’une addition d‘atomes et non un véritable corps en mouvement. Chacun vient pour lui-même, pour son autosatisfaction, pour y être, mais en définitive, pas pour faire de la politique.
Ça sert à rien, parce que personne ne partage une culture politique commune, chacun chante son slogan et que tout le monde repart comme il est venu, à cause du boulot, des gosses, des bouchons sur la route …
Ça sert à rien parce qu’aucune manif ne remplace une action politique localisée et suivie.
Ça sert à rien parce que la manif est typiquement dans l’esprit du bougisme moderne. Bouger pour bouger, sans aucune construction politique derrière. Beugler pour beugler, hurler des slogans en lieu et place d’une argumentation, se parler à soi même, ou à qui veut l’entendre, plutôt que de se confronter directement à la population, ou à un contradicteur.
Ça sert à rien parce que ça alimente juste la société du spectacle, et qu'on est pas là pour la nourrir.
Ça sert à rien parce que ça fait des décennies que des mecs ont l’impression de militer en allant se balader dans la rue un samedi après-midi.
Ça sert à rien, parce qu’on déclare pas la révolution en préfecture.
Mais alors, me répondrez-vous, il faut abandonner la rue ? Laisser le système prospérer sans jamais se montrer ?
Pas tout à fait… il faut surement réfléchir à l’objectif réel d’une manifestation. Ça ne sert à rien mais, ça peut permettre de se faire connaître, ça peut permettre de cohérer des troupes, ça peut permettre de montrer la vitalité d’une idée, ou la valeur d’une opposition. La manif pour tous n’a rien obtenu, mais nul ne pourra affirmer que personne ne s’est opposé, que l’opposition était minoritaire et circonscrite dans les cercles catholiques intégristes. Le gouvernement triomphe sans gloire lorsqu’il ne tient pas compte d’une telle mobilisation. C’est une victoire à la Pyrrhus, une victoire pour l’orgueil, pour la forme. Quand on est ouvrier, marin-pêcheur ou agriculteur, la manif c’est un moyen d’aller au carton, de déverser des tonnes de fumier devant les pourris de la ripoublique et leurs laquais. De leur rappeler le principe du réel.
La manif doit toujours être intégrée dans une stratégie politique globale, être bien préparée, bien encadrée, aucun détail ne doit être laissé au hasard. La manif doit toujours demeurer une action politique, c'est-à-dire qui a comme objectif le bien commun. A ce titre les manifs estampillées « nationalistes » sont généralement un désastre. Entre les looks, les slogans, les attitudes… Rien de politique, tout dans l’autosatisfaction de son égo de mauvais garçon et de paria. Et des tonnes d’images pour alimenter les troupes d’occupation mentale, les discours de l’ennemi et justifier toutes les mesures d’hostilité contre nous.
La manif doit donc devenir une activité secondaire. Si le marquage et l'appropriation du territoire sont nécessaires, ils doivent se faire sous d’autres formes que les manifs et les collages, qui occupent le temps des militants mais ne sont source d’aucune réussite politique. On ne peut triompher politiquement qu’en revenant au réel, en s’adressant à la population, en construisant avec elle une alternative à la ploutocratie mondialiste.
Jean/C.N.C
Photo 1 : La Manif pour tous
Photo 2: Black Bloc d'extrême-gauche
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/05/03/les-manifs-ca-sert-a-rien-5359820.html