Certains journaux bien-pensants ont rediffusé pendant cette fin de semaine les résultats d'un sondage sur la popularité de l'ancien ministre de l'Intérieur installé à l'Hôtel Matignon. "Le Monde"nbsp;(1)⇓ va jusqu'à titrer la nouvelle comme sir les "deux tiers" des citoyens d'ores et déjà ralliés à cet homme et à son programme. "Deux Français sur trois" voilà qui nous ramène aux équations de Giscard d'Estaing. Réussite zéro.
Si elle se vérifiait cependant on pourrait regarder cette bouffée d'oxygène du chef du gouvernement comme symétrique du discrédit, probablement sans appel, du chef de l'État. Ainsi après les élections européennes, quel qu'en soit le résultat pour le PS qui rappelons-le part de très bas, une nouvelle combinaison gouvernementale pourra se former autour du même Premier ministre. En regard en effet, personne ne croit plus en Hollande.
Franchement inespérée jusqu'en 2011 l'ascension du plus médiocre des grenouilleurs socialistes de l'ère Mitterrand conduit trop souvent à des interrogations mal posées. Que va-t-il faire désormais ? Quelle politique cette "universelle araigne" des temps modernes conduira-t-elle depuis l'Élysée ? Voilà autant de surestimations des capacités d'un gros roublard velléitaire. Il n'a rien accompli de sérieux quand, franchement élu, il disposait d'un certain crédit de confiance. En deux ans de concertations inutiles, il n'a rien réussi ; il avait pourtant été fidèlement assisté par le Premier ministre qu'il avait choisi dans son cercle d'intimes.
Ensemble, les historiens ne pourront pas vraiment dire qu'entre 2012 et 2014, Hollande et Ayrault ne sont parvenus à aucun "résultat". Simplement, ménageant encore les diplodocus du marxisme et de l'étatisme qui, pourtant, les vilipendent de plus, ils n'ont produit aucune vraie réforme aux effets positifs. Et ils ont effectivement réussi à faire de la France la risée du monde et l'inquiétude de l'Europe.
Une partie de l'opinion s'engouffre à ce sujet dans le contresens habituel aux faibles : elle en arrive à inverser les responsabilités, tels les gens qui accusent leurs banquiers des découverts de leurs comptes courants, elle reproche aux institutions européennes essentiellement mises au point par la classe politique hexagonale les erreurs imputables à l'État central parisien.
Mais qu'un tel personnage "sensuel et sans férocité comme tous les radicaux-socialistes" soit devenu chef de l'État républicain en 2012, ne doit pas nous faire oublier le vrai programme des gens que l'on nous présente, avec Manuel Valls comme représentants d'une solution alternative, ceux dont on nous assure qu'ils représenteraient les "sociaux-démocrates" à la sauce française.
Rendons à César ce qui appartient à César et donnons aux bonimenteurs strauss-kahniens leur véritable étiquette
Jusqu'à sa déqualification "accidentelle", le véritable inspirateur de la ligne idéologique et singulièrement politique économique désormais dominante au sein du PS s'appelait Dominique Strauss-Kahn. Injustement oublié, le plus brillant économiste de Sarcelles avait été envoyé au Fonds Monétaire International par Nicolas Sarkozy. Son principal disciple s'appelait Georges Papandréou, de glorieuse mémoire, président de l'Internationale sociale et chef du gouvernement grec, démis en même temps que par le Sommet de Cannes de novembre 2011 après deux années d'un exercice pouvoir presque aussi calamiteux que celui de François Hollande depuis mai 2012.
Dans le sillage strauss-kahnien se situaient, on ne doit pas non plus l'oublier, aussi bien un Manuel Valls qu'un Jean-Marie Le Guen qu'un Jean-Christophe Cambadélis. Voilà les nouveaux promus, voilà les hommes qui montent en quelque sorte. Un seul de leurs amis a été mis en réserve : Pierre Moscovici. Soulignons qu'entre 2012 et 2014 le passage à Bercy de ce personnage courtois mais falot n'a pas marqué les esprits. On parle donc de lui comme commissaire européen.
Aucune vraie réforme ne figure au programme de ces équipes, aucune perspective concrète de réhabilitation nationale, seule une vague affirmation de chiffres faussement redressés, de statistiques artificielles et de manipulations comptables servies à l'opinion. Aucun citoyen informé, aucun contribuable réel, aucun assuré social conscient de ce qui lui est pris chaque mois sur sa feuille de paye ne devrait "normalement" s'y laisser prendre. Tout tient dans ce "normalement", dans cette illusion républicaine dont on nous berce encore. Hélas puisque Pierre Laurent et le PCF nous assurent que nous nous trouvons en présence d'un programme d'austériténbsp;(2)⇓ trop de braves gens vont encore le croire…
JG Malliarakis
http://www.insolent.fr/2014/05/le-grand-retour-des-bobards-strauss-kahniens.html
Apostilles
1 ) cf. "Le plan d’austérité le plus violent jamais imposé à la France " Le Monde.fr avec AFP | 04.05.2014 à 05h24 • Mis à jour le 04.05.2014 à 10h27⇑
2) cf. "sur le site d'Économie matin ce 5 mai. ⇑