Les Autrichiens sont en émoi : pour trouver les financements nécessaires au renflouement d’Hypo Alpe Adria, une petite banque nationalisée, le gouvernement a décidé de réduire le budget de l’éducation nationale.
Hypo Alpe Adria (HAA), qui a son siège à Klagenfurt, en Carinthie, le Land le plus méridional de l’Autriche, avait étendu son marché aux pays de l’ex-Yougoslavie (Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, et République de Macédoine) après la dislocation de ce pays, mais aussi à l’Italie, en Bulgarie et en Hongrie. Ces marchés lui ont assuré une croissance très rapide, souvent suspectée de reposer sur des activités mafieuses.
En 2007, la banque BayernLB avait acheté la moitié des parts d’Hypo Alpe Adria, mais après la faillite de Lehman Brothers en 2008, Hypo Alpe Adria ne parvient plus à se refinancer sur les marchés, tandis que les créances douteuses s’amassent dans son bilan. A la fin de l’année 2009, alors en grandes difficultés, elle est nationalisée pour un euro symbolique, mais les problèmes ne sont pas résolus pour autant, et la banque accumule les pertes.
En 2013, celles-ci s’élèvent à 2,7 milliards d’euros, alors que l’Etat autrichien a déjà injecté 3,6 milliards d’euros dans la banque. Le gouvernement souhaite résoudre le problème, mais la banque est invendable en l’état, et elle jouit d’une garantie accordée par le Land de la Carinthie de 12 milliards d’euros, qui, si elle était actionnée en cas de mise en faillite d’Hypo Alpe Adria, pourrait entraîner à son tour une faillite de la région, un évènement impensable que la Constitution n’a pas prévu.
Le 9 mars dernier, la banque centrale autrichienne propose de regrouper les 17,8 milliards d’euros de créances douteuses dans une « bad bank » pour en assurer la liquidation. Cependant, l’Etat doit trouver 1,4 milliard d'euros pour financer la création de cette structure, mais la coalition au gouvernement refuse d’alourdir le déficit au risque de dépasser la limite de 3% prévue par le Traité de Maastricht.
Le gouvernement a donc décidé de trancher dans le budget de l’éducation, et de le réduire de 57 millions d’euros pour cette année, et de 60 millions d’euros pour l’année prochaine. L’une des mesures les plus importantes pour parvenir à cette économie porte sur le nombre d’élèves par classe, qui pourra désormais excéder le nombre de 30. Mais le plan prévoit également d’autres dispositions impopulaires. Selon certains députés, le gouvernement devra trouver 200 millions d’économies au total, ce qui pourrait se traduire par d’autres mesures, telles qu’un gel des salaires des professeurs.
Cette solution ne réjouit guère les Autrichiens. Les associations de parents d’élèves sont furieuses, et le syndicat des enseignants a indiqué «ne comprendre absolument pas pourquoi nos enfants devrait payer pour les banques et les spéculateurs ». Certains redoutent que les mesures ne dégradent encore davantage le classement de l’Autriche au PISA de l’OCDE, où l’Autriche se classe moyenne.