Qu’est-ce donc que ce parti, qu’est-ce que ces hommes dont les noms apparaissent plus souvent dans la chronique judiciaire que dans la rubrique politique ?
Faut-il y voir, comme on n’aurait pas manqué de le faire au Moyen Âge, la main et le jugement de Dieu ou, plus banalement, l’illustration, somme toute morale, du vieil adage, si souvent démenti, selon lequel un bien mal acquis ne profite jamais ? Quoi qu’il en soit, la démission – ou plutôt l’éviction – de Jean-François Copé de ce fauteuil présidentiel qu’il avait décroché à la force des dents au terme d’une compétition déloyale et faussée ne saurait tirer des larmes qu’à des crocodiles et à Mme Nadine Morano. Voilà au moins une chose, dira le bon sens populaire, que l’aigle déplumé de Meaux n’aura pas volée, et François Fillon peut savourer une légitime vengeance qui a eu tout le temps de refroidir depuis les heures brûlantes de novembre 2012.
Hier encore tout-puissant exécuteur des hautes et des basses œuvres de l’UMP, directeur de cabinet de Copé et tout juste élu au Parlement européen, mais soudain précipité du Capitole bruxellois au bas de la Roche tarpéienne, la tête basse, des sanglots dans la voix et les larmes aux yeux, Jérôme le pathétique a craché le morceau, et quel morceau ! Plus de dix millions d’euros de fausses factures ont donc financé les débordements financiers d’un Nicolas Sarkozy prêt à tout, et d’abord à violer la loi pour gagner la partie. Quelque soin qu’ait mis ce fidèle serviteur d’une mauvaise cause à tout prendre sur lui, qui peut croire que le président-candidat et celui qui, secrétaire général de l’UMP, contrôlait déjà l’appareil du parti, aient pu ignorer les manœuvres frauduleuses auxquelles recourait l’un de leurs plus proches collaborateurs, qui peut croire qu’ils n’aient pas connu, autorisé et couvert des malversations qui étaient obligatoirement soumises à la signature de quatre hauts responsables du mouvement ? L’UMP, si opulente qu’elle soit, le serait-elle au point de n’être pas à quelques millions près ?