Le 20 avril 2012, les Mexicains découvraient dans leurs salles obscures le film « Cristeros», racontant une page importante, récente, mais quelque peu oubliée de leur histoire. A la fin des années 20, le président Calles et son gouvernement instaurent des lois anticatholiques radicales, provoquant peu à peu une révolte populaire…
Porté par des acteurs internationalement reconnus, le film est un succès au Mexique et est rapidement projeté aux Etats-Unis. Il faut attendre près d’un an avant de le voir également dans certaines salles européennes, en Pologne et en Espagne, deux des derniers grands bastions catholiques du vieux continent. Et la France, me direz-vous ? Elle récompense à cette époque deux œuvres cinématographiques d’un tout autre genre, le film lesbien « La vie d’Adèle » et surtout le film à la gloire de la théorie du genre « Guillaume et les garçons à table ». Dans la vie politique, l’année 2013 est marquée par la loi autorisant le mariage homosexuel et par les manifestations massives contre ce projet. Les catholiques de France descendent alors dans la rue pour crier leur ras-le-bol face à la décadence de la société et l’inversion totale des valeurs, et font face à cette occasion à un mépris total du gouvernement et une violence policière démesurée, menant de nombreux jeunes de « bonnes familles » dans les geôles de l’Etat, l’un d’eux faisant même plusieurs semaines de prison à Fleury-Mérogis, dans la cellule voisine de Rédoine Faïd, braqueur, meurtrier de policiers et ennemi public numéro 1 !
Alors que le gouvernement dit français refuse une pétition de centaines de milliers de signatures, s’en prend à « l’obscurantisme » de l’Eglise Catholique et réprime des manifestations, il n’est pas interdit de voir dans la non-sortie du film dans l’hexagone une volonté politique. En effet, ces différentes dérives trouvent un écho flagrant dans l’histoire des Cristeros.
Un an plus tard, ce qui - si vous avez bien suivi jusque-là - nous amène à ce mois de mai 2014, les manifestations ont cessé (mettons de côté l’échec de l’initiative « Jour de Colère »), laissant la place de poil à gratter du gouvernement au Front National et à ses scores historiques lors des élections municipales et européennes. Cependant un réseau s’est créé lors de l’année écoulée, et par l’intermédiaire notamment du blog Catholique « Le Salon Beige », une forte pression est exercée sur les chaînes de cinéma du pays afin que le fameux film soit distribué.
L’opération est une réussite, et c’est donc le 14 mai 2014 que les Français peuvent enfin découvrir « Cristeros ». Ils ont tout de même droit à une dernière insulte, le diffuseur ayant en effet jugé malin de passer la bande annonce de « Welcome to New York » avant le film, qui raconte les aventures de DSK avec bien sûr des scènes de sexe à foison. Bref, les salles sont pleines partout en France (avec même les Renseignements Généraux dans les salles) et c’est donc une belle victoire.
Le film commence par un message religieux, puis par un rappel du contexte historique. En 1926, quelques années après la Révolution, le président Plutarco Elias Calles renforce les lois anticatholiques de la constitution mexicaine de 1917 : Les évêques, prêtres et pasteurs nés à l’étranger sont expulsés ; les prêtres qui critiquent le gouvernement sont condamnés à cinq ans de prison, et le port d’habits religieux en public est interdit. Très vite, la répression entraîne la mort de nombreux catholiques n’ayant pas bafoué leurs convictions. Ces mesures provoquent d’abord une réaction pacifique de la « Ligue pour la Liberté Religieuse » puis une opposition armée menée par des femmes et des hommes libres du pays : les Cristeros.
Nous découvrons peu à peu les personnages principaux, tous ayant réellement existé.
Le Père Christopher, interprété par Peter O’Toole (Lawrence d’Arabie, La Bible, Caligula, Le Dernier Empereur, Troie…) refuse de se battre mais il refuse également de se soumettre aux lois liberticides. Il accueille le jeune José Sanchez pour en faire un enfant de chœur, ils sont cependant tous deux vite rattrapés par le conflit et le petit mexicain doit alors prendre des décisions d’homme.
A la tête de l’armée catholique des Cristeros, nous découvrons le général Enrique Gorostieta Velarde, militaire à la retraite et autrefois sous les ordres du président Huerta, joué ici par Andy Garcia (Le Parrain 3, Ocean’s Eleven…). Le film commet d’ailleurs l’une de ses rares erreurs en nous le présentant comme un athée se convertissant au fur et à mesure des évènements, et sous l’influence de sa femme (jouée par Eva Longoria, surprenante dans son rôle). La famille du général Gorostieta a en effet indiqué à la sortie du film que leur aïeul était déjà un catholique fervent au moment de s’engager dans cette lutte.
Victoriano Ramírez (interprété par Oscar Isaac, prochainement à l’affiche de Star Wars Episode VII), lui, s’est fait connaître dans l’armée par un fait d’arme impressionnant ; il a tué quatorze hommes de l’armée régulière mexicaine à lui seul avant de rejoindre la rébellion, accompagné de ses hommes. C’est avec surprise qu’il y découvre le père Vega, prêtre-soldat, ainsi que de nombreuses femmes qui participent à l’effort de guerre.
Ces héros se rencontrent tour à tour mais de nombreuses rancœurs perturbent le bon déroulement de leurs combats. Embauché comme mercenaire, le Général Gorostieta doit convaincre les hommes les plus durs de son dévouement et ne peut contrôler le sanguin Ramirez. Le Père Vega quant à lui est à l’origine de l’un des crimes les plus violents commis par les Cristeros, en faisant brûler –par mégarde- un train qui n’avait pas été évacué, ce qui entraîne des représailles très dures du président Calles. Les tribulations politiques sont nombreuses, et les mexicains connaissaient les pires horreurs de la guerre.
C’est finalement l’arrivée dans les rangs des Cristeros du petit José et le martyre qu’il va connaître qui va souder l’armée. Serviable et courageux, le garçon est capturé au cours d’une bataille. Il est questionné, menacé, torturé, mais il ne livre pas ses compagnons qui eux sont à sa recherche. Pire pour ses adversaires, il refuse de renier le Christ, et est ainsi livré à un véritable Chemin de Croix. Ensanglanté, les pieds nus, il est traîné dans les rues de sa ville, il chute à plusieurs reprises mais se relève, une dernière occasion d’avoir la vie sauve lui est donnée s’il trahi ses frères et renie sa Foi. Il n’en fait rien et est exécuté devant sa famille, impuissante mais fière, et devant le Général, arrivant quelques instants trop tard.
L’épilogue nous apprend le destin des différents protagonistes et d’autres héros des Cristeros. José Luis Sanchez del Rio, 14 ans à sa mort, et douze autres mexicains furent reconnus comme martyrs et béatifiés par le cardinal José Saraiva Martins le 20 novembre 2005 sous le pontificat du Pape Benoît XVI. Le père Christopher et vingt-quatre de ses compagnons martyrs, prêtres et laïcs, avaient déjà été canonisé le 21 mai 2000 par le Pape Jean-Paul II.
Bande annonce :
Dean Wright, réalisateur du film mais principalement connu pour son travail sur les effets visuels (Titanic, Le Seigneur des Anneaux, L’Homme Bicentenaire…),choisi de ne pas montrer le dénouement politique de cette guerre Mexicaine - le Président Calles faisant des concessions mais éliminant tout de même de nombreux anciens Cristeros - et en fait ainsi une œuvre avant tout profondément catholique. Même si certaines scènes font peut-être un peu trop jouer la corde sensible du spectateur, nous voyons pendant près de deux heures et demie le courage d’hommes, de femmes et d’enfants s’étant battu pour leur Foi. Nous voyons au travers de ces évènements historiques qu’il n’y a pas qu’une seule manière de se battre et que chaque bonne volonté peut apporter beaucoup à la lutte ; cela marquera ceux qui ont participé à toutes les actions de défense de la Famille, manifestations, veilleurs, sentinelles, mères veilleuses…
Souvent pointés du doigt pour une supposée mollesse, les Catholiques de France se sont réveillés et ont même été les têtes de proue d’un grand mouvement d’opposition, qui n’a d’ailleurs pas été sans lendemain puisque le journal La Croix rapportait le 27 mai dernier que 21% des pratiquants réguliers avaient voté pour le Front National lors des élections européennes de dimanche dernier, contre 4% en 2009. Même si la France n’a pas connu de martyr durant cette période récente, il est assez aisé et sain finalement de faire de « Cristeros » un film symbole des nouveaux combats de notre siècle.
En ce jour de l’Ascension 2014, et en hommage à ces combattants catholiques d’Amérique du Sud, « Longue vie au Christ Roi et à Notre Dame de Guadalupe » !
Marceau / C.N.C http://cerclenonconforme.hautetfort.com/