Reposant sur le postulat fantasmé d’un patronat raciste et xénophobe, le CV anonyme, comme il fallait s’y attendre, a atteint le but contraire de celui initialement recherché.
« Dans les entreprises d’au moins cinquante salariés, les informations mentionnées à l’article L. 1221-6 et communiquées par écrit par le candidat à un emploi ne peuvent être examinées que dans des conditions préservant son anonymat. Les modalités d’application du présent article sont déterminées par décret en Conseil d’État. » Ainsi est rédigé l’article L.1221-7 du Code du travail, issu de la loi du 31 mars 2006 pour l’égalité des chances. En 2011, Christian Vanneste, alors député, faisait remarquer à Xavier Bertrand, ministre du Travail, que ce que l’on appelle couramment le CV anonyme n’avait toujours pas fait l’objet d’un décret d’application, son absence rendant ce dispositif d’une parfaite innocuité juridique.
Ce 18 juin, saisi par La Maison des potes – Maison de l’égalité, le MoDem Sciences Po et un étudiant en droit, le Conseil d’État examinera leur requête aux fins d’enjoindre le Premier ministre d’édicter ledit décret. Rappelons que le CV anonyme se définit comme ne devant nullement faire apparaître les mentions des nom et prénom, l’adresse, le sexe, l’âge ou la date de naissance, le lieu de naissance, la nationalité, la situation de famille et la photo du candidat à l’embauche. Avant d’être éventuellement étendu à tout le pays, il était expérimenté dans huit départements pilotes (Nord, Bas-Rhin, Seine-Saint-Denis, Paris, Hauts-de-Seine, Loire-Atlantique, Rhône, Bouches-du-Rhône).