5 millions. C’est le nombre record d’heures de travail qu’il aura fallu aux ouvriers Français pour construire le bâtiment Mistral que François Hollande, à la veille du sommet de l’Otan, en un nouvel acte de soumission aux Etats-Unis, refuse finalement (provisoirement?) de livrer à la Russie. Un geste commercialement et politiquement désastreux s’il était confirmé. 811 510. C’est le nombre de naissances en France en 2013 selon le rapport annuel de l’Insee publié mercredi. Un chiffre en légère baisse par rapport à 2012 (-1,2%), mais qui reste bien plus élevé qu’il y a vingt ans et qui place toujours la France (avec un taux de fécondité de 1,99 par femme), parmi les pays les plus féconds d’Europe. Il faut y voir principalement la marque de cette « vitalité démographique » engendrée par l’immigration de peuplement dont le président de la République se félicitait mardi dans le symbolique département de Seine-Saint-Denis (voir notre blogue). 607. C’est le nombre de romans qui sont sortis à l’occasion de la traditionnelle rentrée littéraire. De nombreux médias ont tenu à extraire de cette forêt foisonnante de publications, le roman de Thierry Beinstingel (en librairie depuis le 20 août), Faux Négres car traitant de cette question existentielle: « Pourquoi les gens d’ici votent-ils à l’extrême droite ? » Ici explique gravement le site de TF1, « c’est une petite ville de l’est de la France, dans laquelle une candidate d’extreme-droite a réalisé le meilleur score de son parti lors de la dernière présidentielle. Une commune qui intéresse bon nombre de journalistes et spécialistes, qui cherchent désormais à comprendre comment ses habitants en sont arrivés à voter ainsi » (sic). « (…) L’auteur trouve un semblant d’explication à cette augmentation des votes en faveur de l’extrême-droite. Des chapitres qui s’entremêlent aux autres et qui tentent de comprendre d’où vient cette peur de l’étranger, cette perte des valeurs de l’école de Ferry et finalement l’origine de ce vote encore diffcile à expliquer » (sic).
Un récit nous a confié un ami libraire, pourtant bien médiocre, notamment sur le plan stylistique, balourd, pompeux et vide, dont on s’expliquerait assez mal la promotion multiforme (il fera de toute façon un bide, c’est assez évident), si ce n’est par sa prétention à ajouter son petit caillou à l’édification du roman antinational
200 000. Seul le roman Pétronille d’Amélie Nothomb bénéficie cette rentrée d’un tirage équivalent, c’est le nombre d’exemplaires imprimés du récit, Merci pour ce moment, publié par Valérie Trierweiler de sa liaison avec François Hollande qui sort aujourd’hui en librairie.
Nombre d’exemplaires qui peut paraître élevé pour un roman qui ne déparerait pas (au vu des passages qui en ont filtré) dans la collection Harlequin mais qui peut peut être se justifier par la curiosité que peut générer le dévoilement de l’intimité du célèbre personnage central qu’il met en scène…Qu’il soit un succès ou pas, peu importe puisque « le mal est fait », la très large publicité faite autour de ses extraits éclairants, publiés dans Paris-Match hier et relayés partout, a atteinte tous les Français.
La France n’est pas les Etats-Unis et les potins de chambre à coucher ont été jusqu’à une date récente délibérément écartés par les médias au nom du respect de la vie privée, dissociée de la vie publique. Jusqu’au moment ou la frontière entre les deux a été abolie. Succombant aux sirènes de la pipolisation et du story telling à l’anglo-saxonne, les politiciens ont ouvert la boite de pandore, celle de toutes les dérives, en dévoilant toujours un peu plus leur intimité.
Les Français se moqueraient, très majoritairement, totalement de la vie privée du chef de l’Etat (« atterré » paraît il par ce livre, lui qui a toujours essayé de préserver la sienne), si les promesses sur lesquelles il avait fait campagne étaient en passe d’être tenues et suivies de résultats tangibles. Tout juste le FN relevait-il au début du quinquennat que cet « adepte du mariage pour tous mais pas pour lui » s’était refusé de légaliser son union avec Mme Trierweiler, peu appréciée des Français quand elle vivait officiellement à ses côtés. Une union officielle qui aurait donné un semblant de légitimité au coûteux cabinet de cette dernière installé au palais de l’Elysée et financé indûment par les contribuables.
Mais le témoignage à charge de cette journaliste politique, achèvera certainement de déconsidérer encore un peu plus, c’est bien le plus grave note Bruno Gollnisch, l’image de la France, la fonction présidentielle dont M. Hollande est le dépositaire. Une fonction déjà sérieusement écornée par le règne du bling bling Sarkozy et son amour pour les reportages familiaux couchés sur papier glacé. Les plus optimistes noteront que les Français ont certes échappé à DSK…
Invitée de RTL ce matin, Marine Le Pen affirme pareillement que Merci pour ce moment est » un déshonneur pour la France, qui touche autant celle qui parle que celui dont on parle », « la prise en otage de la classe politique par ce concours d’indécence mené par François Hollande et Valérie Trierweiler ».
Alors faut-il prendre pour argent comptant les affirmations de cette dernière? Faut-il croireles vérités assenées par une femme qui dénonçait hier les médias qu’elle accusait d’attenter à sa vie intime…et qu’elle expose aujourd’hui?
Mais surtout, que reste-t-il désormais de cet image bonhomme, débonnaire, duprésident normal, plein d’humour après la publication de ce témoignage ? Un homme, Bruno Gollnisch le relevait aussi en janvier dernier, qui avait déjà commis une faute de goût avec son communiqué lapidaire, d’une sécheresse bien maladroite, annonçant la répudiation de Valérie Trierweiler. Nous le notions il y a peu, le seul capital qui restait à M. Hollande auprès des Français, si l’on en croit les sondages, était justement celui de la «sympathie» qu’il semblait dégager, à défaut de la compétence et du courage.
Le microcosme lui n’était pas dupe. Beaucoup de choses déjà étaient dites dans le livre, à la sortie beaucoup plus confidentielle, de Cécile Amar, journaliste politique du JDD, Jusqu’ici tout va mal, consacré à M. Hollande. Fruit de dix années passées dans son sillage, il délivre des témoignages recueillis dans l’entourage du président décrivant aussi un « homme méchant »…
Au delà de l’écume d’une vie privée que nous n’aurions pas vocation à commenter, le questionnement politique reprend ses droits.
A mi-mandat, ce qu’ affirme Mme Trierweiler fait l’effet d’une bombe à fragmentation qui obère la possibilité même pour M. Hollande, à qui moins de deux Français sur deux accordent leur confiance, de se représenter en 2017 . Cette phrase terrible a déjà été longuement commentée: « Il (François Hollande, NDLR), s’est présenté comme l’homme qui n’aime pas les riches. En réalité, le président n’aime pas les pauvres. Lui, l’homme de gauche dit en privé : les sans-dents, très fier de son trait d’humour »; une « expression abjecte » a relevé Marine.
Existe-il en effet affirmation plus terrible au sujet d’un homme de gauche, manifestation plus violente d’un mépris social, du double jeu de l’homme du fameux discours du Bourget?
Le site du Point comme beaucoup de ses confrères, souligne en effet qu’ « au final le portrait de François Hollande semble terrible. On découvre un homme froid, sans coeur, totalement dépassé par les événements, calculateur, parfois méchant, enfermé dans une bulle… » Avec cette parution restée secrète jusqu’au dernier moment, « les bienfaits d’un remaniement spectaculaire, d’une révision drastique de la politique économique sont déjà estompés« . C’est pour l’Élysée » le scénario noir : à deux semaines de sa conférence de presse de rentrée, le chef de l’État prend encore un paquet de mer en pleine figure. Rien n’y fait ! Dès que le président espère déployer ses ailes, il s’effondre un peu plus encore…Présidence exemplaire, vie privée exemplaire, où êtes-vous ? »
Cette nouvelle crise du régime est plus largement un nouveau signe de l’affaissement de ce Système sur lui même. Les effets de cette vengeance publique sont terribles pour une gauche euromondialiste aux abois. Il y a quelques jours, invité de Jean-Jacques Bourdin surRMC, Claude Bartolone confiait qu’une dissolution de l’Assemblée ne profiterait qu’au FN. Mais M. Hollande est-il encore en capacité de gouverner, d‘incarner la fonction pour laquelle il a été élu ?