J’ai entendu avec patience le discours de politique générale de Manuel Valls. De la patience il m’en fallu devant les anaphores enragées du premier ministre, à croire que le socialisme est aujourd’hui devenu à ce point fou qu’il croit pouvoir promouvoir l’apaisement par l’excès.
La forme importe particulièrement dans ce discours. Du fond on ne peut parler très longtemps puisque les imprécations succédèrent aux pétitions de principe et les promesses intenables aux spectres sans cesses brandis. Nous avons entendu des dizaines de fois des appels aux valeurs de la République. Elles ne furent jamais énumérées, précisées, explicitées. C’eut été un effort trop important pour ce programme brouillon, mieux valait sans doute jouer sur les peurs.
Et sur les peurs Manuel Valls joua. Il joua avec Ebola, avec le massacre des chrétiens d’Orient, avec la crise ukrainienne. Dans un sommet d’irresponsabilité politique il mit même la France en porte à faux en accusant la Russie de nous plonger dans une nouvelle guerre froide et en s’en prenant à l’Allemagne. A la vacuité générale du propos, s’ajouta donc les provocations inutiles.
Ces provocations furent complétées par quelques tentatives : « la gauche gouverne », « cet effort exige que chacun soit à ses responsabilités », « ce qui nous unit est bien plus fort que ce qui nous distingue. Autant d’assertions creuses qui tranchent terriblement avec le ressenti des Français. Les Français veulent majoritairement la fin de la présidence Hollande, ils ont honte des frasques répétées de ministres fraudeurs fiscaux ou amateurs de mauvais « bon mots ». Les Français veulent que l’Etat revienne à leur service et non à celui des partis qui ont capturé les moyens et les travaux de notre appareil dirigeant depuis tant d’années.
On ne peut néanmoins pas attendre d’un premier ministre qui dit sa bienveillance pour les Français une saine perception de sa mission. Un premier ministre n’a pas à s’enorgueillir d’être bienveillant envers le peuple qui a élu sa majorité, c’est bien le moins, il doit assumer que sa responsabilité n’est tirée que de la légitimé que lui donne ou non le peuple. Il est vrai que dire la vérité, eût alors revenu à réclamer la dissolution de l’assemblée nationale, au vu de l’abîme qui sépare aujourd’hui les terroirs français des élus socialistes.
Cette irresponsabilité explique sans doute le lamento initial du premier ministre qui fît presque verser quelques larmes de compassion aux auditeurs. L’inflation trop faible que tant d’économistes annonçaient, la croissance trop molle que les entrepreneurs redoutaient, la tension des politiques internationales sont autant de sujets qui sont partiellement imputables aux errements de François Hollande et de ses gouvernements successifs.
Je regrette encore une fois les grands méfaits de certaines déclarations du ministre : l’immigration considérée comme une chance quand la remigration est la seule solution pour sauver notre pays du grand remplacement, la réforme des professions réglementées brandie comme un sauvetage du pays quand il ne mettra que plus d’intérêts divergents du bien commun, la satisfaction devant les réformes scolaires quand jamais les professeurs ne firent aussi régulièrement état de l’ambiance et des résultats délétères dans notre système scolaire.
Résumons donc les errances des propos de Manuel Valls : il a fait entendre le clientélisme en prétendant en appeler à l’Union nationale, il a choisi de multiplier les excuses quand il voulait redonner de la confiance, il a favorisé le prêt à penser plutôt que la prise en compte des problèmes des Français. Manuel Valls a fait un parfait discours de ministre de François Hollande : dents serrées et propos lâches.
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