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La révolte des intellectuels

Beaucoup d’intellectuels se sont galvaudés dans le conformisme alimentaire et l’intolérance totalitaire. Mais d’autres – et ils sont de plus en plus nombreux – remplissent leur fonction : penser, y compris l’impensable ou l’indicible. 

     En 2012, Richard Millet ou Renaud Camus ont franchi le Rubicon et crié, sans concessions ni faux-semblants, leur « fatigue du sens », conséquence du multiculturalisme, et leur refus du « grand remplacement », c’est-à-dire de la substitution des populations de souche européenne par des gens venus d’ailleurs. Avant cela, Régis Debray avait fait l’Éloge des frontières. Le géographe Christophe Guilluy a, lui, jeté un pavé dans la mare avec ses Fractures françaises où il montre l’ampleur des fractures ethniques. Le philosophe Vincent Coussedière a osé un Éloge du populisme interprété comme volonté de survie d’un peuple en tant que peuple. 

     Des économistes osent aujourd’hui s’afficher comme protectionnistes : Jacques Sapir et Jean-Luc Gréau ont rejoint Alain Chauvet (Un autre monde : Protectionnisme contre prédation) ou Gérard Dussouy, théoricien de la mondialité. Depuis 2010, Hervé Juvin, lui, annonce avec une grande hauteur de vue le Renversement du monde ! 

     Nous assistons aussi au grand retour de la géopolitique, science du réel, donc de la conflictualité, qui perturbe les annonceurs publicitaires des gros médias. Chaque année le festival de géopolitique de Grenoble, organisé par Pascal Gauchon et Jean-Marc Huissoud, marque le retour des intellectuels vers les préoccupations de puissance et la détection des menaces : Aymeric Chauprade, auteur de Chronique du choc des civilisations, peut y croiser Pascal Boniface, auteur d’Atlas du monde global et pourfendeur des Intellectuels faussaires. Hors champ, on ne saurait oublier le général Desportes, ancien directeur de l’École de guerre, et critique des guerres américaines. Ni Alain Soral, qui ne veut pas seulement Comprendre l’empire mais le combattre. Citons encore les apports à la véritable information – osons le mot, à la réinformation ! – de Christian Harbulot, théoricien de la guerre économique ou de François-Bernard Huyghe, lumineux médiologue. 

     Ces hommes-là sont peu présents sur les écrans, mais ils s’imposent peu à peu par la profondeur de leur pensée. 

Jean-Yves Le Gallou, La tyrannie médiatique

http://www.oragesdacier.info/2014/09/la-revolte-des-intellectuels.html

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