Le sabotage tout à fait jubilatoire du prétendu “Tree”, qui défigurait la place Vendôme, n’a pas manqué de susciter des discours attendus. La destruction de cet accessoire sexuel surdimensionné évoquerait donc la réaction des nazis face à l’art qu’ils jugeaient « dégénéré ».
Nous ne nous pencherons pas sur les goûts sans doute petits-bourgeois et kitsch des nazis. Mais, au fond, la rhétorique des défenseurs de ce qu’il faut bien appeler l’art pompier d’aujourd’hui, ironiquement, se retourne contre eux, comme une quenelle.
Le fascisme, comme tout pouvoir, qu’il fût républicain, totalitaire, simplement autoritaire, a usé des signes de sa présence dans la sphère publique, en multipliant des images, bidimensionnelles ou tridimensionnelles, pour marquer sa puissance. Ceux qui ont « saboté » l’accessoire sexuel gonflable n’avaient certes pas le pouvoir, la puissance et la gloire, comme Ubu. Ceux qui l’ont, ce sont justement ceux qui se parent des attributs du rebelle quand, de fait, ils imposent leur idéologie totalitaire, de façon intolérante, sans partage, et agressivement, depuis plusieurs lustres. Les fascistes, ce sont eux.